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Extrait ajouté par ceaime2B 2020-08-16T16:00:32+02:00

-Je sais qui est le coupable, Grapeur et moi l'avons laissé pour mort dans la tour de Nesle? J'aurais dû m'assurer qu'il l'était bien. Il paiera. Vous avez ma promesse.

Je veux que chacun à votre tour vous plantiez cette aiguille dans ce chien, encore et encore. Jusqu'à ce que ce soit de ses yeux que coule le sang. Alors seulement le mien et celui de ma famille pourra recommencer à circuler dans nos veines.

Ravale tes larmes et ta culpabilité et va, fils. Va.

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Extrait ajouté par magaliB 2019-05-30T11:50:27+02:00

2.

Paris.

Place de Grève.

Jeanne de Dampierre jetait des regards angoissés de toutes parts. Elle collait à sa mère dans cette foule qui commentait à présent la mort du meunier de Rethel. Ne pouvant aider Flore pour l’instant, toutes deux ne songeaient plus qu’à échapper au cordon de sergents qui les enserrait. Il leur fallait coûte que coûte atteindre cette rue à l’angle du bâtiment de la guilde des Marchands de l’eau. De là, raccrochant à leur intention première qui les avait menées en place de Grève, elles rejoindraient le vieux cimetière templier, se glisseraient dans l’un de ses caveaux et disparaîtraient par le souterrain qu’il dissimulait.

Mais se frayer un chemin parmi cette populace était aussi difficile que d’éviter de se faire prendre. Tendues, elles se faufilèrent entre des étudiants, qui, suant sous l’épaisseur de leur robe, débattaient des effets de l’étranglement sur la survie de l’âme. S’efforcèrent de contourner deux marchandes aux joues rougies et aux rondeurs qui trahissaient l’opulence. Le rire gras, le verbe haut, elles se demandaient si étrangler un peu leurs maris ne leur ferait pas remonter le vit.

La comtesse de Rethel les foudroya d’un œil noir. La mort, injuste, de son meunier pesait sur sa conscience. Elle n’avait pas pu s’y opposer, pas réussi à tuer Robert Gui, pas réussi non plus à empêcher que Flore soit capturée par ce moine, sous ses yeux.

Elle se démena pour gagner la ruelle. Il était hors de question que sa fille soit prise aussi. À cette heure, de lourdes charges pesaient sur elle. Jeanne avait envoûté Charles IV à l’aide d’une plume de colombe, assassiné le garde qui l’avait surprise tandis qu’elle fuyait après l’avoir déposée sur l’oreiller du roi. Désormais, les grands du royaume la croyaient responsable de la malédiction lancée contre les Capétiens, complice de Flore Dupin. L’amour que lui portait le roi, fût-il exacerbé par le sortilège, risquait fort d’être insuffisant pour la sauver.

Un regard alentour lui montra les lanciers, trop près d’elles. Eux aussi gagnaient du terrain sur la foule.

— Presse-toi, lança-t-elle à Jeanne qui la talonnait.

Par-delà les têtes tonsurées, coiffées, casquées ou chapeautées, elles pouvaient apercevoir l’entrée de la rue, à une centaine de coudées. Dominant les toits qui bordaient la place, l’ancienne tour du Temple indiquait la proximité du cimetière.

Elles jouèrent des coudes, avec l’impression de sentir le souffle des sergents dans leur dos, sur leurs flancs. Étrangement pourtant, aucun d’eux ne se trouvait devant. Elles en comprirent brutalement la raison : une troupe de bohémiens s’était installée dans l’angle de la place. Leurs carrioles bariolées étaient disposées de part et d’autre de la voie qu’elles espéraient emprunter.

Prenant tout l’espace, jongleurs, musiciens, acrobates se donnaient en spectacle. Parmi eux, la bouche peinte, le corps moulé dans une cotte rouge, une jeune femme ondulait au rythme des vièles, des tambourins et des cymbales. Profitant de l’attroupement qu’elle suscitait, une vieille femme au visage parcheminé, chevelure immaculée sous son foulard, singe sur l’épaule, saisissait des paumes pour en décrypter les lignes.

