Extraits

— Le symbole de la justice divine, hein ? Ce soir, l’ange de la ville danse avec le démon.

Il se trompe. Moi aussi, je suis un démon. Simplement, je le cache mieux.

— Tu te prends pour un roi, je susurre en penchant la tête sur le côté. Mais n’oublie pas que les royaumes construits sur les cendres finissent eux-mêmes par brûler.

J’ai envie de rire. Oh oui, il veut m’interroger. Il sait que je fouine. Mais je peux l’avoir à son propre piège. Je peux être une meilleure joueuse que lui. Et surtout, une meilleure menteuse.

— Bingo, tesoro mio.

— Je ne suis pas un trésor, Reyes. Et encore moins le tien. Je suis une putain d'épée qui va te transpercer le cœur.

Et si j'avais encore des doutes sur le fait que Reyes baignait dans l'illégalité, voilà qu'ils se lèvent tous à cet instant. Et il se moque que je sois au courant. Il semble se moquer de tout. Il est atteignable. Comme si lui-même s'était perdu de nombreuses années et n'avait pas pour but de se retrouver.

Alors, à cet instant, je m'autorise à ressentir. Et surtout, je m'autorise à me souvenir.

Mais le vice qui traverse ma propre personne sait reconnaître celui qui s'échappe de ses pores. Je ne peux pas tomber dans le piège de son regard faussement honnête.

Les menteurs reconnaissent les autres menteurs.

Et Reyes est un menteur qui joue parfaitement.

« Elle pourrait faire ce qu’elle veut de moi.Si je devais brûler le monde pour garder son regard gris sur moi ? Je le ferais sans regret. J’y mettrais feu pour la garder près de moi »

— Au milieu de ce chaos, chuchote-t-il sans me lâcher, c'était toi, Morgane. C'était nous. La guerrière que tu es devenue. Et je veux supplier la vie de te garder, parce que je t'aime.

— Pourquoi est-ce que je ne te hais plus ? haleté-je à nouveau.

— Parce que ton âme a cherché la mienne dans l’obscurité, me répond-il. Parce qu’elles se sont trouvées et cherchent désormais à rejoindre la lumière, ensemble.

— Si faible que ça ? je souffle avec un sourire. Tu as envie de m’embrasser, pas vrai ?

Je m’attends à ce qu’il nie. Il lèche sa lèvre et penche sa tête sur le côté :

— J’ai envie de te dévorer.

Son honnêteté me foudroie. Ses mains soutiennent l’arrière de mes cuisses et il fait onduler doucement ses hanches contre les miennes.

— Je veux te dévorer. Puis te détruire.

Avez-vous déjà joué avec un monstre ?

Je l’ai déjà fait. Et puis, j’en suis un, moi aussi. Après tout, on est tous le monstre de quelqu’un. J’ai à l’intérieur de moi un petit monstre qui ne cherche qu’à se nourrir d’un mets interdit.