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On dit :
-Il s'ennuyait à Lahore, c'est peut-être ça.
-L'ennui, ici, c'est un sentiment d'abandon colossal, à la mesure de l'Inde elle-même, ce pays donne le ton.
Anne-Marie Stretter est libre. Le vice-consul de Lahore se dirige vers elle. On dirait qu'il hésite. Il fait quelques pas. Il s'arrête. Elle est seule. Ne le voit-elle pas venir ?
Afficher en entierLe vice-consul a par instants l'air d'être très heureux. Il est comme fou de bonheur, par instants. On ne peut pas ce soir éviter sa compagnie ; est-ce pour cela ? Comme c'est étrange cet air qu'il a ce soir. De quelle pâleur est... comme s'il était sous le coup d'une émotion intense mais dont l'expression serait toujours différente, pourquoi?
Afficher en entierElle intrigue, la femme de Calcutta. Personne ne sait très bien à quoi elle occupe son temps, elle reçoit surtout ici, très peu chez elle, dans sa résidence qui date des Comptoirs, au bord du Grange. Elle est cependant occupée par quelque chose. Est-ce en éliminant les autres occupations possibles qu'on trouve qu'elle lit ? Oui. Depuis l'heure du tennis et celle de la promenade, que ferait-elle d'autre, chez elle enfermée ? Des colis de livres arrivent de France à son nom. Quoi d'autre ? Avec ses filles qui lui ressemblent, elle passe des heures chaque jour, on dirait.
Afficher en entierLa femme de L'ambassadeur : la légation du désir auprès de l'ennui.
Ce soir, à Calcuta, l'ambassadrice Anne-Marie Stretter est près du buffet, elle sourit, elle est en noir, sa robe est à double fourreau de tulle noir, elle tend une coupe de champagne. Elle l'a tendue, elle regarde autour d'elle. Aux approches de la vieillesse, une maigreur lui est venue qui laisse bien voir la finesse, la longueur de l'ossature. ses yeux sont trop clairs, découpés comme ceux des statues, ses paumières sont amaigries.
Afficher en entierL'enfant naît vers Oudang, dans un abri,... La femme l'a aidée. Pendant deux jours elle lui a apporté du riz, de la soupe de poisson et, le troisième jour, un sac de jute pour le départ, écrit Peter Morgan.
Afficher en entierDans la lumière bouillante et pâle, l'enfant encore dans le ventre, elle s'éloigne, sans crainte. Sa route, elle est sûre, est celle de l'abandon définitif de sa mère. Ses yeux pleurent, mais elle, elle chante à tue-tête un chant enfantin de battambang.
Afficher en entierL'enfant que la mère a chassée de chez elle
Si tu reviens, a dit la mère, je mettrai du poison dans ton riz pour te tuer.
Tête baissée, elle marche, elle marche. Sa force est grande. Sa faim est aussi grande que sa force. Elle tourne dans le pays plat de Tonlé-Sap, le ciel et le pays se rejoignent en un fil droit, elle marche sans rien atteindre. Elle s'arrête, repart, repart sous le bol.
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