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Il n'y a pas de drame dont on ne puisse se remettre, pas de désastre sur les ruines duquel on ne peut reconstruire.
Afficher en entierIl avait honte de lui et de son inconstance et c'est Mathilde, il le savait bien, qui payait pour cela.
Afficher en entier« Quand Dragan prononça le nom d’Omar, le couple se figea dans une même attention, dans un égal recueillement. Pas une seule fois ils ne se regardèrent mais Dragan vit qu’ils se tenaient la main. À cet instant, ils n’étaient pas dans deux camps opposés. Ils ne se réjouissaient pas du malheur de l’autre. Ils n’attendaient pas que l’un pleure ou se félicite pour lui tomber dessus et l’accabler de reproches. Non, à cet instant, ils appartenaient tous deux à un camp qui n’existait pas, un camp où se mêlaient de manière égale, et donc étrange, une indulgence pour la violence et une compassion pour les assassins et les assassinés. Tous les sentiments qui s’élevaient en eux leur apparaissaient comme une traîtrise et ils préféraient donc les taire. Ils étaient à la fois victimes et bourreaux, compagnons et adversaires, deux êtres hybrides incapables de donner un nom à leur loyauté. »
Extrait de
Le pays des autres
Slimani, Leïla https://itunes.apple.com/WebObjects/MZStore.woa/wa/viewBook?id=0
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Afficher en entierDans les feuillages, on entendait voler les oiseaux et Dragan eut les larmes aux yeux devant l'indifférence de la nature de la bêtise des hommes. ils se tueront, pensa t'il, et les papillons continueront de voler.
Afficher en entierComme elle avait eu honte d'avoir cru, même un instant, qu'on pourrait la comprendre et la consoler. Mathilde ne sut pas comment réagir à une telle indifférence.
Afficher en entierMais Mourad avait insisté. Il avait posé sur Amine des yeux paniqués. "Ça, dit-il en montrant les plats du doigts, c'est du porc non ? Et ça, dit-il en soulevant les sourcils en direction des verres, c'est de l'alcool, n'est-ce-pas ,"[...]"Qu'est-ce que ça pouvait bien faire ?" lui demanda-t-il ensuite, tandis qu'ils marchaient dans les rues sombres du village pour rejoindre leurs lits. "De quoi as-tu peur ? De l'enfer ? On y était et on en est revenus.".
Afficher en entier"raconte moi la guerre"
Elle eu en disant ça une voix d'adulte, une voix assurée plus grave que d'habitude. Amine en fut surpris.
Les yeux fixés sur la route il dit : "est ce que tu as déjà remarqué cette cicatrice?"
Il posa son doigt derrière son oreille droite et il le fit lentement descendre vers son épaule. Il faisait trop noir pour distinguer le relief brun de la cicatrice mais Aïcha connaissait par cœur le drôle de dessin sur la peau de son père. Elle hocha la tête, folle d'excitation à l'idée que soit enfin résolu ce mystère.
Afficher en entierMathilde aimait le cinéma, si passionnément que cela la faisait souffrir. Elle regardait les films sans presque respirer, le corps tout entier tendu vers les visages en Technicolor. Quand, au bout de deux heures, elle quittait le noir de la salle, l'agitation de la rue la heurtait. C'était la ville qui était fausse, incongrue, c'était le réel qui lui apparaissait comme une fiction triviale, comme un mensonge. Elle jouissait du bonheur d'avoir vécu ailleurs, d'avoir effleuré de sublimes passions et en même temps bouillonnait en elle une forme de rage, une amertume. Elle aurait voulu entrer dans l'écran, vivre des sentiments qui aient la même matière, la même densité. Elle aurait voulu qu'on lui reconnaisse sa dignité de personnage.
Afficher en entierCette vie sublime, elle aurait voulu l'observer de loin, être invisible. Sa haute taille, sa blancheur, son statut d'étrangère la maintenaient à l'écart du coeur des choses, de ce silence qui fait qu'on se sait chez soi.
Afficher en entierTandis qu’elle pénétrait dans la maison, qu’elle traversait le salon baigné par le soleil d’hiver, qu’elle faisait porter sa valise dans sa chambre, elle pensa que c’était le doute qui était néfaste, que c’était le choix qui créait de la douleur et qui rongeait les âmes. Maintenant qu’elle était décidée, à présent qu’aucun retour en arrière n’était possible, elle se sentait forte. Forte de ne pas être libre.
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