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Les jeter, ces timbres? Ils me fascinaient toujours, tout autant que la première fois. Détruire les timbres de "l'Homme sur la Montagne", comment aurais-je pu? Je finis par les remplacer dans le double fond.
Afficher en entierCependant, je ne réussis pas longtemps à me duper ainsi. Comment Willy aurait-il pu ne pas ressentir pour moi e la pitié aussi? Et la pitié ne renfermait-elle pas, malgré tout, quelque chose de beau? A part Willy, y avait-il un seul autre élève capable même de pitié, sans parler d'amitié?
Afficher en entierUne fois, un élève m'avait murmuré que, quand on était affligé d'une lèvre pareille, on ne riait pas. Un autre, que je riais comme une hyène. En tout cas, le rire provoquait en moi en tel apaisement que je devais avoir l'air assez étrange.
Afficher en entierAutrefois, devant le spectacle du soleil levant, comme je me sentais puissant ! Décidément, j'avais bien changé.
Afficher en entierJe constatais, ou tout au moins je croyais constater que peu à peu les élèves commençaient à oublier. Cela me rendait espoir. Les allusions me semblaient chaque semaine moins fréquentes et je me raccrochais à l'idée qu'un jour on n'en parlerait plus. J'en étais de plus en plus persuadé : simuler était la meilleure attitude.
Afficher en entierMa gêne, pendant tout ce récit, n'avait cessé de croître. Je me doutais bien qu'indirectement, c'était moi qu'il visait. J'en arrivais à me demander si Mr. Sandt, quitte à se calomnier, n'avait pas inventé cette histoire d'un bout à l'autre.
Afficher en entierJe vais te raconter une petite histoire à propos de celle-ci, commença-t-il d'un ton délibéré, en posant sur moi ses yeux bleus et pénétrants. Elle n'est pas en or, mais elle peut passer pour de l'or, à des yeux inexperts. C'est ce que je m'étais dit, quand j'avais à peu près ton âge... J'étais au lycée de Lùbeck, en Allemagne. J'avais un camarade d'école qui, comme moi, s'intéressait un peu à la numismatiques. Un jour je la lui avais montré en lui disant que c'était de l'or. Et comme elle lui plaisait beaucoup, je la luis avais vendue assez cher...
- Et alors?...
- Alors, je suis rentré à la maison, tâtant cet argent dans ma poche, avec toutes sorte de projets sur ce que j'allais en faire. Malgré tout, j'avais des doutes, des doutes sur moi-même. Pendant toute une semaine...
Afficher en entierEnfin, n'en pouvant plus ... Hélas ! on ne pouvais pas supprimer une mauvaise action, comme on ne pouvait pas s'envoler, ni faire disparaître une grosse lèvre.
Afficher en entierDans ma chambre, je me rappelai le grain de moutarde. J'avais un tel besoin d'espérer, en ce moment, que j'étais prêt à me raccrocher à n'importe quoi. Je m'efforçai donc jusqu'au lendemain de penser que tout cela n'était qu'un mauvais rêve.
Afficher en entierCe soit-làe, je proposai de changer d'école - idée à laquelle j'avais déjà fait illusion. Cette fois j'en parlai sérieusement. J'alléguai, argument supplémentaire, que je ne pouvais pas travailler, que mes notes en souffraient. Mon père pourtant s'y opposa formellement :
- Ce n'est pas une solution, c'est une évasion. Si tu commences déjà à fuir les difficultés de la vie au lieu de les affronter, tu ne vaudras pas grand-chose plus tard. Défends-toi donc ! Même si tu perds au début, ne cède pas, ne fuis pas. Tu verras, dans quelques semaines, il n'en sera plus question... Et maintenant, Jeff, ne te fâche pas, mais j'aimerais que tu me jures que tu n'as pas pris ... enfin que tu n'as rien à voir avec ce vol.
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