Commentaire de Mind-Over-Matter

Livre reçu grâce à l'opération "Lire avant tout le monde".

Au premier abord, j'ai trouvé l'idée de départ assez originale et la référence à Dorian Gray a éveillé ma curiosité. Mais après avoir terminé ce livre, je ne peux m'empêcher de penser que le scénario n'a pas été exploité de la meilleure des façons. Malgré mes critiques négatives (ou disons plutôt constructives puisque je pointe du doigt les éléments à améliorer ou à approfondir), je tiens à préciser que ce roman n'est pas mauvais (d'ailleurs je l'ai classé en bronze). C'est juste qu'il avait beaucoup de potentiel à mes yeux et malheureusement, l'intrigue s'est révélée très en-dessous de mes attentes. À sa décharge, je pense ne pas faire partie du public visé, qui doit être adolescent.

Je vais révéler beaucoup de choses sur l'intrigue dans ce commentaire, aussi si vous ne voulez pas vous faire spoiler, je vous recommande de ne pas lire la suite.

Déjà commençons par le genre de ce livre : la dystopie. Première remarque : on peut écrire une dystopie sans donner des prénoms complètement abracadabrants aux personnages (Lubin, Emrys, Stepan... Je n'arrivais même pas à les lire correctement parfois...). Ensuite, ce que je trouve fascinant avec les dystopies d'habitude (que ce soit des livres, des films ou des séries), c'est qu'elles ont beau décrire des sociétés où tout part à vau-l'eau, où il y a des guerres, des inégalités..., j'ai toujours envie d'aller y faire un tour ! Hors, ici, à aucun moment je ne me suis dit : "Ok ce monde craint un max mais ça doit quand même être cool d'en faire partie !". L'enchaînement rapide des évènements et la brièveté du roman (254 pages) ne m'ont pas permis de me projeter dans cet univers, trop peu développé.

Deuxième point à aborder : les personnages. Morane, l'héroïne de ce roman, n'est vraiment pas intéressante. Elle est assez stupide voire naïve (elle est en fuite avec son père et laisse entrer la première ado paumée qui frappe à sa porte. Et ?? Oh surprise, cette ado est en fait une espionne !!). Son "impulsivité" ne fait frémir personne (donner une gifle à un mur ??) et elle change d'humeur tellement vite que c'est à peine croyable (elle fait clairement comprendre à sa mère qu'elle ne lui pardonnera jamais d'être partie, la déteste et lui montre son dégoût et puis... Hop ! Elle lui fait un câlin et l'appelle Maman...). Autre point négatif : le semblant de romance... Comme je l'ai dit plus haut, Morane accueille une ado paumée chez elle : Emrys. Par la suite, elles sont amenées à fuir ensemble et bien sûr, Morane ne sait pas pourquoi mais, dès qu'elle a vu cette fille, elle s'est sentie toute chose... Par pitié, arrêtons de faire tomber les personnages amoureux/amoureuses au premier regard (à moins que ce ne soit mon âme qui soit trop rationnelle, mais franchement ça retire beaucoup de crédibilité à l'histoire). Les personnages secondaires ne sont là que pour faire avancer l'intrigue à vitesse grand V mais ils manquent cruellement de profondeur et d'intérêt.

Troisième point : l'intrigue. Cette dernière est cousue de fils blancs, les révélations n'en sont pas car on les voit venir à des kilomètres et les coïncidences sont trop énormes pour être croyables (Lomen, homme perdu au milieu du désert chez qui Morane et Emrys trouvent refuge, aimait la mère de Morane et reconnaît l'homme mystère de la photo chez Lubin... Clairement sans lui on en serait encore au point mort, donc merci !). Certains passages manquent cruellement de véracité : je n'ai jamais vu des personnes kidnappées fuir aussi facilement leurs ravisseurs et ce, à 2 reprises (chez les fêtards et au laboratoire).

Je vais terminer avec le point central du roman : le fameux contrat Dorian Gray. Ce qui aurait dû, à mon sens, être le coeur même de ce roman se révèle n'être qu'un élément de second plan. Et quelle déception ! Car ce contrat et toutes les règles qui en découlent soulèvent tellement de questions éthiques et morales. Pour être honnête, je pensais que l'on allait suivre un homme ou une femme à l'aube de ses 20 ans qui doit décider si oui ou non il/elle accepte le contrat. A partir de là, on aurait fait face à son questionnement psychologique, aux différents dilemmes moraux auxquels il/elle se retrouve confronté(e).... Je m'attendais à une histoire beaucoup plus profonde, tournant vraiment autour de ce contrat. Mais dès le début de la lecture, quand j'ai vu que les règles du contrat étaient expliquées au début des chapitres de la première partie au lieu de nous les faire découvrir au fur et à mesure de l'intrigue, j'ai vite compris qu'il ne serait qu'à l'arrière-plan dans ce roman au lieu d'en être l'élément essentiel (ce qui aurait été beaucoup plus intéressant à lire que les "fausses péripéties" de Morane et compagnie).