Commentaires

C'est grâce à "Betty" que Tiffany McDaniel s'est fait connaître, en France tout du moins. Et c'est également grâce à ce succès que "L'été où tout a fondu", premier roman de l'autrice, est désormais paru en France. J'avais beaucoup aimé "Betty", j'ai adoré "L'été où tout a fondu" : une lecture intense qui m'a littéralement envoûtée.

Été 1984. Breathed, petite commune dans l'Ohio.

La famille Bliss : le père, procureur, qui cherche à comprendre et à lutter contre le Mal ; la mère, qui a peur de la pluie et ne quitte plus la maison au cas où il se mettrait à pleuvoir ; le fils aîné, populaire, joueur de base-ball éminent dans l'équipe de son lycée ; le second fils, notre narrateur.

Un jeune garçon, noir, recueilli par les Bliss et qui trouvera en eux la famille qu'il espérait tant. Mais son arrivée correspond avec celle d'autres évènements hors du commun, à commencer par cette chaleur torride que plus personne ne supporte. Il dit être le diable, il sera pris aux mots...

"L'été où tout a fondu" est ce que j'appelle un roman complet, tel que je les aime : un contexte et des circonstances dans lesquels se déroulent les événements bien implantés, des personnages complexes et aboutis, une ambiance générale clairement ressentie, une intrigue qui se veut de plus en plus addictive et émouvante, une écriture des plus agréables, poétique et travaillée. J'en ressors enchantée !

L'autrice nous plonge au milieu des années 1980, au cœur d'un été particulièrement chaud. Elle passe par le biais de Fielding, alors âgé de 13 ans à l'époque. Ce dernier nous conte son histoire, dont cet été 1984 qui a diamétralement changé son existence, ainsi que celle des membres de sa famille et des habitants de Breathed. La narration étant à la première personne, nous sommes au plus près des événements qu'il a vécus et de tous ses ressentis. C'est profondément intense, et de plus en plus au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture.

Et d'autant que tout nous est parfaitement dépeint, notamment le contexte de l'époque et les thèmes abordés (homosexualité, homophobie, sida, racisme, adolescence, amitié, famille, superstitions et croyances, etc). On perçoit également l'atmosphère très chaude du moment, caniculaire, voire infernale, qui altère les actes et pensées de tout un chacun et qui est en partie responsable de la "folie" dont sont atteints certains protagonistes.

On devine certes assez tôt certains drames à venir, on se doute également que le dénouement sera plus ou moins tragique, l'autrice n'use que de peu de mystère et de suspense de ce côté-là. Mais l'intrigue, qui se veut de plus en plus dense, profonde, puissante, terrible également, n'en a pas besoin pour nous tenir quand même en haleine. Elle démarre tout en douceur, le temps pour l'autrice de mettre tout bien en place, elle nous happe en revanche assez rapidement. Intense, aussi bien dans les événements que dans les émotions, j'ai tourné les pages les unes après les autres sans m'en rendre compte.

Et puis qu'est-ce que j'ai aimé me retrouver dans la tête de Fielding, vivre les événements avec lui, ressentir ses moindres états d'âme. Qu'est-ce qu'il a pu me faire pleurer à la fin !

La plume de l'autrice, toujours aussi belle, n'y est pas pour rien non plus. Tout en poésie et belles descriptions, recherchée, envoûtante. Superbe.

Un roman abouti, émouvant autant que réaliste, intense, profond, au dénouement douloureux mais ô combien bouleversant... Un très beau coup de cœur !

Quels sont donc les démons qui poursuivent les nouveaux auteurs américains pour les pousser à écrire si magnifiquement des récits aussi noirs ? Tiffany Mc Daniel fustige avec un immense talent quelques vieux spectres américains (mais aussi internationaux) tels que le racisme, le puritanisme et l'homophobie et nous décrit quelques personnages superbement campés mais au destin bien sombre. Une autrice extraordinaire servie par une traduction exceptionnelle.

Oui, bien sur, si l'on veut la jouer sur le plan littéraire, Betty est un roman plus abouti, plus fouillé que ce premier opus de Tiffany McDaniel, mais comment ne pas succomber au souffle brûlant de ce récit tout à la fois touchant, poétique et éminemment humain. Certains passages sont d'une telle profondeur, d'une telle intensité, qu'ils ont interrompu ma lecture, me laissant en proie à de longues réflexions.