— Une idée, mère ? s’enquit Jeanne, craignant que les saltimbanques ne leur interdisent de passer au milieu d’eux, les retardant suffisamment pour permettre aux sergents de les empoigner.

— Mieux que cela, répliqua la comtesse, l’œil soudain pétillant… une intuition. Viens ! ajouta-t-elle en lui attrapant la main.

Jeanne se retrouva emportée par son élan. Tout aussitôt pourtant, elle se crispa. Un nain venait d’ouvrir la cage d’un ours brun. Pataud, l’animal se mit à descendre le marchepied, répondant à l’appel d’un géant débonnaire. D’autant plus inquiète de les trouver tous deux sur leur route, Jeanne lança un regard à sa mère. Elle aussi n’avait d’yeux que pour cette boule de muscles et de poils.

Elle cherche sûrement une solution pour l’éviter.

— Mère ? insista-t-elle, espérant qu’elle la lui donnerait vite.

La comtesse ne répondit pas, continuant de se rapprocher du groupe qui, à présent, leur faisait signe de reculer. Derrière elles, les lanciers hurlaient qu’on les retienne, qu’on les arrête. L’ours fut-il incommodé par leurs cris ? Jeanne le vit soudain s’immobiliser devant son maître, comme frappé, puis se dresser sur ses pattes arrière. Il devint immense, arrachant stupeur et tremblements aux badauds qui s’écartaient devant elles.

Cela fait sûrement partie du spectacle, voulut-elle se rassurer.

La réaction des bohémiens lui prouva le contraire. Le nain lâcha ses massues, le géant tapa dans ses mains tout en levant la voix, tandis que deux des musiciens abandonnaient leurs instruments. Jeanne s’efforça au calme. À sa grande surprise, sa mère s’était révélée une guerrière. Elle devait lui faire confiance. Mais elle voyait ce monstre se rapprocher et ne savait de quelle manière elles pourraient l’éviter. L’ours griffa l’air en direction de son maître qui tentait de le dompter.

— Mère ?

Elle n’obtint pas davantage de réponse.

— Reculez ! Reculez ! s’écria la danseuse, blême, en s’interposant.

— Vous, reculez ! ordonna la comtesse.

Jeanne ne sut si elle devait s’en réjouir ou s’en affoler, mais la bohémienne s’effaça. L’ours repoussait à présent les hommes qui tentaient de le rabattre vers sa cage. Une pique s’envola, une deuxième se disloqua sous un coup de patte. À tout moment il pouvait arracher une tête. Celle de sa mère, la sienne. Comme pour la conforter dans sa frayeur, l’animal vint se poster, vindicatif, devant l’entrée de la ruelle, leur en barrant le passage.

Depuis quelques secondes déjà, c’était la débandade. Un regard en arrière révéla à Jeanne les sergents empêtrés parmi les badauds qui fuyaient, luttant pour garder leur équilibre, leurs lances, leur progression.

À l’instant où elle se demandait si elle ne préférerait pas se mesurer à eux plutôt que d’affronter la bête, sa mère se figea. Vingt pas, à peine, les en séparaient. Jeanne se sentit minuscule. L’ours les dominait d’une bonne demi-toise, lançait des grognements, montrait ses dents.

— N’allez pas plus loin ! intervint un homme à la longue chevelure blanche.

Il semblait tout aussi terrifié qu’elle.

— Laisse-les passer, Tonio.

Jeanne suivit le regard de sa mère, accrocha celui, presque blanc, de l’Aïeule qui avait parlé.

Celle-ci répéta, d’une voix calme :

— Il ne leur fera rien. Laisse-les passer.

Les bohémiens s’écartèrent dans un silence religieux. L’animal ouvrait toujours une gueule énorme de laquelle s’échappaient des borborygmes terrifiants.

— Souviens-toi de l’histoire de Colombe, souviens-toi des images que tu as vues dans la crypte de l’abbaye de Sens, murmura la comtesse.

Jeanne se retrouva projetée deux jours en arrière, alors qu’elle observait les mosaïques qui racontaient le martyre de la sainte. L’une d’elles dépeignait comment un ours s’était brusquement dressé devant des lanciers pour protéger Colombe. Et soudain elle comprit. Sa mère avait appelé un miracle pour les protéger des soldats. Comme Colombe avant elle.

