Extraits

« Mais je m’inquiète. En permanence. Je sais que je suis déjà trop vieille pour les goûts de mon mari. Parce que j’étais son idéal, il y a six ans, du coup j’ai entendu ses commentaires impitoyables sur les femmes qui approchent de la quarantaine : je sais à quel point il les trouve pathétiques, ces femmes qui sortent dans les bars, trop habillées, sans réaliser leur manque d’attraits. Quand il rentrait d’une soirée entre copains, si je lui demandais comment était le bar, il répondait souvent : « Complètement submergé de Causes perdues » : c’est son code secret pour parler des femmes de mon âge. À l’époque, ayant à peine plus de 30 ans, je ricanais avec lui comme si ça ne devait jamais m’arriver, à moi. Maintenant, je suis sa Cause perdue et il est coincé avec moi, et c’est peut-être ça qui le met tellement en colère.

Ma femme n'était plus ma femme, mais un noeud de fil barbelé acéré qui me mettait au défi de le dénouer - et je n'étais pas à la hauteur de la tâche, avec mes doigts épais, engourdis, nerveux.

Elle tenait les comptes de toutes mes insuffisances, notant inlassablement les déceptions, les faiblesses, les manquements.

Mon ancienne Amy, putain, elle était cool. Elle était drôle.

Elle n'était pas cette chose qu'elle était devenue, la chose que je redoutais le plus : une femme en colère.

« Ce soir-là, à la fête de Brooklyn, je jouais la fille à la mode, la fille dont un homme comme Nick rêve, la Fille cool. Pour les hommes, c’est toujours le compliment définitif, non ? C’est une fille cool. Être la Fille cool, ça signifie que je suis belle, intelligente, drôle, que j’adore le football américain, le poker, les blagues salaces, et les concours de rots, que je joue aux jeux vidéo, que je bois de la bière bon marché, que j’aime les plan à trois et la sodomie, et que je me fourre dans la bouche des hots dogs et des hamburgers comme si c’était le plus grand gang bang culinaire du monde, tout en continuant à m’habiller en 36, parce que les Filles cool, avant toute chose, sont sexy. Sexy et compréhensive. Les Filles cool ne se mettent jamais en colère, elles font un sourire chagrin et aimant, et laissent leurs mecs faire tout ce qu’ils veulent. Vas-y, traite-moi comme une merde, ça m’est égal, je suis une Fille cool.

Les hommes croient réellement que cette fille existe. Peut-être que s’ils gobent ce bobard, c’est parce qu’il y a tant de femmes qui ne demandent qu’à faire semblant d’être cette fille.

[...]

J’ai attendu patiemment – des années – que la balance penche de l’autre côté, que les homme se mettent à lire du Jane Austen, à tricoter, faire semblant d’aimer le cosmos, à organiser des concours de carnets de voyage, et à se rouler des pelles sous nos yeux goguenards. Là, nous dirions : Ah ! ça, c’est un Mec cool.

Mais ça ne s’est jamais produit. Au contraire, les femmes de tous les pays se sont unies dans leur dégradation ! Bien vite, la Fille cool est devenue la fille normale. Les hommes croyaient dur comme fer à son existence – elle n’était plus seulement l’exception enchantée. Chaque fille était censée être cette fille, et si ce n’était pas votre cas, et bien, c’est que vous aviez un problème. »

P.315

Les individus ironiques se dissolvent toujours quand ils sont confrontés à la sincérité, c'est leur kryptonite.

Spoiler(cliquez pour révéler)« ‘‘Tout ce que tu veux, c’est une excuse pour rester. Vous deux, vous êtes accros l’un à l’autre, putain. Vous allez littéralement être une famille nucléaire, tu te rends compte de ça ? Vous allez explosez. Tour va péter, putain. Tu crois vraiment pouvoir jouer ce jeu pendant, quoi, les dix-huit prochaines années ? Tu ne comprends pas qu’elle va te tuer ?

- Pas tant que je suis l’homme qu’elle a épousé. Je ne l’étais plus, mais je peux le redevenir.

