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Les poètes qui ont chanté la noble et enrichissante douleur de l'ont jamais connue, âmes tièdes et petits coeurs, ne l'ont jamais connue, malgré qu'ils aillent à la ligne et qu'ils créent génialement des blancs saupoudrés de mots (...) Ils ont des sentiments courts et c'est pour ça qu'ils vont à la ligne. (...)Je la connais, la douleur, et je sais qu'elle n'est ni noble ni enrichissante mais qu'elle te ratatine et te réduit comme une tête bouillie et rapetissée de guerrier péruvien, et je sais que les poètes qui souffrent tout en cherchant des rimes et qui chantent l'honneur de souffrir, distingués nabots sur leurs échasses, n'ont jamais connu la douleur qui fait de toi un homme qui fut
Afficher en entierEdentés ou non, forts ou faibles, jeunes ou vieux, nos mères nous aiment. Et plus nous sommes faibles et plus elles nous aiment. Amour de nos mères, à nul autre pareil
Afficher en entierOui, une simple ma mère.Mais tout ce que j'ai de bon, c'est à elle que je le dois. Et ne pouvant rien faire d'autre pour toi, Maman, je baise ma main qui vient de toi.
Afficher en entierAssis à cette table verte, nous observions les autres consommateurs, nous tâchions d'entendre ce qu'ils disaient, non par vulgaire curiosité mais par soif de compagnie humaine, pour être un peu, de loin, leurs amis. Nous aurions tant voulu en être. Nous nous rattrapions comme nous pouvions en écoutant. C'est laid? Je ne trouve pas. Ce qui est laid, c'est que sur cette terre il ne suffise pas d'être tendre et naïf pour être accueilli à bras ouverts.
Afficher en entierLouange à vous, mères de tous les pays, louange à vous en votre sœur ma mère, en la majesté de ma mère morte. Mères de toute la terre. Nos Dames les mères, je vous salue, vieilles chéries, vous qui nous avez appris à faire les nœuds des lacets de nos souliers, qui nous avez appris à nous moucher, ou, qui nous avez montré qu’il faut souffler dans le mouchoir et y faire feufeu, comme vous disiez, vous mères de tous les pays, vous qui patiemment enfourniez, cuillère après cuillère, la semoule que nous, bébés, faisions tant de chichis pour accepter, vous qui, pour nous encourager à avaler les pruneaux cuits, nous expliquiez que les pruneaux sont de petits nègres qui veulent rentrer dans leur maison et alors le petit crétin, ravi et soudain poète, ouvrait la porte de la maison, vous qui étiez sans cesse à arranger nos mèches bouclées et nos cravates pour que nous fussions jolis avant l’arrivée des visites ou avant notre départ pour l’école, vous qui sans cesse harnachiez et pomponniez vos vilains nigauds petits poneys de fils dont vous étiez les bouleversantes propriétaires, vous qui nettoyiez tout de nous et nos sales genoux terreux et écorchés et nos sales petits nez de marmots morveux, vous qui n’aviez aucun dégoût de nous, vous, toujours si faibles avec nous, indulgentes qui plus tard vous laissiez si facilement embobiner et refaire par vos fils adolescents et leur donniez toutes vos économies, je vous salue, majestés de nos mères. Je vous salue, mères pleines de grâce, saintes sentinelles, courage et bonté, chaleur et regard d’amour, vous aux yeux qui devinent, vous qui savez tout de suite si les méchants nous ont fait de la peine, vous, seuls humains en qui nous puissions avoir confiance et qui jamais, jamais ne nous trahirez, je vous salue, mères qui pensez à nous sans cesse et jusque dans vos sommeils, mères qui pardonnez toujours et caressez nos fronts de vos mains flétries, mères qui nous attendez, mères qui êtes toujours à la fenêtre pour nous regarder partir, mères qui nous trouvez incomparables et uniques, mères qui ne vous lassez jamais de nous servir et de nous couvrir et de nous border au lit même si nous avons quarante ans, qui ne nous aimez pas moins si nous sommes laids, ratés, avilis, faibles ou lâches, mères qui parfois me faites croire en Dieu.
Afficher en entierJe ne veux pas qu'elle soit morte. Je veux un espoir, je demande un espoir.
... C'est vert Toi que j'appelle. Dieu de ma mère, mon Dieu que j'aime malgré mes blasphèmes de désespoir. Je T'appelle au secours. Aie pitié de ce mendiant abandonné au coin du monde. Je n'ai plus de mère, je n'ai plus de Maman, je suis tout seul et sans rien et j'appelle vers Toi qu'elle a tant prié. Donne-moi la foi en Toi, donne-moi la croyance en une vie éternelle. Cette croyance, je l'achèterais au prix d'un milliard d'années en enfer. Car après ce milliard d'années en enfer où l'on Te nie, je pourrai revoir ma mère qui m'accueillera, sa petite main timidement à la commissure de sa lèvre
Afficher en entierElle est venue, elle n’y a rien compris, elle est partie. Après avoir été elle-même irremplaçablement, elle a disparu, pourquoi, mais pourquoi ? Pauvres humains que nous sommes, qui allons du toujours qui nous a déposés dans notre berceau au toujours qui viendra après notre tombe. Et entre ces deux toujours, quelle est cette farce que nous jouons, cette courte farce d’ambitions, d’espoirs, d’amours, de joies destinées à disparaître pour toujours, cette farce que Tu nous fais jouer. Dis. Toi, là-haut, pourquoi ce traquenard ? Pourquoi a-t-elle ri, pourquoi lui as-Tu donné le désir de rire et de vivre si Tu l’avais, dès son berceau, condamnée à mort, ô juge à la monotone sentence, juge sans imagination et qui ne connais qu’une seule sentence, toujours capitale, pourquoi et quelle est cette tromperie ? Elle aimait respirer l’air de la mer en ces dimanches de mon enfance. … Elle aimait respirer, elle aimait la vie. Je crie à l’abus de confiance, à la sinistre plaisanterie. Ô Dieu, du droit de mon agonie qui est proche je Te dis qu’elle n’est pas drôle. Ta plaisanterie de nous donner cet effrayant et bel amour de la vie pour nous allonger ensuite, les uns après les autres, les uns auprès des autres, et faire de nous des immobiles que de futures immobiles enfouissent sous terre comme de puantes saletés, des balayures trop répugnantes à regarder, de cireuses immondices, nous qui fûmes des bébés ravis en nos fossettes. Pourquoi toute cette terre sur ma mère, ce petit espace de la caisse autour d’elle qui aimait tant respirer l’air de la mer ?
Afficher en entierJe l’avais regardée avec ferveur, ma svelte Maman de vingt-cinq ans et je lui avais dit qu’elle était la plus belle Maman de monde. Et elle avait ri de bonheur. Diable ou Dieu, pourquoi as-tu mis en cette future morte ce rire, cet absurde besoin de joie que seuls les immortels devraient avoir ? Nous sommes trop roulés d’avance sur cette terre.
Afficher en entierElle ajoute ce qu’elle m’a dit tant de fois en sa vie : « Mon seigneur un peu fou, mon prince des temps anciens ». Elle dit encore, en se rapprochant : « Je n’aimerais pas que tu changes, ne sais-tu pas que les mères aiment que le fils soit supérieur, et même un peu ingrat, c’est signe de bonne santé ».
Afficher en entierAvec elle seule je n’étais pas seul. Maintenant je suis seul avec tous.
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