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Elle vécut ainsi une journée, puis deux, puis trois, et quelques jours encore au cours desquels se forma dans son âme un espace bien rond de joie qu’elle ressentait physiquement comme un gonflement à l’intérieur de la cage thoracique, qui allait jusqu’à lui procurer une douleur dans les côtes.
Afficher en entierEnsuite trois pigeons au plumage gonflé et hérissé arrivèrent à petits pas. (…) Genele sortit de son sac à provisions un pot de pain trempé qu’elle récupérait chez les voisins – il n’y avait jamais de restes chez elle –, elle écrasa le pain et en fit trois parts égales. Mais les stupides oiseaux ne comprenaient rien à l’équité, à moins qu’ils n’aient été des collectivistes convaincus. Ils se bousculaient pour se jeter tous les trois sur le tas le plus proche qu’ils picoraient avidement, sans remarquer les deux autres.
Afficher en entierTante Genele avait un tempérament de militante mais, comme les grandes causes ne lui avaient pas été échues, elle se consacrait bon gré mal gré à des problèmes relativement futiles : elle surveillait notamment la propreté du coin nord-ouest d’un square assez vaste à l’intérieur d’un pâté de maisons. En fait, elle aurait été de taille à s’occuper du square tout entier, mais elle avait préféré prendre une parcelle plus petite pour atteindre, là au moins, à la perfection. Tante Genele adorait la perfection.
Afficher en entierIrina écoutait attentivement Bronka, à la fois stupéfaite et légèrement hostile : cette ancienne petite traînée, cette risée de toute la cour n’aurait pas dû avoir des sentiments aussi complexes, des sensations aussi profondes. Cela détruisait les convictions inébranlables qu’Irina Mikhaïlovna avait sur la vie…
Afficher en entierMais Lialia avait une subtile théorie du mariage, d'après laquelle les tromperies conjugales ne faisaient que le renforcer, en suscitant chez les époux un sentiment de culpabilité qui cimentait tendrement toutes les lézardes ou les brèches dans les relations. Lialia ne supportait pas les drames, ne se liait jamais d'amitié avec des femmes enclines aux souffrances amoureuses et au pathos romantique, et son expérience de la vie la confortait dans la justesse de ses convictions. Son propre bonheur familial se multipliait en un bonheur extrafamilial.
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