Extraits

— D’abord… j’attendrais que tu sois seule à la maison. Je porterais une cagoule et des gants noirs. Je ferais couler un bain pendant que tu dormirais à poings fermés, laissant la vapeur emplir la pièce. Je pénétrerais dans ta chambre et prendrais le temps de t’observer pendant ton sommeil. Je retirerais la couverture de ton magnifique corps et passerais doucement ma main sur ta joue, tes bras, tes seins… jusqu’à ce que tu ouvres doucement les paupières.

Je frémis. Il me raconte comment il me tuerait… Mon cœur bat la chamade et des gouttes de sueur apparaissent sur mon front.

— Quand tu gémirais de peur en me voyant, je plaquerais ma main sur ta bouche pour étouffer tes cris. Je t’amènerais de force, ton corps plaqué contre le mien pendants que tu te débats. Rendus près du bain, je t’arracherais tes vêtements avec hâte et avidité. Je te plongerais doucement dans la baignoire en te forçant à rester sous l’eau. Tes mains s’agripperaient désespérément à mon bras et je prendrais plaisir à exercer un pouvoir sur toi, ton corps et ta vie.

- Est-ce que tu es amoureuse de moi, Engy ?

Cette question me déstabilise. Je lui ai dit une seule fois que je l'aimais bien, mais c'était dans un contexte particulier. Il s'apprêtait à faire du mal à Dustin, j'ai alors dit la seule chose qu'il fallait. Désormais, il n'est pas stupide, il a fini par le remarquer.

Mes doigts entourent mon verre de jus d'orange. Je lèche doucement ma lèvre avant de répondre directement avec mon cœur et non avec ma tête :

- Je suis en train de tomber amoureuse de toi...

Jaylen soutient mon regard et j'ajoute :

- Sachant tout ce que tu as fait. Sachant ce que tu es. Sachant ce que tu es encore prêt à faire...

Il baisse les yeux et regarde sa cigarette entre ses doigts. Je ne sais pas à quoi il pense.

Les minutes s'écoulent. Une délicate pluie commence à tomber. Jaylen ne bouge toujours pas. Il est si difficile à déchiffrer. Je ne voudrais pas me retrouver dans ses pensées. Il jette sa cigarette. La pluie décore son visage et ses bras en les perlant. Il finit par relever la tête et je jure qu'à ce moment, quelque chose a changé en lui. Dans ses yeux, il n'y a plus ce voile. Son regard est profond. Sincère... Il projette... du regret...

- Putain, Engy... Il ne le faut pas... Je devrais te laisser partir. Je t'aime tellement que je suis prêt à te tenir loin de moi. Mais mon côté égoïste m'ordonne de ne pas te laisser partir. Je suis incapable de te voir ailleurs qu'auprès de moi. Cette fois, je te crois quand tu me dis que tu tombes amoureuse de moi, car j'en ai la preuve sous les yeux... Tu es ici. Et putain, tu m'as laissé te faire l'amour...

Il se mordille la lèvre et se redresse sur sa chaise, comme si les images de nous lui revenaient à l'esprit.

Le silence se remplit de nouveau dans le séjour. Je risque un regard…

— Qu’est-ce que tu attends, Jaylen ? Tout ce que tu as fait est si lourd… que même avec toute la force du monde, j’aurais honte d’ignorer et de tourner la page. Pourquoi me dis-tu ça maintenant ?

— Parce que ces étincelles qu’il y avait dans tes yeux, le jour où tu es venue cogner à ma porte quand on vivait l’un en face de l’autre, ont disparues. Je les ai détruites.

— Et alors ? C’est ton boulot de tuer la moindre parcelle de vie qu’il y a dans le regard d’une personne, non ?

- J'ai aimé une seule fille dans ma vie. Et mon père l'a tuée quand elle s'est retrouvée nez à nez avec le corps d'un homme dans le coffre de ma voiture. Je l'aimais tellement, Engy. J'étais fou d'elle. Et tu sais quoi ?

- Hum... Non

- Je ressens une nouvelle fois ce même désir quand je te vois. Je te veux, et c'est comme si je voulais que tu m'appartiennes. Je ne peux pas te tuer. Pas toi.

Je prend une énorme respiration

- C'était une russe, à l'époque où j'étais dans son pays. Putain, Engy... j'étais fou d'elle. Et je te désire encore plus. Et cette fois, je ne laisserai personne te faire du mal.

Je suis complètement bouche bée. Cette fille... Il n'a pas la garder en vie... Il ressent le besoin de se racheter avec moi ?

Je ne suis pas jaloux, je suis territorial, je protège ce qui m'appartient déjà.

Ce n'est pas comme si je ne le savais pas, je sais que je suis folle ! Jaylen m'a rendue folle et maintenant je baigne dans la folie. Je mets quiconque au défi de vivre avec un tueur, constamment dans la peur, et d'en sortir indemne mentalement. Surtout si le ravisseur a un faible pour sa captive, on en finit par ne plus savoir si, pour survivre, on doit le détester ou alors... l'aimer.

-Tu n'es pas contente?

Il rit sarcastiquement, cherchant à me provoquer.

-Et merde! m'emporté-je.

Sans réfléchir, une main sur son torse, je pousse Jaylen et tente de m'éloigner de lui. Je suis furieuse. D'un mouvement brusque, Jaylen me fait reculer jusqu'à ce que mon dos cogne le mur derrière moi.

-Putain Engy! Dis-moi que ça te fait plaisir! Parque j'étais à un cheveu de brûler sa baraque! Il dormait, ivre mort, il suffisait que je craque une allumette pour le voir disparaître! Putain! J'ai pensé à toi et ce type est probablement la seule personne, mise à part moi, qui risquerait sa vie pour toi. Et si je le tuais, je t'aurais définitivement tout pris. Je suis désolé, je ne sais pas faire autrement que faire du mal. Je suis une pourriture venant d'une famille sans âme, mais ça, tu crois que je l'ai voulu? Tu crois que j'ai demandé une vie ainsi? Jamais je ne pourrais vivre normalement après tout ce que j'ai fait. Et tu sais quoi? Je me sentirais encore plus une ordure d'aller travailler comme monsieur et madame tout le monde et d'agir comme une personne normale alors que j'ai pris d'innombrables vies. Ce serait comme accepter ce que j'ai fait. J'aime mieux rester misérable jusqu'à mon dernier souffle, afin de me rappeler tous les jours ce que j'ai fait et ce que je suis. Je mérite l'enfer. Regarde-moi, Engy, quand tu prends une vie, c'est pour toujours, tu perds ton âme. Ne cherche pas une once de compassion en moi, il n'y en a pas.

Je ne peux pas t'offrir une vie de bonheur garanti. Mes tourments vont finir par te hanter, toi aussi. Tout ce que je peux t'offrir à court terme et à long terme, est cet endroit et de l'argent si tu as besoin. Des fringues, des études, une voiture, tous tes caprices. Et principalement, ma protection, mes bras pour pleurer, mon cœur, car il t'appartient depuis que j'ai posé les yeux sur toi. Si à tout moment tu veux me fuir, tu le peux. Si tu veux de moi par contre, attends-toi à apprivoiser cette chambre, car je compte bien te prendre sur ce lit aussi souvent que je le désire, mais pas de la manière dont tu me demandes.

Je fixe Jonas avec Intérêt.

- Tu deviens sentimental ?

Il fait une grimace.

- Je connais mon frère, point barre.

« — Engy, putain ! Je n’ai pas le choix !

— On a toujours le choix dans la vie. Personne ne t’a forcé à tuer ce pauvre homme »