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– Thorn… contre qui vous battez-vous exactement ?

– Je vous ai fait une promesse, murmura-t-il comme s’il se parlait à lui-même. Je ne vous dissimulerai plus rien qui vous concerne directement. Tant que je ne serai pas absolument certain qu’il existe un lien entre ce qui vous menace et ce que moi je sais, cette promesse sera respectée.

Si Ophélie s’était doutée un instant que Thorn appliquerait leur accord à la lettre, elle aurait employé une autre formule.

– Êtes-vous Mlle Ophélie ?

Une infirmière venait de surgir dans le couloir avec un plateau. Elle apportait un téléphone dont le long fil se déroulait derrière elle.

– Euh… oui ?

– Une communication pour vous, mademoiselle.

Ophélie échangea un bref regard avec Thorn, puis saisit le combiné en laiton qui avait déjà été décroché.

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– Et c’est tout ? insista-t-elle. Il n’y a rien d’autre ? C’est à cause de ça que vous voulez que je quitte le Pôle ? C’est à cause de ça que vous vous êtes mis dans tous vos états ?

Thorn haussa les épaules et se tut, les yeux tournés vers le fin fond de ses pensées. Le silence entre eux fut tel qu’ils n’entendirent plus que les exclamations étouffées des infirmières dans la chambre de Berenilde et la lointaine musique de valse à travers les fenêtres.

Ophélie n’y tint plus :

– Êtes-vous fâché contre moi parce que je vous ai repoussé ?

– Non, répondit Thorn sans la regarder. Je suis fâché contre moi parce que j’ai eu la prétention de croire, un instant, que vous ne le feriez pas. Vous avez été très claire, le message est bien passé. Inutile de revenir sur cet épisode également.

Et sur ces mots, il se replongea dans ses réflexions comme dans une eau profonde.

Ophélie ne sut plus quoi dire. Elle eut soudain la certitude, sans en comprendre le fondement, que c’était Thorn, plus encore qu’elle, qui allait au-devant d’une catastrophe. Était-ce lié aux enlèvements ? à la mémoire de sa mère ? au Livre de Farouk ? à tout cela à la fois ? Le fait est qu’Ophélie avait soudain le pressentiment que Thorn allait finir broyé par une mécanique beaucoup trop forte pour lui.

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– Je suis responsable de vous et je suis loin de m’être montré à la hauteur. Vous avez eu raison sur toute la ligne, alors n’en parlons plus.

– Vous m’aviez poussée à bout. Je voudrais surtout comprendre ce qui vous a à ce point contrarié.

– Vous voudriez comprendre ce qui m’a contrarié.

Thorn avait lentement répété ces mots, son accent faisant grincer chaque « r » comme des rouages d’horlogerie. Il s’accorda un moment de réflexion, paraissant rechercher la meilleure manière de formuler sa réponse. À la surprise d’Ophélie, il finit par sortir un jeu de dés d’une poche intérieure de son manteau. C’étaient des dés de belle facture, très différents de ceux que le demi-frère de Thorn avait sculptés quand ils étaient enfants, mais Ophélie ne put s’empêcher de faire le rapprochement.

– Je ne crois ni en la chance ni au destin, déclara-t-il. Je ne me fie qu’à la science des probabilités. J’ai étudié les statistiques mathématiques, les analyses combinatoires, la fonction de masse, les variables aléatoires et elles ne m’ont jamais réservé de surprises. Vous ne semblez pas bien mesurer l’effet déstabilisant que peut produire quelqu’un comme vous sur quelqu’un comme moi.

– Je ne vous suis pas du tout, balbutia Ophélie en toute sincérité.

Thorn fit rouler les dés dans la paume de sa main, puis les rangea dans sa poche.

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Elle s’immobilisa à l’instant précis où elle aperçut Thorn et Ophélie. Surtout Thorn, en fait. Sans même chercher à cacher sa contrariété, elle fit aussitôt demi-tour dans un bruissement de diamants.

– En voilà une qui n’a pas la conscience tranquille, murmura Ophélie. Vous aviez raison, certaines personnes sont vraiment prêtes à profiter de la vulnérabilité de Berenilde.

