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Extrait ajouté par GabrielleViszs 2016-04-23T19:53:15+02:00

Elle resta ainsi figée, debout à côté de son canapé, la main tendue. Elle réalisait qu’elle s’était fait réellement tirer dessus. Elle n’avait rien imaginé. Cet homme armé, ces femmes surgies de nulle part qui ne s’en prenaient qu’à lui, ces ombres étranges. Lui était venu pour elle. Pourquoi ? Elles étaient venues pour lui. Pourquoi ? Qu’est-ce que ça signifiait ? Tout paraissait si surréaliste, si invraisemblable. Cassandre ne savait que faire, comment réagir. Appeler la police ? Les secours ? Aller à l’hôpital ? Mais comment expliquer tout cela ? Elle en était incapable. Elle ne connaissait aucune de ces personnes. Comment étaient-elles rentrées chez elle ? Elle n’avait rien entendu. Peut-être n’avait-elle rien à voir dans cette histoire, qu’il s’agissait d’une lutte qui avait commencé ailleurs et s’était achevée chez elle. Mais pourquoi ici ? Le fruit du hasard ? Une foultitude de questions dansait dans sa tête, refoulant les effets de l’alcool et des médicaments.

Soudain, elle sursauta et se crispa. Elle sentait une présence à ses côtés, sur sa gauche.

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Extrait ajouté par GabrielleViszs 2016-04-23T19:52:58+02:00

Cette enquête l’agaçait au plus haut point. Trop de pistes qui partaient dans tous les sens sans pour cela aboutir véritablement quelque part. Ses hommes éparpillés aux quatre coins du département sans résultat. Rien ne bougeait. Mais tout se compliquait.

Claton n’avait rien de plus à lui fournir pour le moment.

Son téléphone sonna à nouveau. Le commandant le considéra d’un œil mauvais. Il hésitait à décrocher.

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Extrait ajouté par matteo59 2013-07-25T16:04:39+02:00

Dix-neuf juin. 11 h 18.

L’homme vêtu d’un jean bleu et d’un tee-shirt blanc des plus classiques, porteur d’une besace en cuir usé en bandoulière arrêta un autre en blouse blanche aux mains chargées de dossiers. Ils se tenaient dans un vaste jardin carré entouré de bâtiments en briques rouges, très hauts, aux innombrables fenêtres. L’endroit se rapprochait du cloître. Le dernier accéda à la requête du nouveau venu et montra un autre individu, seul, en survêtement complet gris, assis sur un banc à l’unique endroit de la cour inondé par le soleil.

L’inconnu à la sacoche s’en approcha. Il coupa à travers l’herbe fraîchement tondue sans se soucier des allées sinueuses en gravier rouge. Il constata que le colosse installé sur le long siège tenait une fine baguette d’encens dans ses mains jointes. Elle se consumait en une fumée épaisse et grise, laissant derrière elle une odeur âcre et entêtante, douce au premier abord pour devenir ensuite irritante. Le regard de l’homme glissa sur le banc pour remarquer six bâtons déjà brûlés posés à côté, ainsi qu’une boîte en contenant une quarantaine d’autres neufs. Il s’installa sans demander la permission puis se présenta :

— Père Marosse, je suis le père Fantino. Bonjour, excusez-moi de vous déranger, j’ai quelques questions à vous poser.

Norbert ne broncha pas, comme concentré sur cette traînée grisâtre que laissait l’encens dans l’atmosphère.

— J’ai eu connaissance de ce qui vous est arrivé, j’ai vu les photos prises par un de vos laïques concernant la profanation de votre église. Mais je n’ai pas eu accès à vos déclarations à cause du secret de l’instruction. J’ai besoin d’entendre votre version.

— À quel ordre appartenez-vous ?

— L’exorcistat.

Le colosse tourna lentement la tête vers son interlocuteur pour le dévisager. Pour s’attarder sur sa tenue vestimentaire improbable pour un homme de son rang, sur son visage marqué, au regard profond, soucieux, mais à l’intelligence vive et à l’âge apparent incertain. Tantôt il paraissait avoir cinquante ans puis l’instant suivant, soixante-dix. Même son corps contrastait avec l’âge qu’il pouvait avoir. Sa peau ne tombait pas, ne flétrissait à aucun endroit. Son cou était à peine ridé. Ses biceps étaient fermes et bien dessinés. Cet homme était à la fois une énigme et un paradoxe pour le regard. Sans pour cela en être inquiétant.

Marosse s’enquit :

— Je croyais cet ordre dissout depuis des décennies ?

— Officiellement oui. Nous sommes seize prêtres à travers le monde, envoyés par le Vatican, pour enquêter dès qu’un phénomène intervient. Un phénomène lié au Divin comme au Malin. Vous comprenez dès lors les raisons de ma visite.