Jeanne lui retourna son sourire. Elles avancèrent en même temps, cherchant le regard de l’animal. Il le baissa sur elles, pencha la tête de côté, se décala d’un pas, puis d’un autre.

— Filons, lança la comtesse, une fois qu’elles furent passées.

Un grondement les fit malgré tout se retourner. L’animal venait de se replacer à l’entrée de la ruelle. Cela ne durerait qu’un moment, celui qu’il faudrait au charme pour cesser.

Lors, elles filèrent en direction du vieux cimetière templier.

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Extrait ajouté par magaliB 2019-05-30T11:47:39+02:00

1.

Paris.

Place de Grève.

La chaleur accablante de ce plein midi écrasait les badauds massés sur la place de Grève pour assister à l’exécution du jeune meunier de Rethel. Gabriel se balançait au bout de sa corde, la nuque brisée, la langue pendante. Et le peuple de Paris ne savait s’il devait s’en réjouir ou s’en attrister. Ce n’était qu’un pauvre hère de plus sacrifié par le roi de France Charles IV pour tenter d’enrayer la malédiction qui pesait sur le royaume depuis huit ans. Depuis que Philippe le Bel avait éradiqué l’ordre du Temple dans l’espoir de s’emparer de son trésor, depuis qu’il avait fait brûler Jacques de Molay, son grand maître, sur l’île aux Juifs. Ce jour-là, une colombe s’était élevée des flammes pour lui délivrer un billet dont le contenu avait fait trembler la cour.

Philippe le Bel était mort peu de temps après. Puis ce furent le pape Clément V et Guillaume Humbert, le grand inquisiteur de France qui avait mené l’interrogatoire des Templiers.

Robert Gui avait succédé à ce dernier, ne se donnant aucune cesse pour contrer le sortilège au fur et à mesure que tombaient les rois maudits, après leur père.

Il avait enfin découvert LA Flore Dupin, à Rethel, quelques jours plus tôt. Mais elle lui avait échappé grâce à Armand d’Arcourt, un ancien Templier devenu rémouleur. Gabriel, le fiancé de Flore, avait été conduit à la potence dans l’espoir qu’elle se montrerait, qu’elle serait capturée.

À cette heure, planté devant l’échafaud, droit dans sa bure de serge qui flottait autour de son corps décharné, le visage impavide, creusé par l’austérité, Robert Gui jubilait. Son regard froid suivait discrètement Flore, qui, perdue au milieu de la foule, s’éloignait sous la menace de son homme de main.

Déjà décomposés par le chagrin, les traits de la jeune femme affichaient une terreur indicible. Elle cherchait une échappatoire qu’elle ne trouvait pas. Tout au spectacle du pendu, nul ne s’inquiétait d’elle.

Un instant, Robert Gui avait craint qu’Armand d’Arcourt n’intervienne, mais il s’était vite rassuré. Si Flore se trouvait seule ici, il était probable que le Templier avait été abattu alors que tous deux cherchaient à fuir les hommes qu’il avait lancés à leurs trousses.

La nasse se referma sur eux. Refusant d’alerter Guillaume de La Broce, le légiste du roi, ou le prévôt qui se tenaient à quelques pas de lui en compagnie du bourreau, il détourna la tête.

Pour se figer à nouveau. Deux femmes fendaient la foule derrière Anselme et Flore.

D’où sortent-elles ? s’agaça-t-il en reconnaissant aussitôt Jeanne de Dampierre, la maîtresse du roi, et sa mère, la comtesse de Rethel. Un moment plus tôt, il les avait vues perchées sur un toit, à quelques rues de là. La comtesse y bandait un arc pour lui décocher une flèche, qui, par chance, n’avait atteint que son cheval.

— Frère Gui ?

Il consentit un regard glacial au prévôt qui venait de l’interpeller.

— Mes hommes reviennent.

