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Il fallait du temps pour lire des livres. Pour en écrire aussi. Et personne désormais ne semblait prendre le temps ni de lire ni d'écrire.
Afficher en entierLes gens prennent des jolies photos de livres et balancent ça sur les réseaux sociaux avec les bons hashtags, mais personne ne lit. Ou très peu. Les livres sont devenus des objets de décoration.
Afficher en entierDe quoi sont faites nos vies, Clarissa ? D'une mosaïque de tendresse, de désirs, de regrets, d'instants qui passent, et des traces que laisse ce monde sur nos émotions, notre intimité, nos rêves.
Afficher en entierDes individus de tous âges, de tous milieux, de toutes nationalités postaient la vidéo de leur suicide. C’était un défilé frénétique, une téléréalité atroce, qui dépassait l’entendement. La littérature n’avait plus sa place dans ce déferlement du direct, l’image régnait toute-puissante et obscène, sans jamais rassasier. Lorsque les écrivains avaient voulu se pencher sur les attentats, leurs livres n’avaient pas été lus, ou si peu. On se déplaçait éventuellement pour les écouter, lorsqu’ils présentaient leur texte, mais de là à l’acheter… Lire ne réconfortait plus. Lire ne guérissait plus.
Afficher en entierLes robots étaient incapables de percer la magie aléatoire et si délicate de l'inspiration, de saisir comment une idée venait à un artiste, comme elle prenait naissance dans son cerveau, telle une perle façonnée par le hasard et les revers de la vie intime, peaufinée par l'émotion et la sensibilité, tout ce qui rendait les humains infiniment humains, et infiniment vulnérables. L'originalité, l'ambiguïté, la beauté procédaient de ces imperfections, de ces failles, de ces doutes." (p 298)
Afficher en entierPetit à petit, les phrases interminables avaient délivré un sens, d'une façon extraordinaire, comme un long poème qui aurait ouvert des fenêtres devant ses yeux, en laissant pénétrer un souffle continu, des tonalités, des fragrances. Virginia Woolf n'écrivait pas pour séduire, pour captiver ses lecteurs grâce à des procédés superficiels, non, pas du tout. Elle leur jetait un sort, avec calme et douceur, de telle manière qu'au début ils ne se doutaient pas qu'ils avaient été ensorcelés, et la suivaient, dociles. Mais progressivement, elle les forçait à réfléchir, à se poser des questions ; elle les surprenait ; elle les ébranlait. Et c'était cela que Clarissa admirait le plus. La façon dont Virginia Woolf entraînait ses lecteurs dans les pensées de ses personnages. La vie entière de Mrs Dalloway était dévoilée en une seule journée, grâce au va-et-vient incessant entre le passé et le présent. Toute la prouesse du roman se trouvait là." (p 210)
Afficher en entierElle avait vite découvert que lire Virginia Woolf, son absence de dialogues, ses très longues phrases, exigeait un certain effort. Elle n'avait jamais rien lu de tel. Elle se sentait sotte, inculte. Sans doute n'était-elle pas assez sophistiquée ou assez littéraire. Elle s'y était remise avec obstination." (p 210)
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