— Vous pensez que mon église et moi avons été attaqués par des démons ?

— Je ne sais pas justement. Certains détails sur les photos m’ont interpellé. Ce que vous avez vécu est peut-être en relation avec l’affaire sur laquelle j’enquête en ce moment. J’ai besoin d’avoir quelques précisions.

Le bâton d’encens arriva à son terme. Aussitôt, l’homme craqua une allumette et en enflamma un autre qu’il disposa entre ses mains, à hauteur de sa poitrine. Il ajouta :

— Je ne supporte plus cette odeur de viande avariée. Cette senteur ignoble me suit partout. Mes aliments ont cet effluve, mon savon, mon parfum… absolument tout. Même une glace à la vanille a le goût de la chair en décomposition. L’encens chasse cette puanteur… Pour le moment.

La résine aromatique dégageait une forte et pénétrante fragrance lors de sa combustion. Le père Fantino commençait à ressentir une brûlure au niveau des sinus. Une des raisons pour laquelle il n’avait jamais officié à une messe. Il n’endurait pas cette odeur.

— Racontez-moi père Marosse. N’omettez aucun détail, surtout. Ce qui peut paraître insignifiant pour vous peut revêtir une importance capitale pour moi.

— Que cherchez-vous ?… Qui traquez-vous ?

— Chaque chose en son temps. Parlez-moi d’abord de ce que vous avez vécu.

Le colosse soupira et parut se tasser aux yeux de l’exorciste. Finalement, il dit :

— Avez-vous des photos sur vous ?

— Oui.

— Montrez-les-moi.

— Êtes-vous certain d’être assez costaud pour ça ? Je veux dire que…

— Je sais ce que vous voulez dire. Mais moi aussi j’ai besoin de savoir… pour mieux me reconstruire ensuite. J’ai vu ces femmes… Je… Puis plus rien, le noir. Je me suis réveillé à l’hôpital puis le diocèse m’a transféré dans cet établissement de repos.

Norbert repoussait le moment où il devrait raconter son histoire, l’autre prêtre s’en était rendu compte. Il sortit une enveloppe brune de sa sacoche autrefois noire qu’il portait encore en bandoulière et la tendit à son interlocuteur. Ce dernier lui demanda de l’ouvrir et de lui mettre les clichés un à un sous les yeux. Il ne voulait lâcher son encens en aucun cas. Fantino s’exécuta et lui exhiba le premier instantané.

Les mâchoires du père Marosse se crispèrent plusieurs fois. La photo montrait le Christ grandeur nature crucifié placé à l’envers, tête en bas, symbole de l’Antéchrist. D’ailleurs, la tête de Jésus était manquante. Elles l’avaient décapité ! L’exorciste ajouta que la tête n’avait pas été retrouvée.

La suivante avait immortalisé la bible consacrée, celle qui servait aux messes, à l’eucharistie, et qui trônait sur l’autel en permanence. Le livre saint, aux pages mutilées comme si un animal sauvage avait fait ses griffes dessus, disparaissait en partie sous du sang à l’aspect épais et presque brunâtre. Norbert lâcha un « Seigneur » et ferma les yeux un court instant. Le père Fantino crut bon de préciser :

— Le sang sur le livre est particulier. Il s’agit de règles menstruelles.

Puis il passa à la suivante sans chercher à le ménager. Elle présentait la statue de la vierge Marie, debout sur son socle accroché à mi-hauteur à une colonne près de l’autel. Au premier regard, elle n'affichait aucune dégradation, aucun outrage. Alors, l’exorciste indiqua :

— La tête et les deux mains sont recouvertes de cyprine, ce liquide sécrété par le vagin signe de l’excitation sexuelle des…

— Je sais ce que c’est merci, lâcha Marosse d’un ton presque agressif.

— Des femmes se sont masturbées dessus. Elles s’en sont servies comme jouet sexuel.

Le colosse étouffa un gémissement alors que l’autre ecclésiastique dévoilait le cliché suivant. Norbert reconnut aussitôt son ciboire, ce vase sacré où il conservait les hosties consacrées. À part qu’à leur place, des excréments y nageaient !

— Ils sont humains. Ils ou elles ont déféqué dedans.

Fantino allait remplacer la photo par une autre lorsque Marosse l’arrêta dans son geste.

— Il y en a encore beaucoup comme ça ?

— Une quinzaine. Certaines plus atroces encore, d’autres montrant juste des crucifix retournés ci et là ou des signes cabalistiques gravés dans la pierre.

— J’en ai assez vu.

D’un geste précipité et maladroit, il se débarrassa de son bâton d’encens inutile pour en allumer un autre. Dans sa hâte, il cassa trois allumettes avant d’en enflammer une puis consumer une nouvelle fine baguette aromatique. Ses mains tremblaient, son visage avait perdu toute couleur.

