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Imaginez ma réaction. Je courus droit vers la porte ouverte, le type fut plus rapide. Il la referma brusquement avant d’essayer de m’agripper avec un bras de la taille d’un tronc d’arbre. Je me baissai pour l’esquiver mais cet homme bougeait à la vitesse de l’éclair. Il m’arracha la lampe des mains, pour la lancer contre le mur. Elle se brisa en heurtant une étagère et la pièce se retrouva plongée dans le noir complet.Enfin, presque complet. Je ne voyais plus que deux yeux, qui scintillaient toujours dans l’ombre, comme deux pièces d’argent. Ils suivaient chacun de mes mouvements, sans jamais ciller, tellement brillants qu’ils me donnaient l’impression de me transpercer l’âme.

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C'était comme aux infos : une immense construction de pierre noire qui donnait l'impression d'avoir été façonnée par les flammes. C'était le Fort noir, l'accès à la Fournaise. Dénué de fenêtres, il s’élevait vers les hauteurs et s'intégrait à une aiguille rocheuse qui évoquait un doigt nous faisant signe d'approcher. de la fumée s'échappait d'une cheminée dissimulée derrière la structure, pareille à un nuage empoisonné attendant de nous engloutir. Pour tout dire, cela ressemblait plus à une vision d'horreur qu'à une prison moderne.

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Ces bijoux représentaient surement plus pour elle que n’importe quelle somme d’argent. Mais j’ai ignoré mes doutes comme j’ignorais le reste de mes mauvaises pensées. C’est facile de commettre un crime quand on n’y pense pas.

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Mais quelque chose m’agrippa le poignet, comme un étau sur le point de m’arracher le bras. Je poussai un cri, de surprise autant que de douleur, et fis volte-face pour découvrir un visage horriblement familier. Des yeux d’argent scintillants, un grain de beauté sur le menton et ce sourire impitoyable. C’était impossible : il n’était pas là quelques secondes plus tôt ! Et personne ne pouvait se déplacer aussi vite, aussi silencieusement.— Ta mère ne t’a jamais dit qu’il faut pas lancer de cailloux ? demanda l’homme en costume.Sa voix était si puissante que j’avais l’impression qu’elle pénétrait directement dans mon cerveau. Je fus incapable de répondre, mon corps tout entier était comme engourdi. L’homme serra mon bras encore plus fort et se pencha jusqu’à ce que son visage touche pratiquement le mien. Son haleine sentait le lait caillé.

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- Les esprits ont tendance à s'échauffer dans la cour quand la mangeoire est fermée, expliqua-t-il. Des centaines de prisonniers affamés, assoiffés et qui s'ennuient, c'est comme de la dynamite prête à exploser. Je ne crois pas qu'il se passera grand-chose, pas après l'avertissement du directeur. Personne ne devrait prendre le risque de se retrouver au trou pendant une semaine. Mais mieux vaut rester à l'écart, au cas où.

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Donovan se laissa tomber sur son matelas avec un grognement d’exaspération.— Le directeur les a fait condamner la semaine suivant la mort de White. Il les a remplacées par des tuyaux tellement étroits qu’on ne pourrait même pas y passer la main. Pourquoi tu crois qu’il y a si peu d’air ici ? On étouffe à cause du dernier idiot qui s’est pris à rêver de liberté.Il ajouta autre chose mais ses paroles furent couvertes par l’appel de la sirène. Les lumières s’éteignirent avec un bruit sec et je tâtonnai à travers la minuscule cellule pour rejoindre mon lit. Je me déshabillai et me glissai en sous-vêtements sous le drap rêche en essayant de ne pas penser aux images violentes qui défilaient devant mes yeux ouverts et aveugles. Un garçon qui me ressemblait, mordu et dévoré par des bêtes sauvages sous les yeux de tous les détenus de la Fournaise. C’était presque suffisant pour que je laisse tomber mes envies de fuite et me résigne à une vie entière derrière les barreaux.Presque. Mais ne rien faire restait pour moi la pire mort imaginable : des journées interminables à pourrir dans les entrailles de la terre, en mourant à petit feu. Tandis que le sommeil éloignait de mon esprit l’image de Scott White, je pris la décision de découvrir ce qui se trouvait dans la salle deux, même si cela devait me coûter la vie.

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