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— Les gens qui dirigent le mouvement aujourd'hui — enfin, je ne devrais pas dire diriger... Les gens qui coordonnent si vous voulez, qui impulsent, on a toujours tenu à briser toute hiérarchie, sont, pour trois d'entre eux des intellectuels...
— Quels métiers exercent-ils ? Ce sont des métiers respectables ? Ils sont désencartés ? Quel âge ont-ils en moyenne ?
—Je ne vous répondrai pas. Sachez simplement ceci : ces gens sont des idéalistes, des forcenés de l'idéal. Ils ont complètement perdu le sens de l'humain. Ils vont... Il faut les arrêter. Ils... Ils finiront par tuer. C'est comme, une nouvelle race, si vous voulez, un mélange d'intellectuel et de tueur. Ce sont... Voilà : ce sont des intellectueurs.
Afficher en entierNotre monde physique a été stabilisé, jusqu'au raffinement. Il a été adapté au plus petit dénominateur commun de nos paresses et de nos peurs, si bien adapté... qu'on ne s'adapte plus à rien, que le plus petit changement d'état nous est fatal: un courant d'air nous grippe.
Afficher en entierQuelques coups de pédales plus loin, je me trouvai au pied de l'antirade. Je souris à la vue du panneau qui indiquait « Sentier pédestre de l'antirade. Déconseillé aux vélos dépourvus de système électronique de freinage et de recycleur de boue. Les personnes souffrant de difficultés pulmonaires ou cardiaques, insuffisamment ou peu entraînées, doivent entreprendre l'ascension avec la plus grande prudence et ne pas hésiter à faire de fréquentes haltes afin de ménager leur organisme. Des sanitaires sont disposés à intervalles réguliers dans la pente pour assurer une hygiène optimale des promeneurs. » J'adorais ce panneau. Il était tellement emblématique de notre société. Tout y était : infantilisation des gens, conseils moraux, définitions de conformité et de non-conformités physique, normes implicites de civilité à respecter, prévention, hygiénisme... Un vrai programme de gouvernement... des âmes.
Afficher en entierOn méconnaît de beaucoup la puissance de la télévision. On la croit forte par ses séries, ses magazines et les modèles qu'elle imprime, fait circuler et met en boucle. On sait qu'elle conforme plus qu'elle n'informe. On voit bien qu'elle normalise les modes de vie plus efficacement que ne le fera jamais aucun pouvoir étatique. Qu'elle est par là le plus sûr garant de la cohésion sociale. Tout cela est vrai. Mais on fait semblant d'oublier la matière. Ce qui concrètement se passe : des êtres isolés sont assis, immobiles, les yeux fixés sur des points lumineux en balayage constant, lumière atténuée, maintien de l'excitation auditive à un niveau relativement égal, monotonie qui centre l'attention consciente sur le peu d'influx qui reste. Voilà ce qu'est la télé. Peu importe la qualité des émissions ou toute critique de contenu !
Afficher en entierC'est devenu une loi dans nos sociétés: plus un pouvoir se veut efficace, moins il se manifeste comme pouvoir.
Afficher en entier- De quel droit me répondez-vous ainsi!
- De quel droit ? D'aucun droit, madame. Je ne parle ni n'insulte au nom d'un droit. Je refuse le droit, tous les droits. Les droits, on finit toujours par en faire une machine à produire de l'inégalité. Quand quelqu'un me dit : J'ai le droit de..., je sais qu'il va dans la minute m'interdire quelque chose. Qu'il va me forcer à ... au nom de... Regardez le droit de propriété, ce qu'on a fait en son nom...
Afficher en entierC'est la tristesse de notre monde: devoir se méfier. Savoir que toutes liberté et aliénable à notre insu, toute liberté en sursis. Pas parce qu'un flic t'attendrait à chaque coin de rue pour te jeter en prison. Plutôt parce que tout le monde est devenu un peu flic : les mômes, les pareils, les amis... les amants...
Afficher en entierSouriez, vous êtes gérés.
Afficher en entierDevenir libre est une maladie qui se transmet par le sang et le sperme. une fois contractée, aucun patron, aucun gouvernement, aucune prison ni aucune arme ne vous en guérissent.C'était cela qui me rassurait quand je voyais les enfants courir dans les villages. Ils étaient déjà atteints, ils étaient tous malades, gangrenés de liberté...
Afficher en entierBoule était la seule femme dont il eût jamais toléré la présence chatoyante, écouté les avis et même accepté jusqu'à le tendresse d'un sourire. Très vraisemblablement, passer dix jours avec une femme était pour le cœur hérisson de Slift une première et il était touchant de voir à quel point ses gestes, arides à force d'être efficaces, prenaient de jour en jour une manière d'arrondi.
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