Une nuée d’oiseaux passèrent au-dessus d’eux, à basse altitude, dans un bruissement d’ailes. Ils se posèrent à l’unisson sur les tuiles faîtières du toit du bâtiment qui leur faisait face. Le père Fantino identifia immédiatement leur espèce à leur plumage très noir jais, leur œil noir, leur long bec gris et leur crâne pointu : des corbeaux. Un mauvais présage ? Ces volatiles ne volaient jamais en groupe et pourtant là… ils formaient une belle escadrille. Une soixantaine d’éléments tout au plus. Trop nombreux au même endroit pour un simple déplacement d’oiseaux de ce genre. Dans la mythologie nordique, les corbeaux étaient les messagers des Dieux. Ici, ils étaient annonciateurs d’un événement particulier, lié à Dieu ou à Satan. L’exorciste, fort de son expérience, avait remarqué que des manifestations contre nature se produisaient peu avant une occurrence maligne ou divine. Il rangea l’enveloppe contenant les photos dans sa besace et y saisit un crucifix sans sortir sa main. Doucement, les sens aux aguets, il déclara :

— Allez-y mon père, racontez-moi.

Marosse soupira et se lança d’une voix faible :

— C’était le soir, après le dernier office. Je faisais le tour de mon église. J’éteignais les lumières derrière moi, je vérifiais les confessionnaux, je rangeais les missels. Bref, le cérémonial habituel. Mais c’était bizarre, il flottait une drôle d’atmosphère, je ne me sentais pas bien. J’étais… angoissé. Prêt à détaler au premier bruit. Ce qui ne me correspond pas, croyez-moi.

L’exorciste hocha la tête.

— Puis l’eau du bénitier s’est emportée. Je veux dire qu’elle était agitée, comme une mer déchaînée, elle formait des vaguelettes. Chose qui ne s’était jamais produite. Nulle part ailleurs même, de mémoire de curé. Je n’ai pas compris ce qui se passait, je cherchais une explication rationnelle à ce phénomène.

La manifestation contre nature. Le signe annonciateur.

— Dans la foulée, elles ont joué à cache-cache. Je n’ai pas remarqué au départ qu’il s’agissait de femmes. Je ne voyais que des ombres. Une à la fois. Je n’ai pas vu de suite qu’elles étaient plusieurs. La première s’est dévoilée sur l’autel. Elle était assise dessus et mimait une scène de masturbation.

— Décrivez-moi cette femme.

— Rousse. Très maigre. Squelettique même. Entièrement habillée de noir. Avec gants de cuir et lunettes de soleil. Son visage apparaissait très lisse. Comme si un masque de cire était apposé dessus.

— Ses vêtements, avaient-ils quelque chose de particulier ? Avez-vous noté un détail quelconque ?

— Des dessins sur leurs tee-shirts. Tous sanguinaires, barbares, liés au Diable ou à la mort.

Fantino hocha la tête, comme satisfait par la réponse. Son interlocuteur répondait aux questions tel un automate, sans émotion, par des phrases courtes comme pour ne pas trahir un trouble intense. Il s’efforçait de prendre un ton détaché. Il se blindait par rapport aux émotions violentes qui remontaient à la surface en se remémorant ces derniers instants.

Marosse ne regardait jamais l’exorciste. Il gardait les yeux rivés sur le bâton qu’il tenait entre les mains, comme un talisman. Le prêtre vêtu d’un jean l’invita à poursuivre :

— Puis la rousse a disparu, elle a profité de ce que je regardais autour de moi pour vérifier qu’aucun complice ne s’approchait ou n’en profitait pour voler l’Église. J’ai pris sa place pour avoir une meilleure vue d’ensemble puis une autre femme est apparue de derrière une colonne. Une brune. Habillée à l’identique et avec cet étrange visage dénué de traits. Elle s’approchait de moi lorsqu’une troisième s’est manifestée sur ma droite, comme ça, sans que je l’entende arriver. Elle était déjà sur l’estrade. Il s’agissait d’une fille de couleur, une noire. Inutile de préciser qu’elle portait aussi des gants, des lunettes de soleil et le reste de l’accoutrement. Elle a ôté son pantalon en proférant des paroles obscènes… Bon sang, cette odeur qu’elles dégageaient toutes. Elles empestaient la chair putréfiée, la viande avariée. C’était insoutenable.

L’ecclésiastique marqua une pause, tête basse. Le pire restait à venir. L’autre décida de respecter son silence, de ne pas le brusquer au risque de le retrancher au-delà de ses limites et qu’il se taise. Au bout de quelques secondes, Norbert dit :

— Avez-vous déjà vu des manifestations divines ?

