Extraits

— Saluuut, m’exclamai-je en faisant un signe de la main. Quoi de neuf ?

— Il dit salut, soupira Gary.

Il agita joliment sa crinière.

— Vous y croyez ? Vous élevez un enfant pendant presque toute sa vie, vous le voyez traverser les douloureuses années de la puberté pour devenir un homme raisonnablement beau, tout ça pour le retrouver en train de négocier un contrat coquin avec un dominant habillé en cuir, et il vous dit « salut ».

Il renifla.

— Je n’ai jamais été aussi fier de quoi que ce soit de toute ma vie.

- Tu ne peux pas l'assassiner juste parce que tu en as envie.

- Il a fait bondir ta magie, gronda Ryan. C'est ainsi que ça commence. D'abord c'est ta magie, ensuite c'est ton pénis, et puis tu finiras par me regarder fixement en te demandant pourquoi moi je ne fais plus bondir ta magie ou ton pénis. Ensuite, tu deviendras vraiment amer envers moi et tu te demanderas pourquoi je ne peux pas me plier et toucher mon pied derrière ma tête, comme lui, ensuite tu t'enfuiras avec Ruv - sérieusement, c'est quoi ce nom ? - et tu te marieras avant d'avoir des petits bébés gitans ou des trucs dans le genre.

Je l'observai, bouche bée.

Il fusillait le sol du regard, la main toujours crispée autour de son épée.

- Je ne vais rien faire de tout ça, lui promis-je enfin. Mais waouh, c'était impressionnant. Mec. Je suis impressionné.

Il leva les yeux au ciel.

- Il ne faut pas grand-chose pour t'impressionner, Sam.

- Tu as de la chance alors.

- Hé !

— Alors le premier réflexe que tu as quand tu me vois convulser, c’est de me frapper ?

— Je t’ai d’abord appelé, répliqua-t-il en fronçant les sourcils. Genre... trois fois.

— Oh, alors ça arrange tout. Sam, Sam, Sam, oh ça ne fonctionne pas. Je devrais probablement faire subir des violences domestiques à mon petit ami en lui donnant un coup dans la bouche. C’est honteux. Nous devons suivre une thérapie de couple si nous voulons survivre à ça.

Il leva les yeux au ciel.

— Je suis ravi de voir que tu es toujours comme avant.

— Génial ?

— Ce n’est peut-être pas le mot que j’allais employer.

— Oui, eh bien, les agresseurs n’utilisent pas ces mots.

— Je ne t’ai pas agressé... tu sais quoi, non. Tu ne vas pas détourner la conversation. C’était quoi ce délire ?

— Je suis tellement triste ! gémit Gary. Mon amant dragon pense que son nom devrait passer en premier.

— Moi triste aussi ! cria Tiggy.

Il prit la licorne dans ses bras et la berça.

— Sam ! Toi être triste avec nous !

— Nom des Dieux, marmonnai-je.

Je fis un pas vers eux.

— Qu’est-ce que tu fais ? demanda Ryan.

Il m’attrapa par le bras.

— On doit s’occuper de ça.

— Le code des frérots, lui expliquai-je. L’amitié avant les pépées. Désolé, bébé.

— Je ne suis pas une pépée.

Je lui tapotai la main. Le pauvre. Le déni était une chose terrible.

— Pourquoi es-tu avec moi ? Après tout ce qu’il s’est passé, après tout ce qu’on a traversé, pourquoi es-tu toujours là ?

Il leva les yeux au ciel.

— Tu es sérieux ? Tu es si stupide que ça ?

— Voilà le romantisme dont j’avais besoin. Mes Dieux, j’ai une érection romantique qui palpite, tu n’imagines même pas. Mets le trou de ta bouche sur moi et laisse-moi sentir tes entrailles.

Il me donna une pichenette sur le nez. Je criai et lui donnai une tape sur les mains, parce que je détestais quand les gens faisaient ça.

— Tu sais pourquoi.

— Ah oui ?

— Souviens-toi. Au sommet de la tour.

— Le donjon du dragon.

— Oui. Toi et moi.

— Toutes ces étoiles.

— Je ne voyais que toi.

— Andouille, marmonnai-je.

Même si sa déclaration m’avait réchauffé.

— Probablement parce que tu étais en train de me briser le cœur.

— Ouais, souffla-t-il. Le mien aussi. Mais tu te souviens de ce que j’ai dit ?

Mais tu dois me croire quand je te dis que ça a toujours été toi. Je le promets. Je le promets. Je le promets, parce que quand je regarde les étoiles, il n’y a rien que je souhaite plus que toi.

— Je m’en souviens, dis-je.

Comme si je pouvais oublier. Comme si ces mots n’étaient pas gravés dans mon âme.

— C’était... charmant. Quand j’y repense. À ce moment-là, je croyais que tu étais un crétin, mais maintenant ? Bien joué.

Il gloussa.

— Je suis plutôt doué.

