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L'évocation de ce dernier instant de liberté humecta ses yeux de ces larmes qu'elle croyait avoir épuisées dans les derniers jours - mais la tristesse est un puits infini où le seau du souvenir s'enfonce sans relâche.

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Extrait ajouté par Emmyw13 2021-07-06T16:44:25+02:00

Et tandis que les secondes s’écoulaient, impassibles, comme des pépites d’or des mains d’un avare, elle fredonna avec plus d’insistance, déliant ses lèvres et son cœur, attirant à la fois l’attention des anges et celle du diable. Dans ce monde désormais vide de beauté, la seule dont elle put s’éprendre fut celle qu’elle-même créait ; son chant fut à la fois prélude et requiem. "

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Extrait ajouté par Emmyw13 2021-07-06T16:41:01+02:00

Rien ne l’excite autant que de posséder le pouvoir d’enlever la vie d’une simple flexion du doigt. N’est-ce pas le pouvoir des tyrans qui d’un ordre condamnent sans procès l’innocent et le coupable ? La force pétrifiante de la Méduse, que l’on croyait capable de tuer d’un regard ? Un petit coup de l’index, et la vie devient mort, le sang se coagule, le cœur se noie dans son essence. "

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L es poches de pommes et les bouteilles de bière vides rebondissent bruyamment dans la caisse béante du vieux Ford F-150 au rythme des zigzags sur la route de Sainte-Béatrix. La musique lacérant les vétustes haut-parleurs du véhicule assourdissent ces tintements et secousses pourtant vifs. Fenêtres ouvertes, bras nonchalants tapotant l’extérieur de la portière, Paul et Rob se jouent des passants que n’épargnent pas les accords dissonants. En vérité, rien ne leur plaît davantage que de semer la frustration et le dérangement sur leur chemin — nulle raillerie plus savoureuse que celle lancée à l’impuissant. Chaque doigt d’honneur, chaque secouement de tête leur étant adressé ne sont qu’un rire à joindre au bouquet d’insolence savouré par les deux hommes.

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Le flambeau illumina d'abord le plancher à proximité, où ballottait mollement le seau de métal, puis s'éleva lentement au rythme des tremblement de la main glacée qui le tenait : avec une terreur sans nom, les adolescents virent d'abord deux pieds nus, déformés par une callosité épaisse ravinée par le froid; vinrent à leur vision des jambes, partiellement couvertes du bas d'une robe souillée de terre et de sang; une main crispée, tenant chacune un couteau de boucher au tranchant miroitant.

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Les tapotements se murent lentement en caresses : ses doigts longent le pelage chaud du chevreuil moribond, contournent sa première blessure à la cuisse, sa seconde au ventre, puis montent jusqu'à la gorge secouée de halètements. L'oeil hagard de l'animal, écarquillé, semble le supplier d'en finir, cependant le chasseur éprouve un plaisir immodéré à assister à sa lente agonie.

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