— Oui bien sûr.

— Je ne vous parle pas de phénomènes naturels que nous attribuons au miracle parce que nous ne pouvons pas l’expliquer tout simplement parce que nous ne disposons pas du matériel ou de la connaissance adéquate. (Son ton se voulait plus hargneux tout à coup) je ne vous parle pas du paralytique qui se lève tout à coup et marche. Il s’agit d’un fait médical exceptionnel.

— En êtes-vous bien sûr ? Les médecins ne s’expliquent pas sur ces cas. Sur aucun cas de guérison subite d’ailleurs. Soixante-sept exactement ont été reconnus par l’Église, sur des milliers de cas. La main de Dieu est partout, tous les jours mon père.

— Ne me parlez pas de ça s’il vous plait. Je ne suis pas une simple brebis égarée. Dans le même style, un simple exemple, des paroles proférées dans les trois quarts des cas par des prêtres : combien de fois, dans notre entourage, a-t-on entendu qu’une naissance est un cadeau de Dieu ? Une naissance n’a rien à voir avec Dieu. Je dirai plutôt qu’il s’agit d’un cadeau empoisonné. Car en venant au monde, ce nouveau-né commence déjà à mourir.

— C’est une question de point de vue.

— C’est là le symbole de toute notre religion. Il s’agit d’une simple question de point de vue. Tout dépend du côté où l’on se tient. Le christianisme n’est qu’une question d’interprétation de faits. Tout est basé sur l’interprétation de ce qui a été vécu et la manière dont ça a été raconté.

— Vous tenez des propos inquiétants mon père. D’autant plus que vous vous trompez. Les religions sont axées sur des écrits, certes par des gens qui ont vécu des évènements divins, mais tous ces exposés se recoupent. Les évangiles sont basés sur des témoignages tout à fait crédibles et accrédités par d’autres évènements historiques. Rien n’est suggéré, rien n’est laissé aux hypothèses… D'ailleurs, les religions ne sont plus de simples croyances, mais des sciences, des matières étudiées par de grands scientifiques ou chercheurs et personne réfute l’existence de Dieu. Et bien avant ça, d’illustres philosophes ont avancé des arguments sur l’existence de Dieu. Comme Anselme et son argument ontologique. Thomas d’Aquin et Aristote tenaient des propos similaires dans leur argumentation sur la causalité. Plus loin encore, Cicéron et son argument du consensus universel. Je développe ou ça vous suffit ?

— Je m’en fous, coupa Marosse. Gardez ce ramassis de mensonges pour vos séminaires. J’ai eu ma réponse. Vous ne pouvez pas me prouver, vous, l’existence de Dieu. Personne ne possède LA preuve matérielle.

— Que faites-vous de la couronne d’épines ? Du fragment de la croix ? De l’éponge de la Passion ? De la lance ? Ces objets du Christ sont conservés au Trésor de la cathédrale basilique Notre Dame de Paris. Ils sont gardés par les chevaliers du Saint-Sépulcre, mais vous y avez accès. Si vous avez besoin de preuves solides au sens propre du terme, n’hésitez pas. Allez les contempler.

Marosse émit un petit ricanement qui agaça Fantino. Celui-ci poursuivit en arguant sur d’autres points :

— Que faites-vous des extases de Sainte-Thérèse d’Avila, de ses deux ans et demi de visions et de dialogues avec les anges et Dieu ? De Saint-Paul qui a rencontré Jésus ressuscité pendant l’un de ses nombreux voyages ?

— Depuis le début vous me parlez de faits et de théories datant du Moyen-Age ou pire, de l’Antiquité. Ces époques-là sont révolues. Ces années de dévotion intense n’ont plus cours depuis très longtemps. Vous m’apparaissez naïf à un point dangereux. Réveillez-vous l’exorciste ! Nous sommes passés dans l’ère du Malin et personne ne s’en est aperçu !

Le nommé ne désarma pas. Il voulait des faits récents, il allait lui en donner :

— J’ai étudié un cas d’apparition, en 1982, en Pologne. Chez une jeune femme de dix-sept ans qui s’appelait Paula. Elle vivait avec sa sœur et ses parents en pleine campagne hostile, dans un état d’extrême pauvreté. Un père alcoolique qui boit son maigre salaire. Une mère handicapée qui ne peut rien faire pour améliorer le quotidien difficile. Nous sommes alors en février. Il fait très froid. Paula se rend dans la forêt proche de chez elle pour ramasser du bois mort pour se chauffer. Le problème est qu’elle doit s’enfoncer un peu plus chaque jour au cœur des bois pour trouver son bien. Et elle accède ainsi à une petite clairière où l’herbe est restée étonnamment verte et luxuriante, où un ruisseau coule en travers, où un important rocher recouvert de mousse trône au cœur de la trouée. Elle observe un temps le surprenant endroit, ressent même un sentiment de quiétude, quelque chose d’intense et profond, puis au moment de partir, elle perçoit un bruit, comme un claquement dans le vent. Lorsqu’elle lève la tête vers l’imposant rocher, elle aperçoit une dame vêtue de blanc. Elle porte une robe et un voile blanc ainsi qu’une ceinture bleue. Paula se signe, s’agenouille et récite-le « Je vous salue Marie ». À la fin de la prière, la dame disparaît brusquement.

