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Monsieur Émile, qui savait tirer profit des longues observations qu’il faisait de son chat, décida le lendemain matin de réveiller Florent par une manoeuvre typiquement féline : s’accroupissant près du lit, il leva la main, raidit les doigts et se mit à imiter les promenades matinales de Déjeuner sur le ventre de son maître. Après quelques grognements, deux ou trois moulinets rageurs et une bordée d’injures, le dormeur ouvrit l’oeil, puis s’assit dans son lit. Monsieur Émile poussa un gloussement de plaisir et se dressa brusquement : — M’as-tu apporté un cadeau ? Hein ? — Fous le camp, fatigant ! Florent se gratta le crâne, le visage tordu de bâillements, médita brumeusement sur ses pantoufles éculées, puis se rendit à la cuisine. — M’as-tu apporté un cadeau ? répéta monsieur Émile en accourant. — Hey ! tranquille, toi, à matin. Ton cadeau, c’est que je te garde ici.
Afficher en entier« L'interphone bourdonna.
- Votre père sur la deuxième ligne, fit mademoiselle Relique dont la voix, aggravée par le récepteur, avait la douceur de la broche piquante.
- Salut, lança Florent, je m'achète un restaurant.
- Hein ? Quoi ? Que c'est que tu me dis là ?
- Oui, je m'achète une restaurant. La Binerie, sur la rue Mont-Royal.
- Es-tu sérieux ? La Binerie ? C'est un très bon spot, ça. J'allais manger là durant la guerre. Mais tu veux rire. Jamais je ne croirai…
- Je te raconterai. Pour l'instant, je suis un peu pressé. Dis donc, tu connais un peu le milieu des affaires, toi… As-tu déjà entendu parler d'un bonhomme du nom d'Egon Ratablavasky ?
- Egon quoi ? Minute! Laisse-moi prendre un crayon et répète-moi ça lentement, mon blond. Je vais m'informer, fit-il après avoir noté. Fie-toi sur moi, j'ai le nez long et le bras sans fin. Ah oui! Pendant que j'y pense : ta mère fait demander si vous venez souper dimanche? »
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