Extraits

Les gens changent, les rêves évoluent et la vie continue... C'est l'une des rares vérités universelles qui peut s'avérer à la fois salvatrice et destructrice pour l'être humain : rien n'est permanent.

Même pas la douleur.

— Répète après moi : je suis une bombe atomique !

Nous nous regardons en silence pendant quelques secondes.

— Allez, répète : je suis une bombe atomique. Dis-le ou je ne te ferai pas la chose coquine que tu meurs d’envie que je te fasse avec ma langue... et peut-être que je mettrai les dents, si tu es une bonne fille.

Je lève les yeux au ciel, le cœur à la dérive, et marmonne à voix basse :

— Je suis une bombe « atomique...

Et j’ai l’air complètement ridicule à prononcer de telles inepties, ajouté-je mentalement.

MKT me décoche un sourire étincelant, plus chaud et brillant que le soleil à son zénith, et toutes mes appréhensions s’envolent par la fenêtre.

— Maintenant, je veux que tu dises : j’ai des seins magnifiques et un cul spectaculaire.

Son air canaille arriverait à me faire dire n’importe quoi.

— J’ai des seins magnifiques et un cul spectaculaire...

Ces conneries commencent à me mettre de bonne humeur. Je me sens euphorique, légère et désirable. Pas belle – mais presque.

— Mon cul et mes seins ne seront qu’à MKT jusqu’à ce que je réalise que je suis trop bien pour lui ! relance-t-il sur un ton plus sérieux, moins joueur.

Oh, mon Dieu ! 

— Tu sais que l’on doit aller chercher mon père à la gare dans moins d’une heure ?

Je sens mon visage se vider de ses dernières couleurs.

— Dios mío... Je suis un homme mort !

J’ai les yeux ouverts, MKT... mais je ne te vois toujours pas.

Il n’était pas prêt pour moi.

Je n’étais pas prête pour lui.

Et finalement, est-on jamais prêts pour l’amour ?

Aujourd’hui, c’est à son tour de réaliser qu’un phénix se dissimule dans les cendres froides que lui ont laissé sa mère et son ex-fiancé à la place du cœur.

Entre nous, tous les murs sont tombés, toutes les barrières se sont écroulées, et maintenant, je sais qu’elle m’aime.

Mais je n’ai plus envie de jouer.

Je veux gagner. La gagner, elle. Tout entière.

— Des lèvres comme les tiennes, aussi larges, aussi pulpeuses, c’est du gâchis pour un garçon ! fait-elle mine de s’offusquer, alors que je sais pertinemment qu’elle les adore. J’aimerais tellement avoir une bouche comme la tienne !

Peu m’importe que nous soyons sous l’œil de la caméra, je me penche pour lui voler un long baiser langoureux.

— Et tu l’as, Chaton : la mienne n’est qu’à toi, murmuré-je contre ses lèvres humides.

Elle me repousse, haletante, les pommettes rosies par l’excitation.

— Charmeur...

J’agite les sourcils, amusé.

— C’est à cause du maquillage, ça me donne confiance en moi !

Et je pense que c’est surtout pour ça qu’elle se passionne autant pour cette forme d’art si particulière : elle lui donne confiance en elle, elle gomme toutes les remarques mauvaises et jalouses qu’elle a reçues de sa mère, et surtout, elle souligne à la fois son talent et sa splendeur qu’elle n’arrive pas à voir sans lui.

Voilà pourquoi j’ai du fond de teint sur le visage, de la poudre brillante sur les joues et du fard sur les yeux.

Elle a besoin de moi pour se sentir femme dans son corps, et j’ai besoin d’elle pour me sentir homme dans mon cœur.

Peu m’importe d’être à un gala de bienfaisance où tous les grands pontes de la mode m’observent sous toutes les coutures ; mon côté « Homme de Néandertal » ressent le besoin de casser la gueule à son rival pour conquérir le cœur de sa douce.