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L'image que se faisait Brunetti du Parlement était assez voisine de celle que la plupart des italiens se font de leur belle-mère. Bien que ne pouvant s'appuyer sur le type de loyauté due aux liens du sang, une belle-mère italienne n'en exige pas moins obéissance et respect, sans pourtant jamais se comporter de manière qui les lui ferait mériter.
Afficher en entierAu fond, l’institution militaire, en Italie ou ailleurs, n’était pas très différente de la Mafia : dominée par des hommes qui n’avaient que mépris pour les femmes, des individus qui étaient incapables de se comporter en hommes d’honneur ou de manière simplement honnête hors de leur service, avides de pouvoir, pleins de mépris pour la société civile, et simultanément froussards et violents. Non, peu de chose les distinguait l’une de l’autre, sinon que l’une était facilement reconnaissable par ses uniformes alors que l’autre avait un penchant plus net pour Armani et Brioni.
Afficher en entierAvant d’abandonner la vie politique, le dottor Fernando Moro avait été pendant quelques années député au Parlement italien et comptait parmi les rares représentants à être universellement reconnu pour avoir rempli ses fonctions honnêtement et honorablement. Les petits plaisantins vénitiens racontaient que ses collègues l’avaient constamment fait passer d’un comité à l’autre tant cette honnêteté était un embarras pour eux : dès l’instant où il devenait évident que Moro était immunisé contre les tentations de l’argent et du pouvoir, ils n’avaient de cesse de l’évincer de leur fromage. On citait souvent sa carrière comme un exemple du triomphe de l’espoir devant l’expérience, comme l’avait si bien dit Samuel Johnson, car chacun des présidents qui avait vu Moro nommé dans son comité était convaincu que, cette fois, il arriverait bien à lui faire comprendre qu’il fallait soutenir les projets de loi qui avaient pour fin de remplir les poches de quelques-uns aux dépens de tous.
Afficher en entierLe commandant ne prit pas la peine de se lever. Brunetti attendit quelques instants, curieux de voir si l’homme allait souligner le fossé qui les séparait en consultant un document sur son bureau alors que Brunetti n’était même pas encore sorti. Mais non. Il resta assis, les mains croisées sur le plateau, immobile, regardant Brunetti.
Afficher en entier– Je me fiche pas mal de ce qui peut arriver à mon ouïe, expliqua le garçon.
– Tu t’en fiches ? s’étonna Brunetti, incrédule devant un tel aveu. Tu te fiches de devenir sourd ?
– Non, ce n’est pas ça, dit le jeune boutonneux, ayant envie, à présent, de se faire comprendre. Ça va prendre des années avant d’arriver. C’est pour ça que je m’en fiche. C’est comme ce truc sur le réchauffement de la planète. Rien n’a d’importance quand ça prend autant de temps.
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