« Elle en parle à ses parents qui ne la croient pas et lui interdisent de retourner dans la clairière. Trois jours plus tard, elle ressent une force intérieure qui la pousse à retourner vers ce rocher. Elle brave l’interdiction et s’y rend pour prier. Encore et encore. Une dizaine de chapelets, là, agenouillée dans l’herbe trempée par le dégel de l’après-midi, ignorant le froid mordant. Et la dame apparaît. Paula avait prévu le phénomène et lui jette de l’eau bénite. La dame sourit et incline la tête. Puis elle s’évapore.

« Dès qu’elle peut, Paula se rend au rocher pour prier. Elle est munie de feuilles et d’un crayon pour dialoguer avec l’apparition. Quatre jours après, la Dame se dévoile à nouveau au sommet du roc. Aussitôt la jeune fille lui présente les pages et l’apparition se met à parler. Elle lui annonce que Paula sera heureuse dans l’autre monde et lui demande de venir ici pendant quinze jours encore.

« Paula obéit et revient le lendemain. Cette fois avec un cierge béni pris à la chapelle du village. L’apparition reste tout le temps de la prière sans prononcer une parole. Le jour suivant, la Dame apprend à la jeune fille une prière personnelle. Une oraison qui envahit Paula d’une immense tristesse. Elle ne la récitera plus.

« Les va-et-vient de la jeune fille n’échappent à personne dans le village et la rumeur se répand rapidement sous les bavardages de la sœur de Paula. Des centaines de personnes l’accompagnent chaque jour, mais personne ne distingue la Dame. La police de la ville voisine l’interroge, mais Paula ne dévoile rien. Pour ma part, je suis sur place dans l’anonymat le plus complet depuis quelques jours déjà.

« Un jour suivant, la Dame réclame pénitence et demande à Paula de prier Dieu pour les pêcheurs. Elle lui enjoint de baiser la terre. Personne d’autre ne voit l’apparition ni ne l’entend. La jeune fille répète à la foule ses moindres paroles puis exécute ses ordres.

« Puis de cent personnes nous passons à trois cents. Ce jour-là, l’apparition dit à Paula de boire l’eau du ruisseau, de manger l’herbe et de se flageller avec des orties.

Le colosse émet un grognement proche de la moquerie puis dit :

— Comment une religion, comment un être divin peut-il ordonner pareil acte à un fidèle ? Quel type de religion inflige ce genre d’humiliation ?

— Vous connaissez la réponse.

— Pour racheter ses propres péchés et ceux des hommes ? N’est-il pas possible de le faire sans souffrances ? Comment un dogme qui prône l’amour de son prochain peut-il indiquer des moyens aussi barbares ?

— Votre vision de notre religion a changé à ce point ? Avez-vous oublié vos années d’études de la Bible ? Avez-vous oublié ce qu’est réellement la mortification et par qui elle est commandée ?

— Vous-même ne savez pas justifier ces actes inutiles. Rien ne rachète les péchés des hommes. Et surtout pas ces imbécillités.

L’exorciste se tut un court instant, tête basse. L’odeur de l’encens l’incommodait de plus en plus et allait finir par le rendre irritable. Son regard se fixa sur les mains jointes de son interlocuteur et remonta doucement jusqu’à son profil de marbre. Il dit d’une voix dénuée de compassion :

— Vous avez perdu totalement la foi, mon père. Vous dénigrez tout ce qui vient de la religion. Je comprends votre attitude après ce que vous avez vécu. Mais laissez-moi vous donner différentes raisons de combattre le péché : il affaiblit l’âme et vous prive de votre vigueur, il assombrit l’âme et la prive de son confort et de sa paix. Il la désaccorde. Il détourne le cœur de son affection envers Dieu. Il nous emplit de stratagèmes pour nous mettre en quête de la convoitise et des plaisirs de la chair.

— En résumé, il nous empêche de faire ce que nous devrions.

— Vous avez raison même si je ressens une pointe de cynisme dans votre propos. La mortification est le moyen d'élagage par lequel, en déracinant la tentation et les affections qui empêchent notre épanouissement spirituel et notre élévation vers le Christ, nous puissions combattre le péché. La mortification est l’opposition vigoureuse de l’âme contre le Moi et la preuve de notre sincérité devant Dieu.