Thorn positionna l’avant-bras d’Ophélie en angle droit, à croire que rien de notable ne s’était passé.

– Je ne pense pas à une fracture mais, dans le doute, gardez l’articulation pliée ainsi et évitez de lui faire porter le poids du bras.

Ophélie reboutonna malaisément sa manche. Elle préféra ne pas demander à Thorn d’où lui venaient ces aptitudes médicales. De toute façon, il s’était de nouveau voûté sur sa chaise. Même s’il n’en disait rien, Ophélie voyait bien qu’elle l’avait ébranlé en lui révélant ce qui s’était vraiment passé dans l’escalier de la manufacture.

Elle donna une pichenette à son écharpe qui déroula paresseusement ses anneaux, glissa de son épaule et vint lui soutenir le bras à la façon d’une bandoulière. Ophélie dut reconnaître qu’elle avait beaucoup moins mal ainsi. Pourtant, son estomac continuait d’agoniser quelque part au fond de son ventre.

– Thorn, au sujet de ce que je vous ai dit tout à l’heure…

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Quand j’appuie, ça vous fait des élancements ? Des fourmillements ?

– Les deux.

Ophélie garda les yeux résolument fermés. Elle espérait que Thorn en aurait bientôt fini ; son estomac lui propageait à présent des irradiations brûlantes dans tout le ventre.

– Je n’ai pas perdu l’équilibre dans cet escalier. J’ai été bousculée.

Les doigts et la voix de Thorn se tendirent en même temps :

– Par un Invisible ?

– Par quelqu’un que je n’ai pas vu, en tout cas. Et vous non plus, apparemment. Je ne dis pas que c’était intentionnel, mais si ce n’était pas une maladresse de Mme Vladislava, je me pose des questions. L’auteur de la lettre m’avait formellement interdit de revenir à la cour, rappela-t-elle à mi-voix. Je lui ai désobéi.

Ophélie eut une pensée fugace pour le chevalier. Cet enfant l’avait habituée à tant de mauvais tours qu’elle l’aurait cru tout à fait capable de menacer la vie des gens, y compris après avoir été mutilé et banni. Mais ils avaient sûrement affaire à une personne dont les intentions étaient bien plus complexes.

– Les états familiaux se tiennent ce soir après minuit, déclara Thorn. Les Invisibles n’auraient aucun intérêt à me provoquer alors que je défends leur dossier.

– Je sais. Ne changez rien à ce qui est prévu.

Ophélie rouvrit les yeux quand elle sentit Thorn lâcher son bras.

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À force de s’acharner dessus avec les dents, elle arracha une couture de son gant. Et pourquoi, nom de nom, ne parvenait-elle plus à traverser les miroirs ?

– Déboutonnez votre robe.

Ophélie suspendit ses pas et dévisagea Thorn. Les doigts entrecroisés devant lui, il l’observait impassiblement depuis sa chaise. Elle se demanda si elle avait bien entendu.

– La manche suffira, précisa Thorn d’une voix égale. Vous semblez être gênée par votre bras. Laissez-moi jeter un œil.

Ophélie défit les boutons de sa manche, puis la retroussa autant qu’elle le put. L’articulation de son coude avait presque doublé de volume et la peau avait pris une très vilaine coloration. Ophélie était accoutumée aux mauvais coups, mais elle ne s’était pas attendue à ce que ce fût aussi impressionnant.

– J’ai dû heurter la rampe en tombant dans l’escalier. Si le gendarme n’avait pas été là, je me serais rompu le cou.

Thorn palpa son bras tuméfié.

– Pas de luxation, même partielle, marmonna-t-il entre ses dents. Arrivez-vous à tendre le bras ?

– Difficilement.

Ophélie ferma les yeux pour ne plus avoir à regarder les manipulations de Thorn. Peut-être était-ce à cause de la douleur ou de la faim, mais son estomac commençait à se contracter sur lui-même.

– Est-ce que Mme Vladislava nous escorte toujours ?

