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-Alors, tu l'as tué ?
Je dis :
-Oui.
Le vieillard dit :
-Tu as fait ce que tu devais faire. C'est bien. Peu de gens font ce qu'il faut faire.
Je dis :
-C'est parce qu'il a voulu ouvrir la porte.
-Tu as bien fait. Tu as bien fait de l'en empêcher. Il fallait que tu le tues. Comme cela tout rentre dans l'ordre, dans l'ordre des choses.
Je dis :
-Mais il ne sera plus là. Peu importe l'ordre, si lui ne doit plus jamais être là.
Le vieillard dit :
-Au contraire. Désormais, il sera à tes côtés à chaque instant et en tous lieux.
Afficher en entierC'est ainsi. Ces choses-là arrivent parfois. Toute une famille se met à dormir, et celui qui ne dort pas reste seul.
Afficher en entier-Tu vois, rien n'a changé. J'ai tout gardé. Même cette nappe affreuse. Demain, tu peux aller habiter la maison.
je dis:
-je n'en ai pas envie. Je jouerai plutôt avec tes enfants.
Mon frère dit:
-Mes enfants ne jouent pas.
-Que font-ils ?
-Ils se préparent à traverser la vie
Je dis:
-J'ai traversé la vie et je n'ai rien trouvé.
Afficher en entierJe me couche et avant de m'endormir je parle dans ma tête à Lucas, comme je le fais depuis de nombreuses années. Ce que je lui dis, c'est à peu près la même chose que d'habitude. Je lui dis que, s'il est mort, il a de la chance et que j'aimerais bien être à sa place. Je lui dis qu'il a eu la meilleure part, c'est moi qui dois porter la charge la plus lourde. Je lui dis que la vie est d'une inutilté totale, elle est non-sens, aberration, souffrance infinie, l'invention d'un Non-Dieu dont la méchanceté dépasse l'entendement.
Afficher en entier"Je suis en prison dans la ville de mon enfance."
Afficher en entier"Le 30 octobre, je fête mon anniversaire dans l'un des bistrots les plus populaires de la ville avec mes compagnons de beuverie. Tous, ils me paient à boire. Des couples dansent au son de mon harmonica. Des femmes m'embrassent. Je suis ivre. Je commence à parler de mon frère, comme chaque fois que j'ai trop bu. Tout le monde dans la ville connaît mon histoire : je suis à la recherche de mon frère avec qui j'ai vécu ici, dans cette ville, jusqu'à l'âge de quinze ans. C'est ici que je dois le retrouver, je l'attends, je sais qu'il viendra quand il saura que je suis revenu de l'étranger.
Tout cela n'est qu'un mensonge. Je sais très bien que dans cette ville, chez Grand-Mère, j'étais déjà seul, que même à cette époque j'imaginais seulement que nous étions deux, mon frère et moi, pour supporter l'insupportable solitude.
La salle du bistrot se calme un peu vers minuit. Je ne joue plus, je bois seulement.
Un homme vieux, loqueteux, s'assied en face de moi. Il boit dans mon verre. Il dit :
- Je me souviens très bien de vous deux. De ton frère et de toi".
(P76-77)
Afficher en entier"Il n'est pas nécessaire de faire des études pour devenir écrivain. Il est juste nécessaire de savoir écrire sans faire trop de fautes". (p.95).
Afficher en entier"J'essaie d'écrire des histoires vraies mais, à un moment donné, l'histoire devient insupportable par sa vérité même, alors je suis obligé de la changer.[...] j'essaie de raconter mon histoire mais je ne peux pas, je n'en ai pas le courage, elle me fait trop mal. Alors, j'embellis tout et je décris les choses non comme elles se sont passées, mais comme j'aurais voulu qu'elles se soient passées". (p.14).
Afficher en entier"Le bruit des machines m'aide à écrire. Il donne un rythme à mes phrases, il réveille des images dans ma tête". (p.175).
Afficher en entier"- Dès qu'on réfléchit, on ne peut pas aimer la vie.
Mon frère, avec sa canne, me relève le menton:
- Ne réfléchit pas. Regarde! As-tu déjà vu un ciel aussi beau?" (p.24).
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