— Bravo. Belle démonstration. Belle rhétorique.

— Laissez-moi finir. Laissez-moi parler de la mortification de la volonté. Car il ne suffit pas simplement de chercher à éviter le péché, de vider notre coupe de la tentation. Il faut la remplir de justice et du Christ pour qu’il n’y ait pas de place pour la transgression et l’injustice. Nous devons entretenir notre relation avec Dieu, car notre amour pour lui représente le bouclier le plus puissant contre la convoitise.

— Votre discours me paraissait si cohérent il y a très longtemps. Aujourd’hui, je le trouve ridicule et il me remplit de pitié à votre égard.

Fantino ignora son interlocuteur et décida d’en rester là. Il reprit son récit sur le même ton :

— Son entourage prévient alors Paula. Tout le monde la croit folle. Elle en a cure et répond qu’elle le fait pour les pêcheurs. Les jours suivants, devant huit cents personnes, elle répète les mêmes prières et les mêmes gestes jusqu’à ce que la Dame disparaisse. Elle boit l’eau du ruisseau, rampe, se met à genoux, mange de l’herbe. Un juge est sur place et menace de l’interner. Mais il n’agit pas. Il est comme nous tous. Il ne voit ni n’entend, mais ressent. Une étrange onde nous traverse, une paix nous envahit. Nous savons à ce moment-là que la Dame est là. Puis lorsqu’elle repart, un vide nous envahit, une grande tristesse. Rien que cela sème le doute parmi les esprits et Paula passe moins pour folle.

« Puis vint un miracle. Un prêtre se mêla à la foule, près de mille cinq cents personnes ce jour-là, accompagné d’une femme à la jambe droite déboîtée et déformée. Alors que Paula est à genoux face au rocher et prie, le curé plonge le membre abîmé dans l’eau du ruisseau. Trente minutes plus tard, la jambe avait retrouvé sa souplesse d’antan. Je l’ai constaté de mes yeux. Et plus tard, le Vatican a reconnu officiellement ce cas comme guérison miraculeuse.

« Les jours suivants, la foule grossit de plus en plus. Nous sommes exactement dix-neuf jours après la première apparition. La Dame parle à Paula et l’envoie dire aux prêtres qu’on vienne ici en procession et qu’on y bâtisse une chapelle. La jeune fille s’exécute, mais, malgré le miracle, l’archevêché craint une supercherie et exige que l’apparition se nomme.

« Huit mille personnes sont présentes le lendemain. Il en vient de toute la Pologne. Tout le monde veut connaître le nom de l’apparition. Mais la Dame demeure silencieuse. Puis Paula ne se rendra plus au rocher malgré l’énorme déception de la foule. Elle ne ressent plus cette irrésistible invitation. L’apparition ne revint plus. Tout s’est arrêté subitement.

L’exorciste se tut. Marosse demeura silencieux également, le regard fixé sur la fumée que diffusait l’encens. Puis Fantino conclut :

— Paula me confiera plus tard, après avoir gagné sa confiance, qu’elle voyait la vierge Marie. Je ne sais pas à qui elle était confrontée, mais il se passait quelque chose dans cette clairière. Réellement. Je le ressentais, tout le monde le ressentait. Cette étrange vibration qui nous traversait puis disparaissait au rythme de l’apparition. Qui nous transportait littéralement. Depuis, Paula est entrée dans les ordres et la clairière est devenue un lieu de pèlerinage.

— J’imagine que vous avez conclu à une apparition divine ?

— Pouvait-il en être autrement ? Non. Le miracle l’atteste.

— Le fait que la Dame ne se soit pas nommée ne vous interpelle pas ? L’apparition pouvait être aussi bien l’œuvre du Malin ? La guérison, de son fait.

— Je ne crois pas. Le Malin est orgueilleux et il serait apparu à toute la foule. De plus, ce sentiment de paix qui nous traversait était bien trop pur.

— Vous avez été peut-être victime de la trop grande ferveur de Paula, elle-même en proie à des hallucinations. Après tout, son quotidien difficile la fait se réfugier dans la religion et sa fièvre se mue en une hystérie et une communion collective. Ça s’est déjà vu.

— J’ai songé à cette hypothèse, mais le miracle de la guérison balaye tout.

Le prêtre en survêtement gris ne rebondit pas sur ces derniers propos et atermoya sur les siens :

— Je vous reparle d’interprétation, car pour moi tout est là, je vous le répète. Vos derniers propos en attestent, quoi que vous en disiez. Et je vais vous donner un exemple pour illustrer mes allégations. Avez-vous entendu parler de la théorie des anges gardiens ?

— Oui, j’ai moi-même enquêté sur un de ces cas il y a de ça trois ans, à Bergame.

