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Changer prouve qu'on est toujours vivant.
Afficher en entierJ'ignore si c'est par vanité que mes pensées se tournent toujours vers ma propre personne, ou bien si l'écriture constitue pour moi un pauvre moyen de m'expliquer mon existence à moi-même.
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"Trop tard pour les excuses, fis-je d'un ton grave. Je vous ai déjà pardonné."
Afficher en entierIl posa sa tasse et resta un instant songeur. « Certainement. Je pense sortir bientôt, Blaireau. Débarrassez la table, changez l’eau des brocs, nettoyez l’âtre et rapportez du bois pour le feu ; ensuite, je vous suggère de continuer à perfectionner vos techniques de combat avec les gardes. Vous m’accompagnerez lors de ma promenade à cheval cet après-midi. Veillez à vous vêtir en conséquence.
— Oui, monseigneur », répondis-je à mi-voix. Je le laissai à son petit déjeuner et me rendis dans ma chambre obscure. Je réfléchis rapidement ; non, je n’y entreposerai rien d’autre que les affaires normales de Tom Blaireau. Je me débarbouillai, mouillai mes cheveux hirsutes pour mieux les aplatir et enfilai ma livrée bleue, puis je rassemblai tous mes vieux vêtements, la trousse de passe-partout et d’autres instruments que m’avait donnés Umbre, et les quelques affaires que j’avais apportées de ma chaumine. Alors que je faisais rapidement le tri parmi mes possessions, je tombai sur une bourse fripée par l’eau de mer dans laquelle un objet faisait une bosse ; je dus pour l’ouvrir trancher le cordon de cuir qui s’était raidi en séchant. Quand j’en fis tomber le contenu dans ma main, je constatai qu’il s’agissait de l’étrange figurine que le prince avait ramassée sur la plage, lors de nos périlleux transferts entre piliers d’Art. Je la remis dans sa pauvre bourse pour la rendre plus tard à Devoir, la posai sur mon paquetage, puis je fermai la porte extérieure de ma chambre, déclenchai le loquet dissimulé dans le mur, et traversai la pièce plongée dans les ténèbres pour appuyer sur certaine pierre. Elle s’enfonça sans bruit, et de timides rais de lumière au-dessus de ma tête révélèrent les fentes qui permettaient au jour d’éclairer les passages camouflés de la citadelle. Je refermai soigneusement la porte secrète derrière moi et entamai l’ascension des escaliers escarpés qui menaient à la tour d’Umbre.
Afficher en entierFenouil s'était déjà installé dans le creux chaud qu'elle avait laissé dans le fauteuil, mais il se redressa pour me toiser d'un air réprobateur. Poisson ?
Pas de poisson. Je regrette.
"Regretter" n'est pas du poisson. A quoi sert "regretter"?
Et il se roula de nouveau en boule, le museau et les yeux cachés dans sa queue.
C'était juste. "Regretter ne sert pas à grand-chose, mais je n'ai rien de mieux à offrir."
Afficher en entierDu beurre pour le chat.
Je n'ai aucune raison de me prêter à tes caprices.
Si. Je suis le chat.
Afficher en entierComme je m’installais en face d’elle, j’étudiai ses traits. Nous avions à peu près le même âge, mais elle portait ses années beaucoup plus gracieusement que moi ; là où le passage du temps m’avait rudement balafré, il l’avait effleurée en ne laissant qu’un entrelacs de rides au coin de ses yeux et de sa bouche. Sa robe verte rehaussait l’or de sa chevelure et allumait des éclats de jade dans son regard. Sa vêture était simple, tout comme le nattage de ses cheveux, et elle n’arborait ni bijoux ni maquillage.
Afficher en entierOui ; il vaut mieux que j’aille me coucher. » Il s’approcha de moi. «Tom, tu ne sais pas combien j’ai de la peine », dit-il, et il me serra maladroitement dans ses bras, effaçant une grande partie de la douleur qu’il m’avait infligée auparavant. Puis il me regarda dans les yeux, l’air grave. «Tu viendras demain soir ? Il faut que je te parle ; c’est très important
Afficher en entierAh ! Eh bien, tant mieux. » Combien de fois dans sa vie avait-il vu des gens remarquer ses yeux vairons, l’un brun, l’autre bleu, et faire le signe de protection contre le mal ? Trouver une fille qui les jugeait séduisants devait lui mettre du baume à l’âme
Afficher en entierLe fou me rejoignit, sans faire le moindre bruit malgré l’obscurité. Il s’assit par terre et nous nous tûmes pendant un moment ; puis il tendit le bras, posa une main sur mon épaule et dit : «J’aimerais connaître un moyen d’apaiser ta douleur. » Il dut sentir lui-même l’inutilité de cette déclaration, car il n’ajouta rien. Peut-être le fantôme d’Œil-de-Nuit me reprocha-t-il le silence maussade que j’observais devant notre ami ; en tout cas, je finis par chercher les mots qui nous relieraient par-delà le noir de la nuit. « C’est comme une blessure, fou. Avec le temps, elle guérira mais tous les souhaits du monde n’accéléreront pas le processus ; même si j’avais la possibilité de chasser la souffrance, grâce à une herbe ou un alcool qui m’insensibiliserait, je refuserais cette solution. Rien n’allégera en rien sa mort ; tout ce que je puis espérer, c’est parvenir à m’habituer à la solitude.
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