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Extrait

Extrait ajouté par Biquet 2012-03-17T12:35:59+01:00

« Desormais nous parlions que ne rien dire. Nous vîmes s’installer entre nous l’écran de ces mots lisses, de ces reflets sonores du quotidien, de ce liquide verbal dont on se sent obligé, on ne sait pourquoi, de remplir le silence. Avec stupeur, je découvrais que parler était en fait la meilleure façon de taire l’essentiel. Alors que pour le dire, il aurait fallu articuler les mots d’une toute autre manière, les chuchoter, les tisser dans les bruits du soir, dans les rayons du couchant. Une nouvelle fois, je ressentais en moi la mystérieuse gestation de cette langue si différente des paroles émoussées par l’usage, une langue dans laquelle j’aurais pu dire tout bas en rencontrant le regard de Charlotte :

- Pourquoi j’ai le coeur serré quand j’entends l’appel lointain de la Koukouchka ? Pourquoi une matinée d’automne d’il y a cent ans, oui, cet instant que je n’ai jamais visité, pourquoi sa lumière et son vent me paraissent plus vivants que les jours de ma vie réelle ? Pourquoi ton balcon ne plane plus dans l’air mauve du soir, au-dessus de la steppe ? La transparence de rêve qui l’enveloppait s’est brisée, tel un matras d’alchimiste. Et ces éclats de verre grincent et nous empêche de parler comme autrefois… Et tes souvenirs que je connais maintenant par coeur ne sont-ils pas une cage qui te tient prisonnière ? Et notre vie, n’est-elle pas justement cette transformation quotidienne du présent mobile et chaleureux en une collection de souvenirs figés comme les papillons écartelés sur leurs épingles sous une vitre poussiéreuse ? Pourquoi alors je sens que je donnerais sans hésiter toute cette collection pour l’unique sensation d’aigreur qu’avait laissée sur mes lèvres l’imaginaire coupelle d’argent dans ce café illusoire de Neuilly ? Pour une seule gorgée du vent salé de Cherbourg ? Pour un seul cri de la Koukouchka venu de mon enfance ?

Cependant, nous continuions à remplir le silence, tel un tonneau des Danaïdes, de mots inutiles, de répliques creuses: « Il a fait plus chaud qu’hier ! Gavrilytch est de nouveau ivre… La Koukouchka n’est pas passée ce soir… C’est la steppe qui brûle là-bas, regarde ! Non c’est un nuage… Je vais refaire du thé… Aujourd’hui, au marché, on vendait des pastèques d’Ouzbékistan… »

L’indicible ! Il était mystérieusement lié, je le comprenait maintenant , à l’essentiel. L’essentiel était indicible. Incommunicable. Et tout ce qui, dans ce monde, me torturait par sa beauté muette, tout ce qui se passait de la parole me paraissait essentiel. L’indicible était essentiel. »

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