— Presque doué.

Il se calma avant de dire :

— Je le pense, Sam. Chaque mot. Pour moi, ça a toujours été toi. Je t’ai aimé avant même de savoir ce que cela signifiait. Voilà pourquoi.

« Qu’ils aillent se faire voir.

Qu’ils aillent tous se faire voir.

J’étais Sam l’Indomptable.

Et j’allais faire face à mon foutu destin. »

— Garde un œil sur les idiots, marmonnai-je à Ryan. Je dois parler à Ruv.

— Tu dis ça comme s’ils allaient s’éloigner si nous détournions le regard, railla Ryan.

Il plissa les yeux à cause du soleil.

— Attends. Dès que je l’ai dit, je me suis rendu compte qu’ils allaient s’éloigner si on détournait le regard. Compris. Oh et, autre chose.

Il m’attrapa par la nuque et m’attira contre lui, m’embrassant passionnément d’une façon obscène. Sa langue était contre la mienne et je sentais ses dents érafler mes lèvres. Il roula des hanches, une fois, deux fois, puis s’écarta. Je clignai lentement des yeux. Il sourit de cet air prétentieux que je détestais et adorais.

— C’est mieux.

— Guh, rétorquai-je.

— Exactement. Vas-y, champion.

Il me donna une vive claque sur les fesses avant de se retourner vers Gary et Tiggy.

— Gary ! Je vais t’expliquer ce jeu une fois de plus...

Avez-vous déjà essayé de marcher dans le désert avec une demi-molle dans votre pantalon ?

Ça craint.

— Stupides chevaliers sexy, marmonnai-je.

Je me dépêchai de rattraper Kevin et Ruv, ajustant mon membre en même temps.

— Avec leur stupide sexytude.

Kevin se tenait au-dessus de l’abri reconstruit, riant avec Justin en rejouant la fois où le dragon l’avait kidnappé et m’avait balancé sur l’entrepôt d’armes. Je leur lançai à tous les deux un regard noir tandis que Kevin se laissait tomber en arrière et poussait un cri aigu qui était certainement une imitation de moi en train d’atterrir sur l’abri. Justin hurla de rire jusqu’à ce qu’ils remarquent que je les observais. Puis, ils me montrèrent du doigt et recommencèrent, parce qu’ils étaient des crétins et que je les détestais tous les deux.

Mais j’avais beau essayer, je ne comprenais pas pourquoi des dizaines de gens marcheraient en cercle devant le Château de Lockes, portant tous des T-shirts vulgaires sur lesquels étaient dessiné mon visage barré d’une grande croix rouge et brandissant des pancartes qui disaient des choses aussi drôles que : SAM L’INDOMPTABLE EST UNE PERSONNE HORRIBLE ! et SAM L’INDOMPTABLE FRAPPE DES BÉBÉS et SAM A ESSAYÉ DE PRENDRE MA VIRGINITÉ CONTRE MON GRÉ.

— Tu as essayé de prendre quoi ? s’étouffa Ryan.

— Je n’ai rien fait ! protestai-je. Je ne sais même pas qui c’est !

Et je ne le savais vraiment pas. Je ne reconnaissais aucune de ces personnes marchant en cercle et hurlant : « Ho, ho, hé, hé, Sam l’Indomptable doit s’en aller ! Hé hé, hi, hi, il faut qu’il perde la vie ! »

— Eh bien, c’est juste malpoli, décréta maman.

— Et peut-être un peu déplacé, renchérit papa en fronçant les sourcils. À moins qu’il ait frappé des bébés et que nous n’en ayons pas eu vent. Si c’est le cas, alors je devrais défiler avec eux.

— Je n’ai frappé aucun bébé !

— Je peux m’en porter garant, me défendit Gary. Je n’ai jamais vu Sam frapper un bébé. 

— Merci, Gary.

— Mais, poursuivit la licorne, je ne suis pas tout le temps avec lui, donc il pourrait tout aussi bien être un serial frappeur de bébés et je protègerais un fou qui commet des crimes inconcevables.

— Je vais te mettre mon pied au cul, le menaçai-je.

Gary écarquilla les yeux en caracolant joliment derrière Tiggy.

— Attention tout le monde ! Sa rage de frappeur de bébés arrive ! Cachez vos enfants ! Gardez-les en sécurité !

Morgan soupira.

– Randall ne t’a pas pris en grippe.

– C’est ce que vous, vous croyez. Vous ne voyez pas comment il m’observe, parfois.

– Et je vais mordre à l’hameçon, soupira-t-il. Comment te regarde-t-il ?

– Comme si j’étais un idiot.

– Sam. Tu es un idiot.

– Oh. Les choses deviennent beaucoup plus logiques maintenant.

– C’est drôle, hein ?

– C’est révélateur, pour ne pas dire plus. Je vais peut-être devoir rectifier certaines choses dans ma vie. Ou les garder ainsi pour voir jusqu’où je peux aller.