Car ce conte cruel nous en dit plus sur la société, la famille, la douloureuse traversée de l'enfance à l'âge adulte, que bien des ouvrages connus et reconnus. La sensibilité à fleur de peau de son auteur, son talent hors normes pour mettre des mots sur les blessures, l'originalité de ses personnages et bien souvent leur humour atypique, produit une alchimie à laquelle il est difficile de résister.

J'ai adoré !

Terrible ! C'est le 1er roman que je lis de cette autrice, je possède "Betty", que je n'ai pas encore ouvert, et je m'attends, du coup, à quelque chose de dur. Car, effectivement, "l'été où tout a fondu" reste extrêmement difficile. D'une part, par les thèmes qu'il aborde, et d'autre part, par l'écriture.

A la fois avec un style poétique et implacable, l'autrice nous emmène dans un univers triste et dérangeant, dans une Amérique puritaine, attachée à des valeurs religieuses strictes. On y découvre des personnages hors du commun, qui ne feront pas bon ménage. Un récit implacable, terrible, qui nous mène vers l'inéluctable, petit à petit, sans états d'âme. Le bien et le mal s'y affrontent et quelquefois, on s'y perd : où se termine le mal, où commence-t-il ?

Quelques longueurs parfois, l'histoire peut piétiner un peu, mais elle reste prenante, car on devine ce qui se joue et on veut connaître la fin, en gardant espoir justement. Cet espoir, dont parle l'autrice au début de l'histoire.

Un roman original, dur mais tellement beau !

Pardon mais.

Je trouve ça complètement dingo de choisir deux lectures à la suite, qui à priori, n’ont rien à voir ensemble. Et …

J’avais adoré Betty, vraiment, et peut-être, oui peut-être que je regrette de l’avoir lu avant L’Été où tout a fondu. Parce qu’il est tellement, tellement beau. L’Été où tout a fondu se nourrit de classiques de la littérature américaine et pose son décor dans une chaleur estivale dans laquelle la Mort, le diable, la maladie, viennent fricoter avec la fin de l’enfance.

On s’amuserait presque à cibler les influences de Tiffany McDaniel à narrer l’histoire de Sal, jeune diable invité par le père de Fielding, on s’amuserait presque à voir Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, Bénis soient les enfants et les bêtes, quelques romans de son ainée Louise Erdrich. Oui, les similitudes sont frappantes mais à la fois tellement intelligentes que.

Bordel ! et cette passerelle avec Les enfants endormis, que j’ai lu juste avant. Je ne m’y attendais tellement pas. Je l’ai sentie venir au bout de quelques pages à peine, mais. Je me suis encore fait cueillir, petit lapin que je suis.

Oh je vous invite vraiment à lire ce roman, et si vous n’avez pas encore lu Betty, commencez par celui-ci, c’est un ordre parfait, une pièce manquante du puzzle McDaniel.

Pétard, donnez moi un roman où rien ne fond, qui ne me dévaste plus, que je puisse finir mon été sans avoir cette délicieuse envie de me calfeutrer dans l’automne à venir…

Une merveille !

Voilà une semaine que j’ai tourné la dernière page de ce roman et je ne m’en remets toujours pas. La joie, la colère, la tristesse, l’incompréhension, le doute, la grâce,… je suis passée par tout un panel d’émotions que la plume de l’autrice m’aura fait ressentir jusqu’au plus profond de moi.

1984 : Autopsy Bliss décide d’inviter le diable dans la ville de Breathed. Quelques jours plus tard, un jeune garçon noir aux yeux verts déroutants et répondant au nom de Sal arrive et se présente comme le diable… au début, les gens se moquent de ce jeune garçon mais, un incident en particulier et la rhétorique poétique de Sal vont confondre la population et faire basculer la ville dans l’hystérie.

C’est Fielding, le plus jeune fils d’Autopsy Bliss, qui nous relate l’escalade dont il est l’impuissant témoin : racisme, homophobie, effet de meute, hystérie collective, endoctrinements, discriminations, culpabilité du survivant, que peut faire un adolescent seul face à tout cela ? Que faire face à tant d’horreurs, face à tant de violences, de drames et d’intolérances ?

