Extraits

« Je crois n’avoir jamais été aussi terrifié à l’idée de revoir quelqu’un de toute ma vie. Il devait me détester. Et il avait toutes les raisons de le faire. »

Je me mis à saliver. Ses cuisses étaient puissantes et musclées. Il avait un grand tatouage sur la hanche droite, qui représentait son cheval, Gulliver. Je me pris à sourire en caressant le dessin.

- Il me plaît, celui-là, commentai-je, amusé. Tu es tellement gaga de ce cheval.

Une étrange expression passa sur son visage, et je haussai un sourcil.

Il se racla la gorge et se tourna afin de me montrer son dos.

- Il n’est pas le seul dont je suis gaga, répondit-il tout bas.

Je caressai sa peau, remarquant les initiales de ses frères tracées par ordre d’âge sur son flanc dans une écriture arrondie, des tatouages en lien avec les sous-marins sur un mollet, et des coordonnées GPS en haut du dos, sans doute celles du ranch.

Puis je le vis.

Si quelqu’un lui avait tiré une flèche en plein cœur, elle serait ressortie en plein milieu du dernier tatouage qui retint finalement mon attention. Deux jeunes garçons assis côte à côte sur un ponton, en train de pêcher. Ce n’était pas n’importe quel ponton. C’était celui miteux où nous nous rendions toujours. Et il ne s’agissait pas de n’importe quels petits garçons. C’était nous. Nous, à huit ans, l’été où nous nous étions connus.

Je traçai du doigt chaque détail.

- Le jour le plus heureux de ma vie, soufflai-je avant de goûter sa peau.

— Pourquoi es-tu aussi compréhensif ? Tu me pardonnes tout.

On dirait presque que je l’agaçais.

— Parce que j’ai passé dix ans à t’en vouloir ! J’en ai marre, maintenant. Je t’aime tellement que je n’ai qu’une envie, c’est t’enlacer, bon sang. Te caresser, t’embrasser, te sucer et te baiser ici, sur l’herbe s’il le faut. Alors, viens là, bordel.

 J’allais craquer. J’avais tellement besoin qu’il comprenne. Je baissai à nouveau la tête et me roulai en boule contre lui. Je ne voulais pas qu’il me voie pleurer.

— Je t’aime.

Il ne dit rien de plus. Pourtant, ce fut suffisant pour ouvrir les vannes.

— Oh, Seigneur, sanglotai-je contre son cou. Otto, je suis désolé. Je suis tellement désolé. 

— Qu’as-tu dit à Walker à la fin ? demanda Papi en gloussant. Il avait la tête d’un type auquel tu aurais révélé que tu portais un jockstrap à paillettes. C’était un bâton dans sa poche ou bien il était heureux de…

Doc lui donna un coup de coude, hilare.

— Arrête, c’est dégueu. 

Même si j’avais passé dix ans à le haïr de m’avoir quitté, je le voulais si désespérément que ça me coupait le souffle. Je ne savais pas ce que je deviendrais si je me confiais à lui et qu’il me rejetait à nouveau.

« – Parce que je t’aime, bordel ! Je t’ai toujours aimé. Le seul que j’ai toujours voulu, c’est Ottawa Hubert Wilde. »

« Même si j’avais passé dix ans à le haïr de m’avoir quitté, je le voulais si désespérément que ça me coupait le souffle. Je ne savais pas ce que je deviendrais si je me confiais à lui et qu’il me rejetait à nouveau. »

Chapitre 3 :

Walker

«… je levai la tête, m’attendant à découvrir l’air béat du seul homme que j’avais aimé.

Il avait cependant blêmi et fronçait les sourcils, perdu et sous le choc. Je suivis son regard.

Là brillait mon alliance en or dans toute sa gloire.

Je cillai en me rendant compte qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il se passait.

— Attends, lançai-je. Attends, Otto. Laisse-moi t’expliquer.

— Tu es marié ou pas ?

Ses yeux me suppliaient de nier.

— Oui ou non.

Je ne pouvais pas.

— Oui. Mais…

— Êtes-vous séparés ?

— Non, mais Otto, écoute. Si tu veux bien…

Il s’écarta si vivement de moi qu’il faillit tomber à la renverse. Il remit son jean, chercha sa chemise à tâtons, puis il prit son visage entre ses mains et lâcha un sanglot si déchirant que je crus me briser une bonne fois pour toutes. Ce bruit, je ne l’avais entendu que quand j’annonçais la mort de quelqu’un.

— Reviens me voir quand tu ne seras plus marié, Seth, dit-il d’une voix éteinte. D’ici là, reste loin de moi.

Je me rendis compte bien après son départ que je pleurais, moi aussi. À genoux à moitié nu dans l’écurie, je regrettai le jour où j’avais rencontré Jolie Prichard.

Ma femme. … »

Chapitre 2 :

Otto

«… Je ne savais pas ce que je deviendrais si je me confiais à lui et qu’il me rejetait à nouveau.

— Je… Je…, balbutiai-je. Je…

Il secoua la tête.

— Oh, non. Hors de question. On ne va pas commencer avec ça. Viens là, bordel.

En deux enjambées, je l’avais rejoint et je m’accrochais à lui comme si ma vie en dépendait. Je perçus les tremblements agitant son corps et le mien. Nos sangs chantaient à l’unisson d’être enfin réunis.

— Bon sang, Walker, soufflai-je contre ses cheveux. Que c’est bon de te revoir.

— Tu m’as tellement manqué. Je ne sais pas si je dois te tirer dessus ou te baiser, grogna-t-il.

Mon sexe durcit instantanément alors que ce grondement résonnait jusque dans mes testicules.

— J’ai mon mot à dire ?

Walker se jeta sur moi avant même que j’aie fini ma phrase. Après ça, ce fut une frénésie de lèvres, langues, dents et mains.

Partout … »