— Évidemment. Qu’en avez-vous conclu ?

L’exorciste fit une grimace et observa un court moment de réflexion, le regard rivé sur la pelouse. Son visage sembla se creuser, sa peau flétrir. Il prenait des années au rythme des secondes. Puis il avança :

— C’était difficile. Il s’agissait d’une femme de quarante-deux, très croyante, très pratiquante, frappée par le malheur assez régulièrement. Elle avait déjà perdu son mari et deux de ses enfants. Elle connaissait de graves problèmes financiers et bizarrement, une nuit, une voix féminine s’est mise à lui parler dans son sommeil. Elle entendait distinctement sa voix, discernait clairement son propos, mais ne se réveillait pas pour autant. Cette voix lui rendait visite régulièrement. Au départ pour l’apaiser dans son chagrin et lui remonter le moral, puis pour lui donner des conseils afin qu’elle remonte la pente. Peu à peu, cette femme a trouvé un emploi et a épongé toutes ses dettes. Elle a même rencontré un homme et cette voix n’est plus venue. Alors, à qui, à quoi attribuer ce phénomène ? Son esprit a-t-il créé cette voix au plus profond de sa détresse, comme une sorte d’instinct de survie ? Était-ce réellement un ange gardien en mission, au sens religieux du terme ? Un proche revenu d’entre les morts ? Elle ne connaissait pas cette voix. Elle n’a reconnu personne. J’ai passé plusieurs nuits à son chevet et je n’ai rien remarqué d’anormal. D'ailleurs, la voix ne s’est jamais manifestée lorsque j’étais présent. Mon enquête s’est étalée sur plusieurs mois et à l’arrivée, je n’ai rien conclu, rien expliqué. J’ai juste relaté les faits à mes supérieurs sans prendre position. À eux de trancher avec plus de recul.

— Pourquoi ? Par manque de conviction ?

— Je ne sais pas. Parce que je ne pouvais rien expliquer. Parce que je ne pouvais rien prouver. Tout se passait à l’intérieur de cette femme sans que ce soit nocif pour elle. Je ne constatais rien, ni dans un sens, ni dans l’autre. De toute façon, à mon arrivée, l’ange gardien avait déjà achevé son travail. J’avais été avisé trop tard.

— Moi je pense que vous n’avez pas tranché parce que vous connaissiez l’autre théorie, et que vous y apportez du crédit.

Fantino ne répondit pas et se pinça les lèvres. Marosse enchaîna :

— Des gens possèdent un don : les voyages astraux. Et certains rendent visite aux hommes durant la nuit, aux plus démunis, pour les conseiller et les réconforter dans leur sommeil, pour rendre leur vie meilleure. On les appelle les anges gardiens sans pour cela qu’ils aient un rapport avec le divin.

— Avez-vous déjà parlé avec une personne douée de ce type ?

— Non.

— J’ai eu cette occasion, une fois. Il s’agissait encore une fois d’une femme. Il faut croire qu’elles sont plus réceptives que les hommes à ce genre de phénomène. Elle m’a déclaré cette chose étrange. Une nuit, au départ d’un voyage, alors que ce n’était pas le premier, on lui a pris la main et on lui a expliqué qu’elle avait une mission : celle de parler aux personnes en difficulté. Pour leur remonter le moral et les guider vers la lumière. Et cette femme avait vraiment la sensation qu’on lui tenait la main, elle entendait cette voix qui lui décrivait sa nouvelle tâche, mais elle ne voyait rien. À peine une lumière floue… Était-ce Dieu ? Ces fameux anges gardiens ne sont-ils pas mandatés par Dieu à la base ? Ces anges ne sont que des hommes doués, mais leur mission ne descend-elle pas directement du Divin ? Cette femme m’a précisé qu’elle ne pouvait pas refuser cette proposition parce qu’elle en était incapable. Elle sentait qu’elle n’avait pas le choix.

Après un silence de réflexion, Norbert lâcha :

— Ça illustre justement ce que je voulais vous expliquer. Tout n’est question que d’interprétation. Tout est explicable.

— Et pourquoi pas autre chose ? Par exemple que Dieu n’intervient pas directement. Mais qu’il charge certains hommes sur Terre de rendre la vie plus supportable aux autres, plus heureuse. Comme IL l’a fait avec son fils des milliers d’années plus tôt en nous l’envoyant.

— On reste une fois de plus dans le domaine de l’hypothèse, de la croyance et de l’interprétation.

Fantino s’adossa en soupirant sans sortir sa main droite de l’intérieur de son sac. Les corbeaux n’avaient pas bougé d’un centimètre. D’ailleurs, tout autour d’eux paraissait immobile, figé dans l’attente. Aucune effevercense particulière.

