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- C'est leur vraie couleur ?

- Quoi donc ?

- Tes yeux.

Il émet un rire léger.

- Ah, ça ! Eh bien, oui. Il faudrait féliciter ma mère. Le problème, c'est qu'elle n'est plus là.

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À mon âge, on cesse de considérer le progrès comme un fugitif qui mérite d'être rattrapé.

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Mais tout ne renaît pas aussi aisément, nous le savons pertinemment. Tout ne s’arrête pas d’un simple coup de baguette magique. Les guerres, la destruction, la misère – le mal est profond : comme si les hommes, en l’espace de quelques années, étaient devenus accros à la confusion et au malheur.

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– Il y a des règles, lâche-t-il, les doigts fermés sur le pommeau de sa canne.

– Des règles ?

– Si quelqu’un vous cherche, qui que ce soit, vous devrez quitter cette maison. Je dirai que nous ne nous connaissons pas.

– C’est vrai.

Un coassement s’échappe de ses lèvres. Un… rire ? Il toussote, marque une longue pause.

– Vous êtes ici chez moi. Si je veux que vous partiez, vous partez.

– Compris.

– Et en attendant, vous obéissez à mes ordres.

– Et si vos ordres ne nous plaisent pas, nous partons aussi.

Il racle un crachat au fond de sa gorge, le ravale.

– Tu as du tempérament…

– Rain.

– Comment ?

– Mon prénom. Rain.

– Je me fiche de ton prénom. Je t’appellerai Fierté. Et lui, fait-il en désignant Anthony, lui, je l’appellerai Silence.

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– Il est dix-huit heures, marmonne-t-il en regardant par la fenêtre. On est censés embarquer deux heures avant. Il faut qu’on parte tout de suite !

– Dix-huit heures ? Combien de temps je suis restée endormie ?

– On n’osait pas te réveiller, répond Anthony.

– On n’y arrivait pas, rectifie Eliott.

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– Je ne sais pas comment vous vous y prenez, dis-je

.– Pour ?

Je pointe la direction de l’auberge.

– Continuer à vous battre ainsi. Garder le sourire. Je veux dire, la fin des temps est arrivée, non ?

– Beaucoup de nos semblables ont cru que le monde périrait avec eux. Pense aux Romains lors des invasions barbares, par exemple. Aux juifs pendant l’Holocauste. Aux Russes déportés par Staline. (Nous voici sur le pont.) Nous sommes tous des histoires, conclut-il. Des malheurs en mouvement. Et pourtant, nous avançons.

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Ne me demandez pas si je crois en Dieu, aujourd’hui. Dieu est parti en ne laissant que son ombre.

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Un Killer II rutilant décoche une première salve. OK, Rain, merci d’être venue : maintenant il faut rentrer. J’ignore si la commande est pleinement validée, mais, hélas ! je n’ai pas le temps de vérifier : ce petit salaud est sur moi.

Je repars en sens inverse. Un carrefour bourré de sentinelles. La chasse, de nouveau. Et impossible de m’éjecter en pleine course.

Sur ma droite… merde ! Deux pitbulls tous crocs dehors. Ils vont me déchiqueter. Je bifurque à gauche, pas le choix. Dans une pirouette, je décoche mon dernier flash. Il ricoche sur l’armure du Killer.

Je fonce droit devant, alors, essayant d’ignorer le protocole d’alarme passé en mode ultrasonore, et qui va bientôt lancer la moitié des programmes d’élite du niveau à mes basques.

Merde.

Un cul-de-sac.

J’aurais voulu garder mon blast pour autre chose, mais pas le choix. Le mur vole en éclats et, à ma grande surprise, je me retrouve propulsée dans le niveau 5, ultra sécurisé.

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