Commentaire de inoshizu

L’amoureuse de l’Andalousie et de ses mille secrets que je suis, n’a pas manqué d’être comblée par cette lecture. Comblée, mais pas seulement, car bien que ce roman se soit élevé sans difficulté parmi mes préférés, j’en suis tout de même ressortie dévastée, déchirée… Quelle merveille, quel joyau d'histoire… La documentation est remarquable, et le côté romancé n’a pas manqué d’ajouter la fameuse « cerise sur le gâteau » qui m’a permis de pleinement me plonger dans le récit. J’en suis encore tout émoustillée, je ne sais que dire, tellement j’ai été submergée, et transportée par ces quelque 300 pages. Mais par où commencer ? Par les personnages, peut-être… Ces deux hommes, si jeunes, si passionnés, si inspirants, et finalement si admirables. Ces deux êtres reliés par l’amour du savoir, de la science, sur qui, - tout au long du livre - planent tant de menaces, mais également tant de responsabilités, et d’espoirs. Et que dire de cette amitié prodigieuse, de ces destinées croisées et de cette constante rivalité, malgré la proximité incroyable de leur pensée, de leurs doctrines, et de leur noblesse. J'aime de tout cœur les amours impossibles, mais j’affectionne d’autant plus les amitiés plus fortes que tout, que même la religion ne peut altérer. Tout au long du roman, je n’ai pu que m’incliner devant leur force de caractère, et leur bravoure, mais pas seulement, puisque c’est avec bonheur que j’ai constaté la facilité avec laquelle je m’attachais profondément, même aux autres personnages, tout aussi bien développés.

Maintenant, passons à l’ambiance de ce récit. Là encore, quelle réussite ! Entre théologie, philosophie, histoire, et sciences humaines, intellectuellement j’ai été plus que servie. J’ai énormément aimé redécouvrir l’âge d’or de l’Andalousie, où devrais-je dire les siècles des lumières andalouses. La quête de savoir, que peut-on trouver de plus noble et désintéressé ? Malgré des gouvernements implacables et parfois sanguinaires, la solidarité des différents peuples les uns avec les autres m'a réchauffé le cœur comme ce n’est pas permis. Tous ces gens rassemblés par l’amour de la science, tout cela ancré dans un cadre parfait, à mi-chemin entre le mystique de l’Orient, et le vaste héritage de l’Occident. Je n’ai pas connu cette époque, et pourtant, que de regrets et de soupirs me traversent dès lors que je me remémore la fin tragique de cette ère de paix, et de savoir…

Enfin, j’aimerais évidemment aborder le scénario, si bien maitrisé par l’auteur. Jusqu'à la fin, il m'était impossible de prédire ce qu'il adviendrait. Vraiment, j'allais de surprise en surprise, de jubilations en jubilations, je dirais même qu’à certains passages je frôlais l’extase, je me délectais de ma lecture, comme semblaient se délecter nos deux héros, lorsqu’ils pensaient, et méditaient. Du reste, quelle satisfaction de voir petit à petit, les éléments s’éclaircir, d’obtenir des explications ni hâtives, ni saugrenues, et de finalement voir le tout s’achever, naturellement, dans un souffle. Bon, j’ai parfois (brièvement) eu l'impression que l'auteur n'était pas complètement neutre, qu'il lui arrivait de préférer l'un de ses personnages, et dans une certaine mesure, il m'est aussi arrivé de ne pas apprécier certaines de ses interprétations, car à mon sens, un peu trop osées, et peu probables. Mais là encore, il s'agit des aléas des récits romancés, alors je me suis contentée de dévorer le roman, en ne m'attardant pas toujours sur certaines interprétations de la pensée des deux hommes qui parfois me turlupinaient un peu. Enfin voilà, je pense avoir fait le tour, et je conclurai simplement en exprimant ma reconnaissance d’avoir pu découvrir un livre si inspirant, rassemblant en à peine 300 pages, quelques fragments de la vie de deux illustres hommes, dont l'existence n’aura été que combats, labeur, et bravoure.