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A l'école, nous gagnions nos places, filles et garçons mêlés, réconciliés et, sitôt assis, nous étions tout oreille, toute immobilité, si bien que le maître donnait ses leçons dans un silence impressionnant. Et il eût fait beau voir que nous eussions bougé ! Notre maître était comme du vif-argent : il ne demeurait pas en place; il était ici, il était là, il était partout à la fois et sa volubilité eût étourdi des élèves moins attentifs et nous l'étions sans nous forcer : pour tous, quelques jeunes que nous fussions, l'étude était chose sérieuse, passionnante; nous n'apprenions rien ne qui fût étrange, inattendu et comme venu d'une autre planète; et nous ne nous lassions jamais d'écouter.
Afficher en entier"Depuis qu'on m'avait défendu de jouer avec les serpents, sitôt que j'en apercevais un, j'accourais chez ma mère.
– Il y a un serpent ! criais-je.
– Encore un ! s'écriait ma mère.
Et elle venait voir quelle sorte de serpent c'était. Si c'était un serpent comme tous les serpents - en fait, ils différaient fort ! - elle le tuait aussitôt à coups de bâton, et elle s'acharnait, comme toutes les femmes de chez nous, jusqu'à le réduire en bouillie, tandis que les hommes, eux, se contentent d'un coup sec, nettement assené.
Un jour pourtant, je remarquai un petit serpent noir au corps particulièrement brillant, qui se dirigeait sans hâte vers l'atelier. Je courus avertir ma mère, comme j'en avais pris l'habitude; mais ma mère n'eut pas plus tôt aperçu le serpent noir, qu'elle me dit gravement :
– Celui-ci, mon enfant, il ne faut pas le tuer : ce serpent n'est pas un serpent comme les autres, il ne te fera aucun mal; néanmoins ne contrarie jamais sa course.
Personne, dans notre concession, n'ignorait que ce serpent-là, on ne devait pas le tuer, sauf moi, sauf mes petits compagnons de jeu, je présume, qui étions encore des enfants naïfs.
– Ce serpent, ajouta ma mère, est le génie de ton père."
Afficher en entierA l'école nous gagnions nos places
Afficher en entierPourquoi règne t-il cette displine dans classe
Afficher en entier⭕ Attention Spoiler ⭕
« - Père, dis, quand le directeur m'a proposé de partir en France, j'ai dit oui.
- Ah ! Tu avais déjà accepté ?
- J'ai répondu oui spontanément. Je n'ai pas réfléchi, à ce moment, à ce que ma mère et toi en penseriez.
- Tu as donc bien envie d'aller là-bas ? dit-il ?
- Oui, dis-je, Mon oncle Mamadou m'a dit que c'était une chance unique.
- Tu aurais pu aller à Dakar ; ton oncle Mamadou est allé à Dakar.
- Ce ne serait pas la même chose.
- Non, ce ne serait pas la même chose ... Mais comment annoncer cela à ta mère ?
- Alors tu acceptes que je parte ? m'écriai-je.
- Oui ... oui, j'accepte. Pour toi, j'accepte. Mais tu m'entends : pour toi, pour ton bien. »
Afficher en entierJe ne me le rappelle pas par vantardise, ecnore qu'à l'époque je fusse assez fiérot de ma chance ; non, je m'en souviens avec une poignante douceur, je m'en souviens et j'y rêve, j'y rêve avec une mélancolie inexprimable, parce qu'il y eut là un moment dans ma jeunesse, un dernier et fragile moment où ma jeunesse s'embrasait d'un feu que je ne devais plus retrouver et qui, maintenant, a le charme doux-amer des choses à jamais enfuies.
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