Extraits

— Je dois sortir, d’accord ? dit-il. Je n’en ai pas pour longtemps.

— Sois prudent.

— C’est promis. Je dois m’occuper de mes femmes.

— Merde, il est en état de choc.

Sans véritable intérêt, Zsadist réalisa que Rhage s’était retourné, et qu’il ne regardait pas le civil. Mais lui.

— Pas du tout, marmonna-t-il, tandis que ses yeux se révulsaient en arrière dans son crâne. Je fais juste une petite pause.

Les yeux bleu-gris si spectaculaires de Rhage s’étrécirent.

— Tu as une fracture ouverte, espèce d’enfoiré. Tu saignes comme un goret.

Zsadist jeta un coup d’oeil à Qhuinn, dans le rétroviseur central.

— Désolé de saligoter ta voiture.

La fille du vampire disponible sur :

http://www.ebooks-numeriques.fr/ebooks/La_Confrerie_de_la_Dague_Noir_6_5_La_Fille_du_Vampire.pdf

De retour à la demeure de la confrérie, Z.s'était posté à l'une des fenêtre de leur chambre d'où il contemplait la terrasse et les jardins. Son poignet le brûlait à l'endroit où le laser était passé, mais la douleur était supportable.

_ Ça ne me surprend pas que ça se soit passé comme ça, dit-il. Enfin, sauf que je ne m'attendais pas à ce que le docteur ma plaise.

Bella vint se mettre derrière lui et passa ses bras autour de sa taille.

_ C'est un type bien, hein?

Tandis qu'ils se tenaient l'un contre l'autre, une question emplit la pièce : qu'allaient-ils faire maintenant? Malheureusement, Z. ne connaissait pas la réponse. Il avait plus ou moins compté sur le fait qu'on lui enlèverait ses tatouages et que, d'une manière ou d'une autre, cela réglerait tous ses problèmes.

Même si ce n'était pas comme s'il n'aurait plus de cicatrices aux visage.

Dans la chambre d'enfant, Nalla laissa échapper un gargouillis, puis un hoquet. Suivit d'un cri.

_ Je viens tout juste de la nourrir et de la changer, dit Bella en s'écartant de lui. Je ne sais pas pourquoi elle pleure...

_ Laisse-moi y aller, dit-il avec de la tension dans la voix. Laisse-moi voir si je peux...

Bella haussa les sourcils mais finit par acquiescer.

_ D'accord. Je reste ici.

_ Je ne la laissera pas tomber par terre. Promis.

_ Je sais bien. Fais juste bien attention à lui tenir la tête.

_ D'accord. C'est compris.

Z. entra dans la chambre d'enfant avec l'impression de s'aventurer dans un champs rempli d'éradiqueurs sans ses armes.

Zsadist aussi avait respiré un grand coup, en même temps que sa shellane… Puis il avait vu les yeux de Bella s’écarquiller en regardant le plafond avec une curieuse fixité. Avant même qu’il puisse lui demander ce qu’elle voyait, elle avait refermé les yeux.

Dans un moment de pure terreur, il s’était demandé si elle les rouvrirait.

Puis elle avait dit :

—       Assure-toi que le bébé survit.

À ce moment, il s’était glacé – complètement glacé – parce qu’il était évident que Bella ne pensait pas s’en sortir. Et que la seule chose dont elle s’inquiétait encore était de la survie du bébé.

—       Je t’en supplie, reste avec moi, avait-il gémi pendant l’incision de son ventre.

Bella ne l’avait pas entendu. Elle était déjà inconsciente, comme un bateau qui quittait son mouillage pour naviguer vers des eaux plus calmes.

— Qu’est-ce que tu pensais faire avec ça, sauterelle ? Tu en veux encore ? Tu es vraiment trop… Oh non non non… Pas question de me faire le coup de la lèvre tremblante. (Nalla se mit à rire.) C’est lamentable. Tu sais que je cède toujours quand tu me fais le coup de La Lèvre. Tu sais que tu peux obtenir n’importe quoi de ton vieux père, pas vrai ?

Nalla poussa un autre roucoulement, et son papa ouvrit à nouveau le livre, tout en recommençant l’histoire tout au début.

La voix vibrante de Zadiste annonça :

— Félicitations. Aujourd’hui, c’est le grand jour…

— Je peux te faire une suggestion très intrusive sur un sujet qui ne me regarde absolument pas?

— Il est difficile de croire que tu puisses être plus intrusive que tu n’as déjà été – au sens littéral, dit Bella en grimaçant.

— Je suis sérieuse.

— Allô? Bella? Ne quitte pas, je vais aller dans mon bureau. (Après un moment martelé par la musique, le bruit fut brutalement assourdi.) Hey, comment vas-tu? Et ton petit miracle?

— J’ai besoin d’un endroit où habiter.

Un grand silence. Puis la voix de son frère demanda :

— Pour deux ou trois personnes?

— Pour deux.

Un autre silence.

— Tu veux que je tue ce sinistre abruti?

Le ton glacé – et même franchement mauvais – lui fit peur. Et lui rappela aussi que son bien-aimé frère n’était pas le genre de mâle qu’il était prudent de contrarier.

— Seigneur. Non.

— Alors dis-moi, soeurette. Que se passe-t-il?

— Ce sont les bonnes réponses, dit-elle. Toutes.

Il dut cligner des yeux plusieurs fois, parce que la fenêtre de la chaudière était brusquement devenue trouble.

— Tu crois ? dit-il d’une voix rauque.

— Non. J’en suis sûre.

— Alors ? Bella a l’air en forme.

Dans la cuisine de la Confrérie, appuyé au comptoir, Zsadist prit un couteau à longue lame, puis coupa le pied d’une laitue romaine qu’il se mit à hacher en tranches régulières de deux centimètres.

— Oui, effectivement.

Il aimait bien Doc Jane. Et avait une sacrée dette envers elle. Mais il lui fallait quand même faire un effort pour lui répondre. Ouais, mais ça serait super moche d’envoyer se faire foutre une femelle qui, non seulement était la shellane de votre Frère, mais en plus avait sauvé l’amour de votre vie après une hémorragie sur la table d’accouchement.

— Depuis deux mois, elle a très bien récupéré, dit Doc Jane qui le regardait, assise à table, son sac médical à la Marcus Welby posé près de sa main spectrale. (NdT : Médecin d’une série télévisée américaine éponyme des années 1970.) Et Nalla est vraiment adorable. C’est incroyable ce qu’un bébé vampire est plus avancé qu’un humain au même âge. Niveau cognitif, on dirait qu’elle a déjà neuf mois.

— Oui, elles vont bien toutes les deux.

Il continua à couper sa salade, d’un geste machinal et répétitif. Sous sa lame, il voyait les feuilles coupées se défaire en longs rubans verts, comme heureuses d’avoir été libérées.

— Et toi ? Comment tu t’en sors dans ton nouveau rôle de père…

— Merde !