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Le colonel continuait de fixe mon ami, comme s'il était envoûté. "Espèce de monstre, de monstre rusé !" Voilà tout ce qu'il pouvait dire.
"Je n'ai pas encore fait les présentations, dit Holmes. Messieurs, je vous présente le colonel Sebastian Moran, ancien officier de l'armée des Indes de Sa majesté, et le meilleur tireur de gros gibier qu'ait jamais connu notre Empire d'Orient. Je crois ne pas me tromper, colonel, en disant que votre record de tigres abattus reste toujours inégalé ?".
Afficher en entierJe tournai la tête pour regarder le rayonnage, derrière moi. Puis, à l'instant où je la tournai de nouveau, Sherlock Holmes était l, debout devant mon bureau et il me souriait. Je me levai d'un bond, le regardai fixement pendant quelques secondes, complètement stupéfait, et puis, pour la première et la dernière fois de ma vie, apparemment, je dus m'évanouir. Ce qui est certain, c'est qu'un brouillard gris tourbillonnait devant mes yeux, et lorsqu'il se dissipa, je trouvai mon col déboutonné et je sentis un petit picotement sur mes lèvres : l'arrière-goût du cognac. Holmes était penché au-dessus de mon fauteuil, un flacon à la main.
"Mon cher Watson, me dit la voix dont je me souvenais fort bien, je vous dois mille excuses. Je ne me doutais pas que cela vous affecterait autant".
Afficher en entierIl avait un visage viril et sinistre. Le front était d’un penseur, la mâchoire d’un jouisseur. Il était doué, au départ de la vie, également pour le bien et pour le mal. Mais on ne pouvait pas regarder ses yeux bleus cruels, ses paupières cyniquement tombantes, son nez agressif, son front sillonné de plis menaçants sans être frappé par l’avertissement que nous donnait la nature sur le côté dangereux de son caractère. Il ne faisait nulle attention à nous ; son regard était fixé sur Holmes ; la haine et l’admiration s’y mêlaient.
Afficher en entierIl retint son souffle. Je le vis avancer la tête ; toute son attitude était contractée, rigide. Mes deux hommes de tout à l’heure étaient peut-être bien encore tapis contre leur porte, je ne les apercevais plus. La rue était paisible et sombre, sauf cet écran jaune lumineux sur lequel se détachait l’ombre noire. Je l’entendis aspirer de l’air sur une note sifflante, ténue, qui traduisait une excitation difficilement contenue. Il me tira en arrière dans l’angle le plus noir de la pièce, et je sentis sa main se poser sur mes lèvres pour m’avertir de ne faire aucun bruit. Ses doigts tremblaient. Jamais je n’avais vu mon ami pareillement ému ; et pourtant la rue était déserte, lugubrement déserte devant nous.
Afficher en entierL’obscurité était complète. Mais il m’apparut tout de suite que nous étions dans une maison vide. Sur le plancher nu, nos pas craquaient et résonnaient. La main que j’avais tendue devant moi pour me guider toucha un mur d’où le papier pendait en lambeaux. Les doigts glacés et maigres de Holmes emprisonnèrent mon poignet pour me faire traverser un long vestibule. Je distinguai confusément un vasistas au-dessus de la porte du devant. Holmes vira carrément sur sa droite et nous entrâmes dans une grande pièce carrée vide dont les angles étaient plongés dans l’ombre et le milieu faiblement éclairé par les lumières de la rue. Il n’y avait pas de lampadaire à proximité, et la poussière sur les vitres formait une couche si opaque que nous pouvions tout juste distinguer nos silhouettes. Mon compagnon posa une main sur mon épaule et approcha sa bouche de mon oreille.
Afficher en entierCe fut tout à fait comme au bon vieux temps : à l’heure dite, je me trouvai assis dans un fiacre à côté de lui, un revolver dans la poche et au cœur un petit frisson des grandes aventures. Holmes était froid, sérieux, taciturne. Les réverbères m’apprirent qu’il avait les sourcils froncés sous l’intensité de la réflexion, et qu’il serrait ses lèvres minces. J’ignorais quelle bête féroce nous allions chasser dans la jungle londonienne du crime, mais, étant donné l’attitude du chasseur, j’étais sûr que cette aventure était d’une gravité exceptionnelle. De temps à autre, un petit sourire sarcastique déformait ses traits austères : mauvais présage pour le gibier !
Afficher en entier« Je ne perdis pas beaucoup de temps à réfléchir, Watson ! A nouveau ce visage sinistre apparut au-dessus de moi et je compris que cette apparition présageait un autre rocher. Alors je décidai de redégringoler jusqu’au sentier. Je ne crois pas que je l’aurais fait de sang-froid. Les difficultés de la montée étaient multipliées par cent. Mais je n’eus pas le loisir de considérer tous les dangers, car une troisième pierre déboula en sifflant pendant que je me retenais par les mains au bord de la plate-forme. A mi-côte, je me laissai glisser : grâce à Dieu, j’atterris sur le sentier. Mais dans quel état ! Déchiré, saignant aux mains, aux genoux, au visage… Je pris mes jambes à mon cou, marchai toute la nuit à travers les montagnes, abattis quinze kilomètres d’une seule traite… Bref, huit jours plus tard, je me retrouvai à Florence : seul, avec la certitude que personne au monde ne savait ce que j’étais devenu.
Afficher en entier– Voici pourquoi. A l’instant même où le professeur disparaissait, je mesurai la chance réellement extraordinaire que m’offrait le destin. Je savais que Moriarty n’était pas seul à avoir juré ma perte. J’en connaissais au moins trois autres ; la mort de leur chef exaspérerait sans aucun doute leur volonté de vengeance. Tous étaient des individus très dangereux. L’un ou l’autre finirait évidemment par m’avoir ! D’autre part, si le monde entier était convaincu que j’étais mort, ces individus prendraient quelques libertés, se découvriraient et, tôt ou tard, je les détruirais. Alors il serait temps pour moi d’annoncer que j’étais demeuré au pays des vivants. Tout cela s’ordonna dans mon esprit avec une telle rapidité que je crois qu’avant même que le professeur Moriarty eût touché le fond des chutes de Reichenbach j’avais déjà formulé ma conclusion.
Afficher en entier– Je suis ravi de m’étirer, Watson ! Figurez-vous que ce n’est pas drôle pour un homme de ma taille de se raccourcir plusieurs heures de suite d’une trentaine de centimètres… Mais ce n’est pas le moment des explications, mon cher ami ! Nous avons, si toutefois je puis compter sur votre coopération, une rude et dangereuse nuit de travail qui nous attend. Peut-être vaudrait-il mieux que je vous raconte tout quand ce travail aura été achevé ?
Afficher en entierJ’eus beau observer le 427 de Park Lane, je n’avançai guère dans la solution de mon problème. La maison était séparée de la rue par un mur et une grille dont la hauteur n’excédait pas un mètre cinquante. Il était donc facile pour n’importe qui de pénétrer dans le jardin. Mais la fenêtre me sembla tout à fait inaccessible en raison de l’absence de gouttières ou de tout objet pouvant faciliter l’escalade d’un homme agile. Plus intrigué que jamais, je repris le chemin de Kensington. J’étais dans mon cabinet depuis cinq minutes quand la bonne m’annonça un visiteur. A ma grande surprise, elle introduisit mon vieux bibliophile de tout à l’heure : son visage aigu, parcheminé, se détachait d’un encadrement blanc comme neige ; il portait toujours sous son bras ses précieux livres, une douzaine au moins.
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