Les Amants de Carcassonne

Joë Bousquet est un poète et écrivain français. Grièvement blessé pendant la Première Guerre mondiale, paralysé des membres inférieurs, il a vécu alité dans sa chambre, à Carcassonne, jusqu'à son décès en 1950. C'est ainsi qu'il a trouvé sa vocation à écrire, il laisse d'ailleurs derrière lui une œuvre poétique considérable. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que Carcassonne est sous la direction de l'Occupant allemand, iI fait de sa chambre une boîte à lettres de la résistance locale. Ses « Lettres à une jeune fille », correspondance d'après-guerre publiée seulement en 2008, s'adressent à une certaine Linette...

J'ai un peu honte de le dire mais je n'avais jamais entendu parler de Joë Bousquet jusqu'à aujourd'hui. D'ailleurs si j'ai choisi cette BD, c'est juste parce que je garde de très bons souvenirs de ma visite à Carcassonne (il y a un sacré bout de temps maintenant) et que j'ai vu là l'occasion d'y retourner, pendant une période historique que je n'aurais pas aimée avoir vécu pour de vrai. Revoir la Cité, ses remparts, son histoire par le biais d'une histoire et de personnages fictifs m'attirait grandement, d'autant que la couverture et le titre étaient très alléchants.

On suit donc ici la rencontre entre un poète qui souffre de ne plus quitter son lit et une jeune fille qui souffre d'avoir perdu sa famille exécutée par les Allemands, et qu'il a engagée pour noter ses pensées et idées. L'intrigue se déroule, comme vous l'avez sans doute déjà compris, pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que Carcassonne est encore sous le joug nazi, peu de temps après le débarquement des Alliés en Normandie.

Réseau de Résistance, haine et colère contre les Allemands, politique répressive et terreur nazies alimentent là une belle histoire d'amour platonique, l'histoire de deux êtres qui se trouvent pendant une période charnière de leur existence.

Ce n'est qu'arrivée aux deux dernières pages que j'ai appris que la plupart des protagonistes avaient réellement existé, et c'est donc à ce moment-là seulement que j'ai compris que Joë Bousquet n'était pas un personnage fictif. Si la relation entre Joë et Linette est, quant à elle, probablement fictive, le reste est basé sur des faits réels et sur le propre vécu du poète. Je dois dire que ça change tout, et je l'ai donc lu une seconde fois sitôt après.

Mais que ce soit pendant ma première ou ma seconde lecture, j'ai beaucoup aimé. La relation entre le poète et la jeune fille apporte ce qu'il faut de douceur pour supporter les dangers qu'encourent le réseau Musset et ses membres, ainsi que les exécutions sommaires des soldats allemands. La peur est palpable, autant que les sentiments des protagonistes. L'ensemble est bien mené, bien qu'un peu trop court à mon goût, et les dessins aux traits fins et précis sont quant à eux très réalistes. Je regrette un peu que l'architecture de la Cité n'ait pas été mise plus à l'honneur, mais les auteurs se rattrapent en revanche sur son côté historique, Carcassonne ayant été une ville souvent meurtrie, bien que jamais vaincue.

Pour résumer : Une jolie BD, au contenu aussi bien captivant et touchant qu'instructif.