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Une fois encore, elle m'a embrassé, un baiser authentique. Le genre de baiser qu'on ne pouvait pas réellement qualifier de baiser, le genre de baiser qui impliquait un méli-mélo de bras, de jambes, de cous et de cheveux, le genre de baiser qui a expédie le couvre-lit au sol, qui a amené les fenetres à se réparer d'elles-memes, le bureau à se redresser, les vetements à retourner sur leurs cintres, et la pièce glacée à redevenir tiède. Une flamme a jailli dans la petite cheminée glacée, source de chaleur qui n'avait rien de comparable à la fièvre qui parcourait mon corps. La décharge électrique qui m'a secoué a atteint une violence inégalée, et les battements de mon coeur se sont accélérés.
Afficher en entierAu moment où elle le formulait, des lettres sont apparues, lentement, dessinant les termes un à un.
Tu
n'es pas
le seul
à être
amoureux.
Afficher en entierChute.
Je dégringolais en chute libre.
Ethan !
Elle m'appellait. Le seul son de sa voix provoquait les battements de mon coeur.
A l'aide !
Elle aussi tombait. Je tendais les bras pour essayer de la retenir, mais je ne saisissais que du vide.
p.15
Afficher en entierL'amour est-il plus fort que le destin ?
Afficher en entierLe feu est passé au vert, et La Poubelle a bondi en
avant. J’avançais à l'aveuglette - et ce, dans tous les sens
du terme. De nouveaux éclairs. Un ,deux. Ça se rapprochait.
Les essuie-glaces ne m'étaient d'aucune utilité. Éclair. Un.
Le tonnerre a roulé sur le toit de la voiture, la pluie s'est mise à l'horizontale, et le pare-brise a tremblé comme s'il s'apprêtait à céder à tout instant. Ce qui, vu l'état de la caisse, n'était pas improbable.
Je ne chassais pas la tempête. C'était elle qui me chassait, et elle m'avait trouvé. J'avais de plus en plus de mal à
maintenir les roues sur la chaussée humide, et La Poubelle a dérapé, zigzaguant follement sur les deux voies de la
Nationale 9. La visibilité était nulle. J'ai enfoncé la pédale de frein, la voiture a effectué plusieurs tête-à-queue dans l'obscurité. Pendant une toute petite seconde, les phares ont clignoté, et des yeux verts énormes m'on toisé, au beau milieu de la route. D'abord, j'ai cru à un cerf. Je me trompais.
Il y avait quelqu'un dehors !
Je me suis accroché de toutes mes forces au volant.
Mon corps a été projeté contre la portière.
Un main tendue. J'ai fermé les yeux pour anticiper le choc.
Rien.
La Poubelle s'est arrêtée dans un soubresaut, à moins d'un mètre de la silhouette. Les phares formaient un cercle de lumière pâle dans l'averse et se reflétaient sur l'une des capes de pluie bon marché qu'on trouve à
trois dollar dans les drugstores. Une fille. Lentement, elle a retiré le capuchon, exposant ses traits aux gouttes.
Prunelle vertes, cheveux noirs.
Lena Duchannes.
J'avais le souffle coupé. Je savais que ses yeux étaient verts, je les avais vu auparavant. Ce soir pourtant, ils
paraissaient différents, différents de tous les yeux que j'avais jamais croisés. Immenses et d'un vert artificiel, d'un vert électrique, comme celui des éclairs qui déchi- raient le ciel. Débout sous la pluie, elle était presque
inhumaine.
Je suis descendu de La Poubelle sans couper le contact, laissant la portière ouverte. Ni elle ni moi n'avons prononcé
un mot, plantés au milieu de la nationale, sous un déluge comme on n'en connaissait que lors d'un ouragan ou d'une tempête de force 12. Le sang courait dans mes veines, mes muscles étaient rigides, comme si j’anticipais encore l'impact de la collision.La chevelure de Lena fouettait l'air, dégoulinante d’eau. J'ai avancé d'un pas. L'odeur ma assaillit: citrons humides,romarin humide. Instantanément, le rêve m'est revenu, telles des vagues s'écrasant sur ma tête. Sauf que, cette fois, quand l’inconnue onirique ma échappé, j'ai distingué son visage.
Afficher en entierDes papillons dans l'estomac, dit-on. Quelle métaphore idiote! Plutôt des abeilles tueuses, oui.
Afficher en entierSeize lunes, seize années,
Seize de tes pires peurs,
Seize songes de mes pleurs,
Tombent, tombent les années...
Afficher en entierIl n'y avait que deux types de citoyens dans notre ville. "Les bouchés et les bornés", selon l'affectueuse expression de mon père pour qualifier nos voisins. "Les trop bêtes pour partir et les condamnés à rester. Les autres finissent toujours par trouver une façon de s'en aller." La catégorie à laquelle lui-même appartenait avait beau être évidente, je n'avais jamais eu le courage de l'interroger à ce sujet.
Afficher en entier" Au bout du compte, il s'est révélé que je me trompais completement.
Car il y eu une malediction.
Une fille.
Et, pour terminer, une tombe.
Je n'ai rien vu venir."
Afficher en entierillumelestenebresilluminelestenebresillumineslestenebres...
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