L’autrice nous offre à lire des personnages marquants et complexes, des émotions fortes et profondes, et une histoire où le drame se fait sentir à l’avance mais où son ignominie nous laisse tout de même coi.

.Je terminerai simplement sur cette réplique si marquante et si révélatrice de la prose de Sal (et donc de l’autrice) : « Au moment où je suis tombé [du paradis], mes ailes se sont flétries comme des roses oubliées dans un vase. La malédiction du dos nu, c’est de devoir continuer à vivre après avoir été capable de voler, c’est être celui qui est au sol et qui ne s’élèvera plus jamais. Être privé de vol, c’est être privé des trajectoires des comètes, du chant saturé d’étoiles. Comment continuer après cela ? »

Où est le bien, où est le mal ? Le savez-vous ?

Tiffany McDaniel plonge une nouvelle fois dans la noirceur de l'âme humaine où les "bien pensants" ne sont pas toujours les plus exemplaires.

Premier coup de cœur de l’année 2023. Un immense coup de cœur.

Mais quelle lecture puissante. Je suis tout simplement subjuguée par la beauté de cette histoire. Elle est tragique et magique à la fois. J’en ressors bouleversée.

On suit ici le récit d’un été particulièrement chaud par le biais de Fieldin, alors âgé de plus de 70 ans, et qui nous plonge en 1984, où il avait alors 13 ans et qu’un jeune garçon d’à peu près son âge débarque en ville en prétendant être le diable.

J’ai adoré la construction du récit, c’est une succession de souvenirs, le Fieldin d’aujourd’hui nous conte l’histoire de ses 13 ans, mais on a aussi le Fieldin de 13 ans qui nous plonge dans d’autres souvenirs. C’est brillant.

Tout est somptueusement bien décrit : les personnages qui sont tous singuliers et tellement attachants, les relations entre les personnages qui sont complexes, l’atmosphère caniculaire étouffante…

J’ai apprécié retrouver la ville de Breathed, qui est la même que dans Betty.

De nombreux thèmes très importants sont abordés comme l’homosexualité, le sida, le racisme, la perte de l’innocence, les violences intra-familiales, le suicide, le deuil, on y aborde également l’amitié, l’amour, la haine, la manipulation, la honte, la culpabilité, la colère…

Je n’ai qu’une chose à dire : foncez. La lecture peut paraître déroutante au début, avec cette histoire de diable, mais je vous promets que vous ne le regretterez pas.

Betty m’avait marquée au fer rouge, j’ai été marquée une deuxième fois avec L’été où tout a fondu.

Tiffany McDaniel est si talentueuse. Son écriture est fabuleuse, poétique, poignante. Elle est devenue sans aucun doute mon autrice favorite, je sais qu’à présent j’achèterais ses livres les yeux fermés, et que je me replongerais dans ses écrits.

Chouette Tiffany McDaniel a sorti un deuxième roman ! J'apprends que non, c'est le premier qu'elle a écrit. Betty est le deuxième. Bon, peu importe puisque les deux sont très bons ! Comment est-ce possible d'avoir autant de talent ? On retrouve bien les thèmes propres aux écrivains américains pour parler de leur continent : le diable, la religion, les armes, la violence, le racisme, l'effet de meute. Le narrateur est Fielding, homme âgé aujourd'hui, et qui revient à l'année 1984 alors qu'il avait treize ans comme ce jeune noir qui s'est présenté chez eux, suite à une annonce passée par son père procureur qui invite le diable à venir dans sa ville. L'arrivée de Sal coïncide avec la canicule et où catastrophe sur catastrophe vont se succéder. Faut un coupable. Il est évident qu'il sera le bouc émissaire rêvé. Des moments forts, de belles relations entre chaque personnage aux particularités singulières. Compliqué de grandir avec un grand frère aux mœurs que la morale réprouve, avec ce nouvel ami plein de connaissances, avec cette mère qui cultive les roses et ne voyage que de chez elle, ce père qui... C'est travaillé, recherché, bien analysé, intelligent, talentueux, grandiose quoi !

Ce livre est un roman extrêmement puissant et très touchant. On y découvre jusqu’où peut mener le côté sombre de la nature humaine. Cette fiction caricature à peine la facilité que peut avoir un fanatique à rendre hystérique les gens qui l’entourent. On ne peut rester non plus insensible à cette façon de parler de drames humains comme le SIDA, le suicide et autres.