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Mon frère dit :
-Mes enfants ne jouent pas.
-Que font-ils ?
-Ils se préparent à traverser la vie.
Je dis :
-J'ai traversé la vie et je n'ai rien trouvé.
Mon frère dit :
-Il n'y a rien à trouver. Que cherchais-tu ?
-Toi. C'est pour toi que je suis revenu.
Mon frère rit :
-Pour moi ? Tu le sais bien, je ne suis qu'un rêve. Il faut accepter cela. Il n'y a rien, nulle part
Afficher en entierElle dit:
- Oui. Il y a des vies qui sont plus tristes que le plus triste des livres.
Je dis:
-C'est cela. Un livre, si triste soit-il, ne peut être aussi triste qu'une vie.
Afficher en entierLa soeur m'a laissé là, chez une vielle paysanne que j'ai appris plus tard à appeler "Grand-Mère".
Elle m'appelait "Fils de chienne"
Afficher en entierLe train arrive, j'y monte. Je n'ai qu'une valise. je pars d'ici avec guère plus de choses que je n'en avais en arrivant. Dans ce pays riche et libre, je n'ai pas fait fortune.
Afficher en entierOn m'a appris plus tard que j'étais arrivé à l'hôpital dans un état comateux, au cours d'une grave maladie. J'avais quatre ans, la guerre commençait.
Afficher en entierNous marchons vers la ville. Je m'arrête devant une maison aux volets verts. Mon frère dit :
-Oui, c'était notre maison. Tu l'as reconnue.
Je dis :
-Je l'ai reconnue. Mais elle n'était pas ici, avant. Elle était dans une autre ville.
Mon frère corrige :
-Dans une autre vie. Et maintenant, elle est là, et elle est vide.
Afficher en entierJ'allume une cigarette, je m'assieds devant la fenêtre, je regarde la nuit descendre sur la ville. Sous ma fenêtre, un jardin vide, avec un seul arbre déjà dénudé. Plus loin, des maisons, des fenêtres qui s'allument de plus en plus nombreuses. Deriière les fenêtres, des vies. Des vies calmes, des vies normales, tranquilles. Des couples, des enfants, des familles. J'entends aussi le bruit lointain des voitures. Je me demande pourquoi les gens roulent, même la nuit. Où vont-ils? Pourquoi?
La mort, bientôt, effacera tout.
Elle me fait peur.
J'ai peur de mourir, mais je n'irai pas à l'hôpital.
Afficher en entier-Tu es un homme heureux, Klaus.
Je réponds:
-Oui. Très heureux. Vois aussi, je suppose, vous avez une famille.
Il dit:
-Non,. J'ai toujours vécu seul.
-Pourquoi ?
Lucas dit :
- Je ne sais pas. Peut-être parce que personne ne m'a appris à aimer.
Afficher en entierUne fois que Mère sera morte, il ne me restera plus aucune raison de continuer. Le train, c’est une bonne idée.
Afficher en entierMère me reproche continuellement d'avoir abandonné l'école:
- Lucas aurait continué ses études. Il serait devenu médecin. Un grand médecin.
Quand notre maison délabrée laisse entrer l'eau par le toit, Mère dit:
- Lucas serait devenu architecte. Un grand architecte.
Quand je lui montre mes premiers poèmes, Mère les lit et dit:
- Lucas serait devenu écrivain. Un grand écrivain.
Mes poèmes, je ne les montre plus, je les cache.
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