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Commentaire de LeChienQuiPense

La Horde du Contrevent


Commentaire ajouté par LeChienQuiPense 2021-05-23T16:18:11+02:00

LA HORDE DU CONTREVENT dans ta face

L histoire est celle d un groupe d hommes et de femmes qui remontent le vent, de la dernière à la première page. C est avant tout l expérience de lecture la plus décoiffante qu il m ait été donné de vivre.

D entrée, le lecteur se prend un vent. Il se sent ignoré, jeté dans la mêlée sans égard pour sa sensibilité. Il est chahuté, suspendu dans le vide, tabassé même, et s il n est pas solidement arrimé, il décroche.

Certains diront « je ne suis pas venu ici pour souffrir, ok » et ils s en iront. Les autres accrocheront leur corde aux rares anneaux qu Alain Damasio a placés dans son monde et ils se laisseront bastonner par la bourrasque littéraire qu est ce bouquin.

En termes de narration, Damasio brise le moule. Non pas comme un gosse gâté qui pique une crise, mais comme un maître mouleur (j allais dire maître des moules mais je me suis ravisée) je disais donc comme un maître mouleur qui connaît exactement le profil de la cassure qu il veut obtenir. Maître mouleur, expert en cassure.

23 narrateurs, parfois pour un paragraphe seulement, la cacophonie d une Horde avec des personnalités ancrées dans leurs mots, leur grammaire. Dans ce brouhaha, le lecteur reconnait progressivement les voix. Il pêche des bribes, ici et là, et compose les personnages, morceau par morceau, parfois au milieu du livre seulement. Une caractérisation au lance-pierre, mais qui vise juste.

Un vocabulaire inventé, jeté au lecteur sans explication, dès le titre du chapitre 1. Mais des mots savamment construits qui parlent pour eux-mêmes, la plupart du temps. Des mots à lire et à dire, comme éolicoptère qu on se surprend à prononcer à voix haute pour sentir la forme qu ils prennent dans la bouche.

Quand Damasio ne construit pas ses mots, il les choisit avec un génie qui me rend envieuse au point que je les lui vole pour les copier dans mon carnet. Mon équivalent du « carnet de contre » de Sov, sous la forme d un « carnet de pour ». Pour l inventivité, pour la justesse, pour les figures de style, pour la poésie de la prose.

« l étroit gouffre de morgue qui nous le rendait trop souvent distant »

« l extraordinaire rigueur de sa désinvolture »

« un homme du pur présent et de l extrême oubli »

Je me rends compte que les mots qui m émeuvent le plus touchent aux personnages. Les passages philosophiques m ont menée plus près du décrochage. C est une question de goût. Pour moi, la philosophie ressemble à un gros gâteau de brique. Si on la concasse en menus morceaux et qu on l enrobe dans une délicate couche de prose, je la goûte volontiers, et parfois avec plus de plaisir que ce que je l aurais cru au départ. Damasio m a fait manger une partie du gâteau, mais par moments, quand il y va avec la pelle à tarte plutôt qu à la cuillère à thé, j ai frôlé l indigestion.

En tant que lectrice, j ai été trimballée, molestée, secouée, choquée, j ai avalé de la brique, et j en redemande. J en redemande, mais pas tout de suite, pas chaque fois. J ai maintenant besoin d autre chose, le temps de lécher mes plaies.

Et quel genre de stigmate laisse cette œuvre dans la chair de l auteure que je suis ?

J ai pris une formidable leçon d humilité. Je n aurai jamais le talent d écriture de Damasio ; il est mon extrême-amont. Mais me comparer ne me servirait qu à basculer dans le gouffre qui nous sépare. Je vais plutôt profiter de ce vent créateur qui souffle dans mon dos pour avancer de quelques grands pas sur mon parcours d écrivain, tracer ma propre voie. On n a pas tous les épaules d un Golgoth, mais on peut quand même revendiquer sa place dans le pack. Ma prose est de celles qui réserve au lecteur un coin au chaud, le temps de cicatriser avant de retourner dehors se prendre un nouveau vent dans la face.

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