Ajouter un extrait
Liste des extraits
« Pour être juste envers elle, disait miss Tonks, Eliza n’a guère de famille à qui rendre visite. Elle m’a montré quelques lettres affreuses que lui ont adressées ses parents : ils l’ont tous reniée en des termes plus cruels les uns que les autres. C’est une bonne âme, et nous ne voudrions pas la faire dépérir d’inquiétude.
– C’est une femme diablement jolie », opina sir Philip, dont le visage surplombant le rempart de sa cravate amidonnée évoquait une tortue jetant un coup d’œil par-dessus une minuscule congère.
« Quel rapport avec notre sujet ? s’agaça le colonel Sandhurst. Nous ne l’envoyons pas gagner sa vie sur le trottoir !
– Elle n’arriverait pas à grand-chose, de toute façon, gloussa sir Philip. Un shilling et un verre de rhum, voilà tout ce qu’elle récolterait. »
Les yeux noirs de lady Fortescue se posèrent sur lui avec désapprobation.
« Vous oubliez, sir Philip, que nous parlons d’une amie. Si, comme cela semble être le cas, Mrs Budley n’a pas de famille à aller voir, il faudra que l’un de nous se dévoue.
– J’ai déjà apporté mon écot ! se défendit miss Tonks en regardant les autres avec fermeté. Ne vous ai-je pas donné les diamants de ma sœur ? N’ai-je pas risqué la potence ?
– Le problème, avec les vieilles filles, grommela sir Philip, c’est qu’elles passent leur temps à faire un drame de tout.
– Le problème, avec les vieillards dépravés, c’est qu’ils passent leur temps à railler et à se plaindre, rétorqua miss Tonks. Trouvez donc une solution, puisque vous êtes si intelligent ! »
Sir Philip s’appuya contre le dossier de son fauteuil et promena sur l’assistance un regard goguenard.
« C’est justement ce que j’ai fait.
– Alors parlez, que diable ! ordonna le colonel.
– Nous allons lui inventer un parent, dit sir Philip avec un grand sourire. Et voici qui : le marquis de Peterhouse, qui réside dans cet immense château du Warwickshire…
Afficher en entier