– Non, répondit Thorn sans aucune hésitation.

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Ophélie tordit les lèvres ; Thorn et sa manie du singulier !

– Elle a une parfaite maîtrise de l’espace, lui rappela-t-elle. Ne pourrait-elle pas arracher elle-même ses employés à vos gendarmes, puis disparaître avec eux en un claquement de doigts ?

– Hildegarde n’est pas moitié aussi puissante que vous pensez. L’appréhender est difficile, mais ça n’a rien d’impossible.

Thorn s’était exprimé avec un flegme détaché. Loin de ressentir le même calme, Ophélie se remit à marcher de long en large. Malgré sa nuit blanche, ou peut-être à cause d’elle, elle ne pouvait empêcher ses pensées de ricocher furieusement les unes contre les autres. Quand bien même Thorn trouverait la Mère Hildegarde, quand bien même elle serait impliquée dans l’affaire des enlèvements, qu’est-ce qui leur garantissait qu’elle les aiderait ? Et que feraient-ils si elle ne pouvait pas les aider et si des gens continuaient de disparaître ? Si l’auteur des lettres employait d’autres méthodes que les sabliers bleus ? Après tout, le baron Melchior aurait été le prochain sur la liste si Archibald n’avait pas été piégé à sa place. Sans même parler d’elle, Ophélie.

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– Pourtant, murmura Ophélie au bout d’un moment, je ne peux m’empêcher de penser que notre place est ici.

Thorn détourna les yeux. Ce fut un simple mouvement oculaire, sans qu’aucun muscle du corps fût sollicité, mais c’était comme s’il se tenait soudain assis à l’autre bout du couloir.

– Je n’avais pas réalisé que vous étiez à ce point attachée à ma tante.

Ophélie faillit lui dire qu’elle avait eu la même pensée à son sujet. Thorn l’avait habituée à traiter Berenilde en adulte capable de se protéger toute seule. Pourtant, il venait de suspendre une instruction et de sauter dans un dirigeable pour elle.

– Vous auriez cependant tort de croire que nous compromettons l’enquête, poursuivit Thorn.

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C’était un spectacle vraiment rare de le voir ainsi, les traits allongés, sans un froncement de sourcils ni une contorsion de bouche ni une raideur de mâchoire. Seul l’acier de ses yeux luisait intensément sous des paupières noires d’insomniaque.

Ophélie se rappela soudain la familiarité avec laquelle la préposée s’était adressée à lui. Thorn était déjà venu au sanatorium par le passé, et il était venu souvent. Quelque part dans les étages de cet établissement, à l’intérieur d’une chambre close, derrière un tatouage en forme de croix, il y avait sa mère. Une femme qui l’avait rejeté comme une expérience ratée et à laquelle il restait lié malgré tout.

Ophélie hésita. Existait-il une ramification quelconque entre la mémoire de la mère de Thorn, le Livre de Farouk et les agissements criminels qui frappaient la Citacielle ? Elle fut tentée de profiter du relâchement de Thorn pour lui poser la question, mais elle finit par estimer que ce n’était pas la meilleure façon de se réconcilier avec lui.

– Vous montez la garde, dit-elle à la place. Vous pensez que Berenilde est en danger ?

– En position de vulnérabilité. Si j’ai pu arriver jusqu’ici, n’importe qui d’autre pourrait en faire de même. La Toile n’est actuellement plus en mesure de lui garantir une protection.

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Ophélie fit les cent pas dans le couloir, nettoya plusieurs fois ses lunettes, grignota ses coutures de gant, entrouvrit les rideaux du balcon pour regarder dehors et les referma dès que le commentateur de Petit-Potin la pointa du doigt depuis l’estrade en criant dans son microphone, provoquant une pétarade de flashs photographiques.

Le carillon du sanatorium sonna dix coups, puis un, puis onze.

Ophélie se demandait comment Thorn faisait pour rester calme.

– Votre tante est rudement silencieuse, lui dit-elle.

L’intendant émergea du puits de ses pensées, puis acquiesça de façon presque imperceptible.

– Elle ne crierait pas sous la torture.

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