Extraits

- Bref, comme je le disais, reprit Gorgeoye, même si les mâles ne sont pas ma tasse de thé et que je vous trouve tous bien trop grands et pâles à mon goût et que vos oreilles sont quand même des attributs particulièrement laids et visibles.

- Merci, marmonna Adrien.

- Pour un Candésien, je crois qu’il peut être attirant.

- Oui, il était pas mal même si bon je ne l’ai pas forcément bien vu et…

- Ce n’est pas ce que j’ai entendu dire.

Adrien ouvrit grand les yeux.

- Et qu’est-ce que tu as entendu dire ?

- Un de ses amis le raillait parce que vous êtes restés peut-être cinq longues minutes à vous détailler pendant que vos pouvoirs copulaient ensemble.

Cette fois, les joues d’Adrien virèrent au rouge pivoine :

- C’est complètement faux, nos pouvoirs ne copulaient pas !

- Tu ne contredis donc pas les cinq minutes d’observation, alors.

— J’espère que tu ne voyais personne avant de venir ici sinon il faudra le ou la quitter, je ne partage pas.

Adrien faillit bien s’étouffer en l’entendant.

— Non, mais sérieusement, y a un truc qui cloche avec toi ? D’une, si j’avais quelqu’un, je ne t’aurais jamais laissé m’embrasser !

C’était complément faux et il le savait, même si c’était contre ses principes.

— De deux, reprit-il, qui a dit que nous étions ensemble ? Je te demande avec qui tu couches ? De trois, je suis gay, je ne donne pas dans les femmes.

— Ce n’est pas désagréable.

— Non, mais on s’en fout, là n’est pas la question.

— Tu aimes te rendre les choses difficiles, hein ?

— Quoi ?

— Avec ce qu’il s’est passé entre nous, nous ne devrions même pas avoir cette conversation.

— Tu ne peux pas décider tout seul dans ton coin que nous sommes en couple. Oh, et pour la petite info, je ne suis pas un objet, je n’appartiens pas.

Dalek soupira. Et dire qu’il avait trouvé Line compliquée. Ça devait être un truc de Terriens.

— Putain, mais c’est pas un apprenti, brailla Romar, ses yeux s’écarquillant.

Il n’avait pas fini sa phrase que le pouvoir de Dalek explosait autour de lui et qu’il se mettait à courir en direction de l’inconnu. Romar et Hayyden lui emboîtèrent le pas, le plus âgé hurla un : « Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? ». Mais Dalek avait déjà dégainé Méarannée. Elle se mit aussitôt à briller vivement. Il courut aussi vite qu’il le pouvait, forçant sur ses jambes pour atteindre le démon le plus vite possible. Quand il fut à sa portée il bondit. Méarannée, la foudre crépitant autour d’elle, entama sans difficulté la carapace du démon au moment où il abattait son bras sur sa victime. La blessure le fit dévier et l’humain qui se trouvait devant lui, au lieu de prendre de plein fouet l’attaque du Melwasúl, fut seulement touché au niveau de l’épaule droite. Il vola cependant plusieurs mètres plus loin. Dalek sauta au sol, laissant le démon derrière lui pour faire face à sa victime. Son pouvoir lui échappa alors complètement et se précipita sur cette dernière pour l’entourer avec la même violence que celle qui avait pu l’animer lorsqu’il s’était retrouvé en présence de Méarannée pour la première fois. Leurs regards ne s’étaient pas encore croisés que Dalek avait déjà compris qu’il avait devant lui la source de l’excitation de son pouvoir. Le démon n’avait absolument rien à voir là-dedans. C’était lui, cet humain, qui en était la cause.

Il n’avait qu’à voir le comportement de sa magie qui s’enroulait autour de son corps, comme elle l’avait fait avec Méarannée, pour en être certain. La sensation était la même. Le besoin de possession, la violence avec laquelle il voulait s’emparer de lui étaient les mêmes que ceux qui l’avaient traversé avant de poser sa main sur l’épée. Le jeune homme leva alors la tête et leurs yeux se fixèrent. Lorsque le démon derrière lui s’effondra, terrassé par Romar ou qui que ce soit d’autre, ce fut à peine si Dalek le remarqua. La seule chose qu’il désirait à ce moment-là était d’avancer, d’attraper cet humain et de prendre sa bouche, son corps et tout ce qu’il avait à offrir. Son être entier se tendait vers ce but. De son côté, Adrien était pétrifié d’une tout autre façon. La douleur n’était plus que lointaine en cet instant. Ses yeux détaillaient l’être qui se tenait face à lui, ne parvenant pas à s’arracher à son regard d’or, troublé par cette couleur, mais plus encore par ce qu’il pouvait y lire. Il se redressa péniblement en position assise, son bras droit pendant mollement à son côté alors que du sang imprégnait peu à peu ses vêtements. Il n’y prêta pas attention. Quelque chose en lui s’agitait, montait de plus en plus et puis tout à coup, comme une explosion, son pouvoir éclata en lui, surgit avec une violence qui lui arracha un nouveau cri, de stupeur cette fois-ci. La lueur bleue le recouvrit, se mélangeant à celle rouge qui tournait autour de lui et se projeta sur le guerrier face à lui. Le sourire que ce dernier arbora à ce moment-là aurait suffi à le faire fondre. Un sourire qui disait à quel point il allait y passer et tout le plaisir qu’il en retirerait. Et c’était précisément ce que pensait Dalek. Cet être était à lui, tout comme Méarannée l’était. Son pouvoir l’avait reconnu et le voulait. Et quand il désirait quelque chose, il le prenait. Et le regard qu’il recevait en retour lui disait qu’il pourrait obtenir exactement ce à quoi il aspirait. Quand la magie de l’humain jaillit et se jeta sur lui, il en fut littéralement grisé. La sensation était presque aussi jouissive que celle qui l’avait terrassé quand il avait posé la main sur son épée. Son sexe déjà gonflé finit de se tendre. Il était certain que l’autre en face de lui était dans le même état. Il le voulait dans le même état.