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Harry s'était arrangé pour que Nell occupe la chambre en face de la sienne. Il avait laissé sa porte entrouverte et attendu.
Comme prévu, moins d'une heure après, il avait entendu la porte s'ouvrir. Nell était apparue, pieds nus et en chemise de nuit, le regard vide. Elle marmonnait toujours les mêmes phrases incohérente lorsqu'il l'avait rattrapée. Avec une douceur infinie, il l'avait fait pivoter et l'avait ramenée dans sa chambre, lui chuchotant des paroles rassurantes à propos de sa fille en priant pour que l'avenir lui donne raison.
Quand il s'était allongé à ses côtés, elle s'était blottie contre lui comme une enfant.
L'ennui, c'est qu'elle n'était plus une enfant. Il le savait, et son corps aussi. Être couché près d'elle était un véritable supplice. Il mourait d'envie de la prendre, de la faire sienne, et se retenir lui demandait un effort surhumain.
Afficher en entierIl ferma la porte et s'adossa au battant.
-Vous vous êtes de toute évidence donné beaucoup de mal pour organiser cette rencontre, lâcha-t-elle, les bras croisés. Alors dites ce que vous avez à me dire et laissez moi sortir. Je n'aime pas être enfermée contre ma volonté.
-Ce que j'ai à vous dire?
-Oui.
-Je n'aurais jamais dû, déclara finalement Harry. Vous embrasser comme je l'ai fait... Et je vous prie de m'en excuser. Je ne voulais pas vous manquer de respect, mais ce n'est pas une excuse. Je vous ai traité comme une dévergondée.
Nell rougit au souvenir de ce qui s'était passé dans les écuries. Il ne faisait pas seulement allusion au baiser qu'ils avaient échangé, mais se souvenait visiblement fort bien de l'endroit où sa main à elle s'était retrouvée emprisonnée.
Il ne l'avait pas fait exprès, cependant. Il l'avait traitée comme une femme, pas une dévergondée. Depuis, elle n'avait cessé de se remémorer ce baiser.
-Il n'y a pas de...
Elle s'interrompit, cherchant désespérément l'expression appropriée.Si elle lui disait qu'il n'y avait pas de mal, il risquait de la prendre bel et bien pour une dévergondée, mais si elle déclarait qu'elle lui pardonnait, elle apparaîtrait un peu comme une sainte-nitouche.
-Je ne le retiendrai pas contre vous, dit-elle finalement.
Harry la fixa d'un air perplexe, et elle se rendit compte alors que vu la position de sa main contre sa virilité, le terme n'était sans-doute pas le mieux choisi.
-Ne le prenez pas littéral... Je veux dire... bredouilla-t-elle en pressant les mains sur ses joues en feu. Elle lui jeta un cou d’œil et ne put s’empêcher de pouffer en voyant son expression.
Afficher en entierLeurs visage étaient au même niveau lorsque leurs regards se croisèrent enfin. Harry se perdit au fond de ces grands yeux sombre, aussi purs et tranquilles qu'un lac chatoyant de l'éclat mordoré de l'automne.
Il dévora des yeux ce visage luisant de pluie, d'une pâleur lunaire, et ces lèvres sensuelles bleuies par le froid, légèrement entrouvertes. Il était suffisamment proche pour distinguer les gouttes d'eau accrochées à ses longs cils noirs. Que ferait-elle s'ils les cueillait du bout du doigt et les portait à ses lèvres?
A peine l'avait-il envisagé que, d'un battement de cils, l'inconnue balaya cette espérance.
Cela lui apprendrait d'entretenir des idées stupides...
Quelle était la teinte de sa chevelure quand elle n'était pas assombrie par la pluie? Étincelait-elle au soleil? S'il remettait en place cette mèche qui lui pendait sur le visage, s'enroulerait-elle autour de son doigt?
Seigneur, elle était vraiment trempée!
L'inconnue soutenait toujours son regard avec une insistance tranquille. Troublée, Harry souleva son chapeau pour la saluer, et se surprit à le poser doucement sur la chevelure ruisselante.
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