Extraits

Je viens délicatement lui chuchoter à l’oreille pour qu’elle se réveille :

— Bébé…

Mes lèvres viennent caresser son cou en laissant plusieurs baisers. Elle ouvre enfin les paupières…

— Evan ? Qu’est-ce que tu fais ? Il est quelle heure ?

— Je n’en peux plus, j’ai envie de toi…

— Par pitié, ne me dis pas que t’es encore bourré ? Ah oui, tu sens l’alcool. T’es encore allé traîner avec ton groupe toute la nuit ?

— Bah il le faut, si je veux être guitariste et gagner de l’argent. Nefarious est en pleine sen… senssion, tu sais ?

— On dit ascension et non « senssion », me corrige-t-elle en roulant des yeux.

Le souffle court, le corps contre le sien, je fais glisser mes doigts entre ses jambes, jusqu’à ce que je sente l’humidité qui se dégage de sa culotte. J’enfouis mon visage dans le creux de son cou pour contenir au maximum mon excitation qui va me rendre dingue.

Je repars m'enfermer dans ma chambre, et j'observe par la fenêtre en baie. Encore et encore des voitures. Il a passé le mot. Il ne va pas me faire croire qu'il est énervé parce que j'ai invité Marvin ? Kurt doit se dire qu'il peut faire une fête et inviter des gens sans que je le dénonce aux parents puisque je suis en tort moi aussi avec Marvin. Donc, je ne dis rien et il ne dit rien. Il est malin le petit con.

-Tu me reluques pendant que je corrige tes réponses, Avril ?

Je pouffe

- De quoi tu parles ?

Comment a-t-il fait pour le savoir ? Il avait les deux yeux sur les feuilles.

-Ne va pas te faire de fausses idées Kurt, j’etais loin de te mater. J’etais dans la lune. Je réfléchissais.

-Et tu réfléchissais à quoi ? À moi ?

-Mais oui, voyons... je réfléchissais à combien je te déteste et que j’ai une folle envie de te jeter en bas de mon lit.

-Je vais faire semblant de te croire. Mais sinon, ne sois pas gênée, je te permets de regarder...

J'ai horreur de ce souvenir. Le souvenir de cette nuit-là... celle qui a changé ma vie. Il y avait cette fumée étouffante partout dans la maison et cette odeur de brûlé ignoble. Chaque respiration était un supplice, car la chaleur me brûlait la gorge et m'empêchait de respirer. Quand j'ai ouvert les paupières, il était trop tard : la maison était en flammes.

N'y a-t-il donc aucune limite à la douleur qu'un coeur peut ressentir?

Tu veux savoir ce que je garde en dedans ? Voilà une première vérité : je déteste Kurt, profondément ! Je le hais de tout mon être ! Je voudrais retrouver Evan…

Kurt reçoit le ballon en pleine gueule et celui-ci retombe au sol sans qu’il ait pu s’en emparer. Je regrette aussitôt d’avoir dit cela. Pas que je le déteste, mais qu’Evan me manque.

Le coup a dû lui faire mal, mais il ne le montre pas. Il replace sa tignasse mouillée sur son crâne et me dévisage.

— Tu veux retrouver Evan ?

— Oui... Evan. Tu sais, le mec avec qui j’ai grandi. Mon âme sœur. Mon meilleur ami. Un type rempli de qualités. Un type romantique. Il avait du pouvoir, mais il s’en servait bien. Il aidait les autres. Il respectait les filles.

Il se souciait d’autrui. Il avait constamment un sourire. Tu dois savoir de qui je parle, puisque tu l’as tué.

— Avril… je suis toujours moi.

Aux yeux de tous, le groupe tout entier est irréprochable, alors qu'ils sont en réalité abominables. Et ils ne se gênent pas pour faire de ma vie un enfer...

Je lui envoie un sourire en coin par-dessus mon épaule et il fronce les sourcils.

— Tu veux te mêler à la fête, vraiment ?

— On pourrait profiter de cette opportunité pour nous venger. Qu’est-ce que tu en penses ?

— Euh… bah… ça dépend c’est quoi cette vengeance et ce qu’elle implique exactement.

— Quelque chose qu’il n’apprécierait pas, mais alors là, pas du tout. Mais il faut que tu m’aides. J’ai besoin d’un complice.

— Quoi, moi ? Hé, oh ! s’énerve-t-il en se levant de mon lit. Tu comptes faire quoi comme connerie ? Tant que ça n’implique pas que je me balade en caleçon en faisant la danse des canards juste pour faire diversion, moi ça me va, hein.