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Moi j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. Et puis après? Est-ce que tu t'imagines qu'on peut gouverner innocemment?
Afficher en entier« KARSKY - J'ai rencontré votre père la semaine dernière. Est-ce que ça vous intéresse encore d'avoir des nouvelles?
HUGO - Non.
KARSKY - Il est fort probable que vous porterez la responsabilité de sa mort.
HUGO - Il est à peu près certain qu'il porte la responsabilité de ma vie. Nous sommes quittes. »
P.139
Afficher en entierComme tu tiens à ta pureté, mon petit gars ! Comme tu as peur de te salir les mains. Et bien, reste pur ! A quoi cela servira-t-il et pourquoi viens-tu parmi nous ? La pureté, c'est une idée de fakir et de moine. Vous autres, les intellectuels, les anarchistes bourgeois, vous en tirez prétexte pour ne rien faire. Ne rien faire, rester immobile, serrer les coudes contre le corps, porter des gants. Moi j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je les ai plongés dans la merde et dans le sang.
Afficher en entierA moitié victime, à moitié complice, comme tout le monde.
Afficher en entierHOEDERER
- ... Quelle rage avez-vous tous de jouer aux tueurs ? Ce sont des types sans imagination : ça leur est égal de donner la mort parce qu'ils n'ont aucune idée de ce que c'est que la vie. Je préfère les gens qui ont peur de la mort des autres : c'est la preuve qu'ils savent vivre.
Afficher en entierElle a jeté un pétard contre le mur. Il n’y a pas de quoi être fière: elle ne nous voyait même pas. N’importe qui peut tuer si on ne l’oblige pas à voir ce qu’il fait.
Afficher en entier« HOEDERER - Tu y penserais : un intellectuel, il faut que ça pense. Avant même de presser sur la gâchette tu aurais déjà vu toutes les conséquentes possibles de ton acte: tout le travail d'une vie en ruine, une politique flanquée par terre, personne pour me remplacer, le Parti condamné peut-être à ne jamais prendre le pouvoir…
HUGO - Je vous dis que je n'y penserais pas !
HOEDERER - Tu ne pourrais pas t'en empêcher. Et ça, vaudrait mieux parce que, tel que tu es fait, si tu n'y pensais pas avant, tu n'aurais pas trop de toute ta vie pour y penser après (Un temps) Quelle rage avez-vous tous de jouer aux tueurs ? Ce sont des types sans imagination: ça leur est égal de donner la mort parce qu'ils n'ont aucune idée de ce que c'est que la vie. Je préfères les gens qui ont peur de la mort des autres : c'est la preuve qu'ils savent vivre. »
P.219
Afficher en entier« HUGO - Je suis entré au Parti parce que sa cause est juste et j'en sortirai quand elle cessera de l'être. Quant aux hommes, ce n'est pas ce qu'ils sont qui m'intéresse mais e qu'ils pourront devenir.
HOEDERER - Et moi, je les aime pour ce qu'ils sont. Avec toutes leurs saloperies et tous leurs vices. J'aime leurs voix et leurs mains chaudes qui prennent et leur peau, la plus nue de toutes les peaux, et leur regard inquiet et la lutte désespérée qu'ils mènent chacun à son tour contre la mort et contre l'angoisse. Pour moi, ça compte un homme de plus ou de moins dans le monde. C'est précieux. Toi, je te connais bien, mon petit, tu es un destructeur. Les hommes, tu les détestes parce que tu te détestes toi-même; ta pureté ressemble à la mort et la Révolution dont tu rêves n'est pas la nôtre : tu ne veux pas changer le monde, tu veux le faire sauter. »
P.200
Afficher en entier« HUGO - Tirez sur moi, je vous dis. C'est votre métier. Écoutez donc : un père de famille, c'est jamais un vrai père de famille. Un assassin c'est jamais tout à fait un assassin. Ils jouent, vous comprenez. Tandis qu'un mort, c'est un mort pour de vrai. Être ou ne pas être, hein ? Vous voyez ce que je veux dire. Il n'y a rien que je puisse être sinon un mort avec six pieds de terre par dessus la tête. Tout ça, je vous dis, c'est de la comédie. (Il s'arrête brusquement) Et ça aussi c'est de la comédie. Tout ça ! Tout ce que je vous dis là. Vous croyez peut-être que je suis désespéré ? Pas du tout : je joue la comédie du désespoir. Est-ce qu'on peut en sortir ? »
P.159
Afficher en entier« HUGO - Tu vois : tout le monde est calme, tout le monde est content. Il saignait comme un cochon, il s'essuyait la joue en souriant, il disait : "Ce n'est rien." Ils ont du courage. Ce sont les plus grands fils de putain de la terre et ils ont du courage, juste ce qu'il faut pour t'empêcher de les mépriser jusqu'au bout. (Tristement.) C'est un casse tête. (Il boit.) Les vertus et les vices ne sont pas équitablement répartis. »
P.154
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