— Bredouilles, visiblement, grinça-t-il devant cette troupe essoufflée qui accourait en sueur et en désordre. Par là ! ajouta-t-il en tendant un index vers un groupe de badauds qui, à une vingtaine de coudées, s’emportaient, marris d’avoir été bousculés.

Les sergents filèrent aussitôt dans leur direction.

— Êtes-vous certain qu’il s’agissait d’eux ? intervint Guillaume de La Broce, la mine sombre.

— Je n’oublie jamais un visage. À plus forte raison lorsqu’il se pare de haine pour m’assassiner.

— Rien ne prouve encore que vous étiez leur cible, mon père, tempéra le prévôt.

Sans prendre la peine de répondre, Robert Gui suivit le déploiement des lanciers. Un coup d’œil en amont du groupe lui montra Anselme et Flore qui se rapprochaient de la ruelle ramenant vers le port au vin. De là, suivant la consigne qu’il avait édictée, ils prendraient une barque et disparaîtraient.

Un frisson de satisfaction le traversa. Flore Dupin était hors de portée.

Il marcha en direction de son cheval, entraînant aussitôt derrière lui le prévôt et Guillaume de La Broce. Il pouvait presque respirer l’inquiétude de ce dernier à deviner Jeanne de Dampierre et la comtesse de Rethel coursées sous ces habits d’homme, ce costume d’archer. L’une était recherchée pour sorcellerie, l’autre passait pour morte depuis quelques jours. Seul Gui savait que le légiste préféré du roi les protégeait, au même titre que son demi-frère, Armand d’Arcourt, chargé de veiller sur Flore.

Un sang mauvais lui battit les tempes. Cela faisait des années qu’il espérait ce dénouement. Et voici que tout se déroulait comme il l’espérait, comme si Dieu lui-même l’en bénissait. Son esprit chancela, attiré vers ces heures passées à tenter de comprendre les méandres de cette sombre affaire née en 1307, avec Flore : le baume dont parlait la malédiction, ce baume contenu dans la sainte ampoule, permettait de sacrer les rois de France depuis Clovis. Il était sécrété par le corps d’une martyre chrétienne, Colombe de Sens, en présence de ses gardiens. La dernière à l’avoir fait couler était la comtesse de Rethel. Elle n’avait pas supporté l’éradication de l’Ordre, la fin, injuste, de Jacques de Molay. Estimant que Philippe le Bel n’était plus digne de la bénédiction divine, elle avait vidé la sainte ampoule, puis fait assassiner ses fils par Guillaume de La Broce. Nourrissant sa vengeance d’un but ultime : remettre ce baume sacré au prince Édouard d’Angleterre lorsque, en âge de régner, il pourrait également prétendre, par sa mère, à la succession au trône de France. Un seul roi pour les deux royaumes. Voilà ce qu’espérait la comtesse de Rethel.

Robert Gui fit avancer sa monture, un sourire mauvais aux lèvres. L’étau se resserrait autour d’elle et de sa fille. Bientôt toutes deux tomberaient, comme Flore, dans ses filets. Bientôt Guillaume de La Broce ne serait plus qu’un pion qu’il écraserait.

Il caressa la pointe de la flèche qu’il avait arrachée au poitrail de sa précédente monture et accrochée à sa selle. Il laissa perler un peu de sang à son doigt, nourri d’une excitation malsaine.

Son heure était venue. L’heure où tous allaient trembler.

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Elle se tenait droite, de dos. Comme chaque fois, elle s'attardait à la contemplation d'une enluminure ancienne, encadrée au mur, mais il savait que, depuis longtemps déjà, elle ne la voyait plus. Elle se retournerait, c'était leur rituel, une fois qu'elle entendrait la clef grincer dans la serrure.

Il s'empressa de la faire jouer, s'avança, bouleversé une fois encore par la grâce de ce corps svelte, ces traits altiers aux pommettes hautes, au nez fin, à la bouche finement dessinée. Bardes et trouvères affirmaient qu'Isabelle était la plus belle femme des deux royaumes. Cette réputation n'était pas usurpée. Elle était la fille de Philippe le Bel, la sœur de Charles IV, la reine d'Angleterre. La femme qu'Adémar de La Broce aimait.

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