Son interlocuteur ne voulait rien entendre. C’était peine perdue. Finalement, il dit sans ménagement :

— Vous avez raison. Après tout, je ne suis pas là pour vous prouver l’existence de Dieu. Seulement, le simple fait que vous ne soyez pas mort l’autre soir est sa marque. Votre aura de prêtre vous a protégé. Votre foi vous a protégé. Croyez-moi… Poursuivez là où nous en étions.

Le colosse rassembla ses idées, ferma les yeux, et déclara d’une voix moins assurée :

— La noire me provoquait en exhibant son intimité. J’étais complètement paniqué, je ne savais pas comment réagir et régler ce problème. Puis lorsque j’ai jeté un œil aux deux autres, elles entouraient une hyène ! Ou plutôt, elles la caressaient. Un animal immense et puissant avec un regard presque humain. J’ai lu dans ses yeux la même chose que dans ceux des trois femmes : du vice et de la haine. Là, je me suis retourné vers le Christ pour prier. Je ne voyais plus que cela à faire. Et IL m’a rejeté. IL m’a abandonné. IL a tourné sa tête vers moi et m’a ordonné de les baiser. De lui faire honneur. (Il ricana avant de reprendre) ensuite, je ne suis plus sûr de rien. J’ai hurlé, ma raison défaillait. Je crois que j’ai essayé de me sauver et je me suis retrouvé face à la dernière venue. Elle me souriait. Ses dents étaient incroyablement blanches et ses canines très longues et pointues… Puis plus rien. Je me suis réveillé à l’hôpital le lendemain tout surpris d’être encore en vie.

— Grâce à Dieu.

Marosse fit la moue. Il regardait son encens se consumer sans réagir, comme s’il se refusait plus ample réflexion. Fantino observa un temps l’escadrille de corbeaux qui ne bougeait toujours pas d’un pouce et se tenait parfaitement immobile sur les tuiles. Il craignait qu’elle fonde sur eux et les transperce de leurs becs pointus afin qu’ils se taisent à jamais. Il conclut :

— Je vous remercie mon père. Votre témoignage m’a été très précieux.

Norbert tourna la tête vers lui et l’exorciste put lire dans son regard toute la détresse d’un homme perdu, dans ses convictions, ses croyances, d’un homme qui a flirté avec les affres de la folie et qui peine à remonter la pente. Un homme aux fondations de son être lézardées. Il demanda :

— Vous savez ce que j’ai vécu n’est-ce pas ?

Fantino, dont le visage avait recouvré une certaine jeunesse et une certaine vigueur, lui répondit sans réfléchir, sans peser le pour et le contre :

— En effet mon père.

— À qui ai-je été confronté ?

— Vous restez dans les ordres ?

— Non, j’arrête là.

Les épaules de Marosse s’affaissèrent et il courba à nouveau l’échine. Cet homme vivait très mal son échec sur le chemin de la foi.

— Alors, vous n’en saurez pas plus. Il y a des choses que le commun du mortel ne doit jamais connaître. Les sectes sataniques sont déjà bien assez fournies.

— Vous ne pouvez pas me laisser comme ça, j’ai le droit à la vérité. Ne serait-ce que pour recommencer une vie d’homme.

Le frou-frou particulier d’une bure les interrompit. Un moine se posta devant leur banc et dit :

— C’est l’heure de la prière Père Marosse. Veuillez me suivre, je vous prie.

Fantino jeta un œil à sa montre pour constater qu’il était midi pile. Il se leva et s’obligea à lâcher son crucifix dans sa besace pour tendre la main à son interlocuteur. Ce dernier la saisit et l’exorciste colla leurs deux joues l’une contre l’autre comme s’ils s’embrassaient. Il lui chuchota :

— Vous avez rencontré le Mal. Alors, il existe forcément un contre-pouvoir à sa mesure.

Et il planta son regard dans celui de Norbert. Les yeux de ce dernier se remplirent de larmes.

Fantino jeta un œil au moine qui patientait puis dit tout haut au colosse toujours assis sur le banc dans son nuage d’encens :

— Bon courage mon père.

Et il les quitta.

Marosse ne savait pas s’il lui avait dit ces dernières paroles pour l’instant de prière à venir ou pour les moments difficiles qu’il devrait encore surmonter. Il se demandait s’il avait vraiment vécu cet instant, si cet homme était réellement prêtre exorciste. Vu sa tenue… Même son nom ne collait pas au personnage. Tout lui paraissait… surréaliste.

L’homme en jean et tee-shirt observa les corbeaux depuis un des halls du bâtiment. Les oiseaux s’envolèrent lorsque le prêtre en survêtement gris daigna se lever. Ça confirmait ce qu’il pensait. Le père Norbert Marosse était condamné.

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