Extraits

Il m'était beaucoup plus facile de gérer une quantité astronomique de travail qu'une déception amoureuse.

Un bonheur, même de courte durée, valait peut-être mieux que se réveiller chaque jour en sachant que nous ne serions jamais réunis.

Il m'avait horriblement manqué, mais jusque là je n'avais pas réalisé à quel point.

- Cartes d'identité, demanda le barman.

- Juste un Coca light, s'il vous plaît, répondit Vee en secouant la tête.

- Je prendrai un Cherry Coke.

Vee me donna un coup de coude et se pencha vers moi.

- Tu as vu ça, il voulait voir nos cartes d'identité. C'est génial. Il cherchait sans doute une amorce pour entamer la conversation.

Il remplit deux verres et, d'un mouvement sec, les fit glisser le long du comptoir jusqu'à nous.

- Joli ! lui cria Vee par-dessus l'écho de la musique.

Le barman lui fit un doigt d'honneur et s'adressa au client suivant.

- Il était trop petit pour moi, de toute façon, marmonna-t-elle.

La seule chose qui me restait, à moi, c'était l'espoir.

- Ne m'abandonne jamais, dis-je, passant mon doigt dans son col pour l'attirer vers moi.

- Tu es à moi, mon ange, me souffla-t-il tandis que je penchais la tête en arrière pour lui offrir mon cou. Tu m'auras pour toujours.

Ils m'enverraient en enfer. Je ne le crains pas, ajouta-t-il fermement après un silence. J'ai mérité ce qui m'arrive. J'ai menti, triché et trompé les gens. J'ai blessé des innocents. Je ne compte plus mes erreurs. D'une manière ou d'une autre, je les ai payées toute mon existence. L'enfer ne me changera pas tellement. Mais les archanges n'ont probablement pas dit leur dernier mot, conclut-il avec un bref sourire.

Son sourire disparut, et il me dévisagea avec une sincérité que je ne lui connaissais pas.

Mais avec toi, c'était différent. Ca n'était pas une erreur. Tu es mon unique réussite. Je me fiche des conséquences. Dis-moi ce que tu veux que je fasse. Un mot de toi et j'abandonne tout. Nous pourrions partir dès ce soir.

Dos à moi, il composa un numéro sur son portable avant de la coller à son oreille. Moins de deux secondes plus tard, mon téléphone se mit à sonner dans ma poche.Avant que j'aie pu le lancer dans les buissons, Patch se retourna.

Il leva lentement les yeux et, lorsque son regard se posa sur moi, je regrettai que Boomer ne m'ait pas dévorée toute crue.

_C'est drôle, on parle toujours de voyeurs, mais jamais de voyeuses

Même dans la pénombre, je devinai qu'il souriait

_Arrête de rire, répliquai-je les joues cramoisies. Descends moi de là.

_Saute.

_Hein?

_Je te rattrape.

_Tu es dingue ou quoi? Grimpe à l'étage et ouvre moi la fenêtre. Ou va chercher une échelle.

_Je n'ai ps besoin d'échelle.Saute. Je ne te lâcherai pas.

_Tu parles.

_Tu eux mon aide, oui ou non?

_ Tu appelles ça de l'aide? sifflai-je.

Il fit tourner ses clés autour de son doigt et feignit de s'éloigner.

_Espèce de pauvre type! Reviens ici!

_Pauvre type? Ça n'est pas moi qui espionne aux fenêtres des autres !

-Tu n'es pas la jeune fille que j'espérais te voir devenir, Nora. Tu fraternise avec l'ennemi, tu bafoues tes origines.[...]

Nora?

Ma main ripa sur la rampe. C'était la voix de mon père.

Nora? Tu es là?

J'ouvris la bouche, prête à lui répondre, mais le souvenir de la soirée précédente m'en empêcha.

Cesse de te cacher. Laisse-moi t'aider. Montre-toi?

Sa voix était curieusement tranchante. Devant la maison abandonnée, la première fois que je l'avais entendue, elle était douce et rassurante. Il m'avait alors avertie que nous n'étions plus seuls et que je devais fuir. Puis il avait changé de ton et ses paroles m'avaient paru fausses et sournoises. Et si mon père avait véritablement tenté de me parler? Quelqu'un aurait pu l'en empêcher et se faire passer pour lui? Je réalisai brusquement qu'on avait pu usurper sa voix pour m'attirer dans un piège.