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D'ordinaire, je ne poste jamais de commentaires, sauf quand des cas hors-normes se présentent. Et Accords malsains en est un, malheureusement pas dans le bon sens du terme. Pour résumer rapidement l'intrigue, Chloé vit chez ses parents dont le père a contracté beaucoup de dettes de jeu et enchaîne des petits boulots pour essayer de rembourser ce que son père doit. Elle espère néanmoins se spécialiser dans l'e-sport car très douée sur certains jeux vidéos. Or, l'équipe la plus talentueuse de France cherche un quatrième membre et c'est en postulant qu'elle rencontre Rayan. Maintenant que le cadre est posé, allons-y.
L'auteur précise d'entrée de jeu que l'on doit être ouvert d'esprit. Soit. Je suis quelqu'un d'ouvert : j'ai lu de la dark romance, de l'horreur érotique, du porno, j'ai touché à tout. Mon critère pour juger d'un livre, c'est qu'il respecte les codes de sa catégorie et qu'au sein d'elle, il soit à la hauteur de ses prétentions. Des pornos ou des dark romances peuvent être excellents.
Accords Malsains est clairement un livre qui m'a rendu perplexe. Je n'ai pas la moindre idée des messages que l'auteure a voulu faire passer. Si celle-ci passe par ici, qu'elle me contacte pour m'éclairer. Son héroïne est censée être forte, libérée sexuellement, indécise, qui se rebelle ("sinon, ce n'est pas drôle", dixit). Haute prétention de l'auteure, qui nous pond le personnage féminin le plus fade que j'ai jamais vu.
Forte et rebelle ? Chloé passe l'ensemble du bouquin à dire d'une voix faiblarde : " Non, Rayan, je ne veux plus te voir ", " Non, Baptiste, je ne veux pas te faire de mal ", " Non, je ne veux pas ", mais reste immobile comme une potiche lorsqu'il s'agit de faire respecter son opinion. C'est absolument surréaliste. Exemple : Rayan l'agresse dans un métro bondé, elle murmure : "Non, Rayan" et... rien. Voilà. Elle attend la prochaine station avant de sortir, sans faire d'esclandre bien entendu. L'ensemble de ce livre peut se résumer à cela.
Libérée sexuellement ? Pas vraiment. Une vraie femme libérée choisit librement ses amants ou amantes, connait son corps et ce qu'elle aime, joue de sa sexualité. Or, Chloé n'a pas connu le moindre orgasme lorsque le bouquin commence et se transforme en Shéhérazade en littéralement deux pages.
Indécise, pas tellement là non plus. On est indécis devant un gâteau au chocolat ou au citron, indécis devant deux postes qui se ressemblent. Chloé n'est pas indécise lorsqu'elle passe du blanc au noir en deux lignes. Ca, ça s'appelle de la bipolarité. Exemple : Rayan l'a déjà agressée plusieurs fois, elle a déjà dit plusieurs fois : " Non Rayan, je ne veux plus jamais te revoir ". Le lendemain, elle ne trouve rien de mieux que lui demander de jouer le petit copain devant ses parents.
Mais continuons gaiement.
A chaque début de chapitre ou presque, la définition du viol selon le droit français est rappelé explicitement. Je dois avouer que je n'ai pas compris pourquoi. Pour rappeler que le viol, c'est mal, " Ne faites pas ça chez vous " ? Pour s'assurer, au cas où on ne l'aurait pas compris, que toutes les scènes de sexe sont des viols ? Vraiment, je ne sais pas. Eclairez-moi si vous en savez plus.
Attardons-nous justement sur ces viols. La pauvrette en subit du début à la fin : son patron l'a engagée pour qu'elle présente bien et ramène des clients. Puis, il l'augmente pour qu'elle se laisse tripoter par tous les hommes de la boite. Puis, il veut qu'elle couche eux. Quand elle se rebelle : " Non, je ne veux pas ", le patron diabolique lui dit qu'elle est virée si elle ne se montre pas docile. " Oh, non, j'ai besoin d'argent pour payer les dettes de mon pauvre papa, finalement, c'est d'accord ". Rayan et ses deux amis ne sont pas en reste : attouchements forcés, agressions sexuelles et viols à la pelle dont une scène de viol à plusieurs dans le métro parisien bondé. Evidemment, tous les usagers regardent la scène " sans rien faire et en prenant des vidéos ". Chloé se dit même : " Ils sont là, pourquoi ils ne font rien ? " sans essayer une seule seconde de se débattre ou de protester plus énergiquement que : " Non Rayan " d'une voix faible.
On pourrait disserter plus longtemps encore de Chloé mais pour faire court, c'est davantage une poupée qu'une vraie femme, une victime perpétuelle qui ne fait rien tout le long du livre. " - Mais tu m'as violé ! - Et alors, tu as joui ! - Ah oui, c'est vrai, il y a pire, de quoi je me plains déjà ? " (non, je n'exagère absolument pas). Il faudra m'expliquer en quoi ce comportement est digne de "Mademoiselle tout le monde". Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, eh bien, bonne chance dans la vie, vous en aurez besoin.
Mais passons plutôt au reste. Je ne vais pas m'attarder sur Rayan, car, eh bien, il n'y a tout simplement pas assez de substance chez ce personnage pour en dire quelque chose. C'est un "méchant" caricatural : il est "méchant" dans tous ses actes et ses paroles, mais on n'a pas la moindre idée du pourquoi. Dans une vraie dark romance, il n'y a pas de cruauté sans motivation, raison ou justification, sans une volonté de traiter véritablement le sujet : là, c'est à se demander si Rayan n'est pas en état de mort cérébrale, avec le pénis coincé dans une érection perpétuelle.
Est-ce la peine de mentionner que, comme dans tous mauvais romans qui se respectent, les personnages secondaires sont juste là pour donner de l'importances aux héros et sont si peu réalistes qu'on se demande à quoi ils servent ? Les parents de Chloé en particulier m'ont laissée sans voix : grotesques, incohérents, clichés absolus, etc.
Je pourrais continuer encore longtemps tellement ce livre est navrant mais je conclurais sur ceci : il donne réellement une pauvre image des femmes comme des hommes. Les femmes sont dépeintes comme des potiches seulement bonne à baiser et qu'on peut jeter comme un mouchoir sale une fois qu'on a fini. Les hommes eux sont des godes sur pattes, avec une noisette à la place du cerveau qui ne peuvent penser que selon deux modes : " Baisons là tous ensemble " ou " C'est une salope ". Je ne vois vraiment pas en quoi c'est excitant. Si vous voulez du vrai porno, lisez du Esparbec. Si vous voulez de la dark romance, lisez-en une avec des personnages cohérents. Mais ne vous infligez pas ce livre grotesque.