- Tu ne crois pas que tu vas la tuer, toi ? Tu veux devenir comme papa ?

- Tu ne comprends pas, Go ? C’est ma garantie de ne jamais devenir comme papa. Je serais obligé d’être le meilleur mari et le meilleur père du monde.’’

- [...] Tu te souviens, Nick, quand je t’ai dit que je t’aimerais toujours si ? Que je t’aimerais toujours quoi qu’il puisse arriver après le si ?

- Oui.

- Eh bien, je t’aime toujours. Mais ça me brise le cœur, ça. »

P.567

Spoiler(cliquez pour révéler)« Il refuse encore de dormir avec moi. Il dort dans la chambre d’ami, en bas, la porte fermée à clef. Mais un jour, je l’aurais à l’usure, je le prendrais par surprise, et il perdra l’énergie de lutter tous les soirs, et il viendra se coucher près de moi. Au milieu de la nuit, je me tournerai vers lui et me collerai à lui. Je m’accrocherai à lui comme une vigne vierge insinuante jusqu’à ce que j’aie envahi le moindre atome de lui. Jusqu’à ce que je l’aie fait mien. »

P.550

Souvent, je ne dis pas les choses tout haut, même quand je le devrais. Je garde tout, je compartimente à un degré perturbant : dans la cave que j'ai dans le ventre, il y a des centaines de bouteilles de rage, de désespoir, de peur, mais on ne s'en douterait jamais en me voyant.

« Mon Dieu, Nick, pourquoi est-ce que tu es tellement merveilleux avec moi ? »

Il était sensé dire : Tu le mérites, je t’aime.

Mais il a dit : « Parce que tu me fais de la peine.

- Pourquoi ?

- Parce que, tous les matins, tu es obligée de te réveiller dans ta peau. »

La vitrine peut varier mais, croyez-moi, il veut la Fille cool, qui foncièrement est la fille qui partage le moindre de ses engouements débiles et ne se plaint jamais. (Comment savez-vous que vous n’êtes pas la Fille cool ? Parce qu’il dit des trucs comme : « J’aime les femmes à poigne. » S’il vous dit ça, un jour ou l’autre, il baisera quelqu’un d’autre. Parce que : « J’aime les femmes à poigne », c’est un code pour dire : « Je déteste les femmes à poigne. »)

J’ai attendu patiemment – des années – que la balance penche de l’autre côté, que les hommes se mettent à lire Jane Austen, à tricoter, à faire semblant d’aimer le cosmos, à organiser des concours de carnets de voyage, et à se rouler des pelles sous nos yeux goguenards. Là, nous dirions : Ah ! ça, c’est un Mec cool.

Mais ça ne s’est jamais produit. Au contraire, les femmes de tous les pays se sont unies dans leur dégradation ! Bien vite, la Fille cool est devenue la fille normale. Les hommes croyaient dur comme fer à son existence – elle n’était plus seulement l’exception enchantée. Chaque fille était censée être cette fille, et si ce n’était pas votre cas, eh bien, c’est que vous aviez un problème.

C’était le baratin débile de la Fille cool, dans toute sa splendeur. Non mais quelle conne ! Une fois de plus, je ne pige pas : si vous laissez un homme annuler une sortie ou refuser de faire quelque chose pour vous, vous perdez. Vous n’obtenez pas ce que vous désirez. Ça tombe sous le sens. Bien sûr, il sera peut-être heureux, il vous dira peut-être que vous êtes la fille la plus cool du monde, mais il le dit parce qu’il fait ce qu’il veut. Il vous dit que vous êtes cool pour vous rouler dans la farine ! C’est ça, la stratégie des hommes : ils tâchent de vous renvoyer une image de fille cool afin que vous vous pliiez à leurs quatre volontés. Comme un vendeur de voitures qui dit : Combien voulez-vous payer pour cette beauté ?, alors que vous n’avez pas encore accepté de l’acheter. Cette phrase atroce qu’emploient les hommes : « Je veux dire, je sais que toi ça ne te dérange pas si je… » Si, ça me dérange. Vas-y, dis-le. N’abdique pas, pauvre petite connasse.