Extraits

-Un ange me l'a dit

-Quoi ?

-Quand elle est venue pour Parker. J étais tellement, tellement triste.

Sa lèvre inférieure trembla et il cligna rapidement des yeux. Puis il les baissa et tira sur un fil de son jean.

-Elle m'a dit : " Oh, petit chien, ne pleure pas. Fais un vœu à une étoile et si tu désires suffisamment quelque chose, ça arrivera." J'ai compris dans ma tête ce qu'elle voulait dire. Comment le faire. Alors plus tard, quand Sally m'a emmène promener, j ai vu une étoile dans le ciel et fait un vœu.

Jason était adorable tout le temps, comme sa façon d’essayer de jouer les durs à l’extérieur. Il était si sérieux. Mais son corps était plus expressif que ses mots. Il n’avait jamais repoussé Milo. Il adorait toucher. Le corps de Jason se roulait contre lui et prenait autant d’amour que Milo pouvait donner, voulant encore plus. Jason était tout « non, non » avec sa bouche, et « oui, oui » avec son cœur. Il faisait sourire les entrailles de Milo, et parfois, il sentait des papillons.

Et il avait embrassé Milo ! Et ils avaient fait du sexe ! Le sexe était génial !

— Tu es mon ami ? demanda Milo, surpris.

Jason cessa de tripatouiller la caméra.

— Oui, Milo. Bien sûr que je suis ton ami.

Celui-ci afficha un sourire à la dérobée, semblant content de lui. Puis, ce sourire disparut.

— Un ami n’est pas pareil que la maison.

— Eh bien, non. C’est vrai. Tu peux avoir plein d’amis, mais un seul endroit que tu considères comme ta maison.

— Ou pas de maison du tout, répliqua-t-il doucement.

Le paradis. On aurait dit le paradis. Comme s’il se réveillait d’un cauchemar pour réaliser qu’il était sain et sauf. Comme arriver à bon port après un voyage interminable. Comme brancher sa batterie quand on était sur le point d’être à court. Comme Milo.

Jason était un éveillé qui ne ressemblait pas trop aux humains. Il avait les traits de sa mère, qui descendait de malamutes d’Alaska. Il avait peut-être la fossette suprasternale ou quelque chose d’autre sans importance venant de son père, mais c’était difficile à dire étant donné qu’il n’avait vu qu’une seule photo de ce type dans sa vie.

La peau de Jason était d’un blanc crème, avec une touche de jaune. Ses cheveux étaient noirs et si épais qu’on aurait pu forcer une serrure avec une mèche. Ils étaient totalement raides, contrairement à Jason lui-même. Ses yeux étaient inclinés avec la fente palpébrale caractéristique des Asiatiques. Néanmoins, ses iris étaient d’un bleu pâle bordé d’un épais trait noir. Son nez était long et romain. Son corps était plutôt slave avec un torse, des épaules, des bras et des jambes puissants, comme s’il s’adonnait à la musculation, alors que pas du tout.

Même un docteur à l’air austère dans le couloir laissa tomber son porte-bloc par terre et l’accepta, un sourire étirant ses lèvres. Et les patients ! Milo faisait tellement attention.

— C’est une question facile, dit Jason avec impatience. Votre principale gardienne quand vous n’étiez qu’un simple chien, madame…

Jason farfouilla dans ses papiers pour retrouver le nom.

— Madame Anderson. Je voudrais que vous attribuiez un pourcentage aux émotions que vous ressentiez pour elle avant de devenir éveillé. Les choix sont A : affection d’un enfant, B : dévotion, C : adoration, D : sentiments romantiques, E : attirance sexuelle, F : ressentiment, G : sentiment d’obligation, H : reconnaissance et I : hostilité.

— [...] Eh bien, pour te répondre, le but de tout ça est d'essayer de déterminer comment un chien ordinaire, comme tu l'étais, Milo, peut gagner la capacité de se changer en homme. Ce qui déclenche le processus.

— Oh, ça. Je sais déjà comment ça se produit, rétorqua-t-il d'un ton pragmatique.

Jason gloussa.

— Eh bien, ce serait bien, Milo, mais je doute que tu saches vraiment. Pas comme je l'entends.

— Comment ça ?

Jason lui pressa la main tandis que son pied commençait à donner des coups incessants sous la table.

— Je parle du processus scientifique, de ce qu'il se passe dans le corps.

Jason fit un mouvement de sa main libre pour montrer celui de Milo de haut en bas.

— Dans les cellules. Et, peut-être même plus important, le système chimique du corps et son ADN.

Milo avait l'air confus.

— Oh, je ne sais pas ça. Mais je sais pourquoi ça arrive.

— Pourquoi penses-tu que ça arrive, Milo ?

Celui-ci se pencha pour murmurer, comme si c'était un secret.

— Tu fais un vœu à une étoile.

Jason détourna son visage et prétendit regarder par la fenêtre. Un rire bouillonnait en lui et il dut déglutir difficilement pour le réprimer. Ce ne serait pas correct pour un entretien de se moquer de Milo. Mais il était si sérieux. Il aurait trouvé ça adorable, si Jason avait été le genre de personne qui trouvait des choses adorables. Ce qui n'était pas le cas.

« – Vous connaissez ce chien ? demanda-t-elle très doucement à Racine.

L’infirmière se tourna pour regarder la porte. Un sourire illumina son visage.

– Oh, oui ! C’est Milo. Notre chien de confort.

– De confort ?

– Ouais. Il rend visite aux patients et aux membres de la famille pour les réconforter. C’est juste une boule d’amour, celui-là. Il est si gentil avec les malades ! »

Seigneur. Voilà qui était… sans précédent. Le cœur de Jason pendouillait, exposé, engrossé et martelé de sentiments pour Milo, bien que métaphoriquement. Une petite partie de son cerveau s’émerveillait du fait qu’il se soit attaché si vite à lui, vraiment attaché, et du fait que ce soit arrivé tellement, tellement vite.

Bien sûr, Milo était adorable. Tout le monde pouvait le voir. On ne pouvait pas détester les bébés qui gloussaient de joie, les jonquilles au printemps et les beaux couchers de soleil. Milo était clairement dans cette catégorie de choses qui étaient spontanément merveilleuses. Toutefois, c’était ridicule de voir avec quelle facilité il avait enroulé Jason autour de son petit doigt. Il pensait être plus dur à cuire que ça.