Extraits

Là, entre deux hautes pierres sombres, parfaitement immobile, se tenait un jeune homme enveloppé dans une lourde et épaisse cape noire. Sous sa capuche dégoulinante d'eau, je pus apercevoir des parcelles de son visage. Un visage d'une blancheur d'outre-tombe, dur et menaçant, creusé d'ombres et d'obscurité. Et surtout, ce qui me coupa le souffle fut la vision de ses deux yeux flamboyants d'une lueur d'un rouge écarlate diabolique, reflétant les flammes de l'enfer. Nul être humain ne pouvait posséder pareil faciès et regard aussi terrifiant.

Le vieil homme me précéda. Pour la première fois depuis mon réveil, je mis le nez hors de cette maisonnée. Le soleil était déjà bas dans le ciel, le temps serein. Face à nous, sur notre droite, se tenait la forêt, riche, profonde, mariant subtilement toutes les teintes de vert connues dans ce bas monde. Sur notre gauche, un sentier sinuait pour rejoindre un regroupement de huttes et de petites maisons de pierre. Je voyais quelques enfants jouer et courir autour des enclos des bêtes de somme et quelques femmes battre du linge dans de grands baquets.

Pradaeg s’engagea dans la clairière. Il marchait à grandes enjambées rapides et j’avais du mal à le suivre, sentant encore mon corps se rebeller devant cet effort soudain. Je clopinais derrière le religieux tout en essayant d’observer les alentours.

J’espérais qu’une maison ou un faciès évoquerait en moi quelque chose, un souvenir de ma vie ou de mon existence. Mais rapidement, je me rendis compte que ce lieu et ces habitants m’étaient tous complètement inconnus.

En traversant le village, les visages des femmes se relevèrent, me jetant des regards tantôt intrigués, tantôt agressifs, pour retourner bien vite à leurs tâches ménagères.

Aujourd'hui, il se tient au côté du Prince du peuple de l'Aigle en essayant de redorer son blason. C'est certainement pour cela qu'il te tourne et te tournera encore autour. Mais, je ne le laisserai pas m'enlever la femme que j'aime.