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C'est l'absence de ces choses-là qui nous rend inhumains; notre incapacité à tenir ensemble les débris de notre individualité.
Afficher en entier— Laissez-la donc aller ! Revenez, Basil.
Je regagnai l’intérieur du grand foyer.
— Elle ne peut plus rien contre nous, désormais. Nous sommes trop nombreux pour elle. Venez, allons plutôt nous reposer dans la loge de feu Napoléon. Je suis sûr que ce que le menu des réjouissances sera à votre goût.
Sa voix changea tandis qu’il s’adressait au reste des vampires, pour devenir dure et implacable :
— Vous autres, retournez à vos occupations.
La foule se dispersa en silence. Intérieurement, je jubilai d’être parvenu au rang de favori en si peu de temps. Une glorieuse ascension !
— Venez, Basil.
Il partit si vite que je le crus évanoui en brume. Je le suivis difficilement, tel un enfançon cherchant à rattraper une ombre, jusqu’à une porte dissimulant un escalier sombre et étroit. Sur le palier, une autre porte, devant laquelle Dorian stoppa une seconde en m’attendant. Avant que de l’ouvrir, il me prévint d’un ton presque lugubre :
— Derrière ce panneau, vous entrez dans mon univers, un univers où les vampires sont à la recherche de plaisirs toujours plus raffinés et… inédits. J’espère que vous y prendrez goût comme moi j’y ai pris goût.
Il ouvrit la porte, et le courant d’air répandit sur nous une brume étrange, dont les filaments vinrent caresser peau et cheveux avec une étonnante viscosité.
— Cela, mon cher Basil, est le seul air que je vous autorise à respirer.
— Bien.
— Goûtez donc ce nectar.
J’inspirai profondément. La substance roula sur ma langue comme un sang trop épais, puis coula jusqu’à mes poumons avec la langueur du miel durci. Un délicieux chatouillement de l’esprit naquit de cette première inspiration.
— Qu’est-ce donc ? demandai-je, ouvert à cette sensation inconnue.
Dorian m’invita à entrer puis referma la porte afin que la fumée ne s’échappe pas.
— De l’opium.
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