Extraits

C'est à ce moment là que, sans prévenir, Jesse m'a saisi le menton -exactement de la même façon que Tad dans la voiture- pour tourner mon visage vers lui.

Envolée, la déprime. [...]

J'ai réalisé alors que tous mes efforts pour ne pas tomber amoureuse de Jesse , n'avaient pas été payants. Si j'en croyais mes battements de mon cœur, en tout cas. Je n'avais pas ressenti la même chose quand Tad m'avait touchée.

En fait je ne suis juste pas le genre de fille vers qui vont les garçons. Oh! ils y pensent, mais, d'une façon ou d'une autre, ils finissent toujours par se convaincre que c'est une mauvaise idée. Je ne sais pas si c'est parce qu'ils craignent de se prendre une prune s'ils essaient quoi que ce soit, ou si ils sont juste intimidés par mon intelligence supérieure et ma grande beauté (ha! ha! ha! ). Quoi qu'il en soit, le résultat est le même. Ils ne s'intéressent pas à moi.

Sauf Tad bien sûr! Tad s'intéressait à moi. Tad s'intéressait même beaucoup à moi.

Personne ne m'avait parlé du sumac vénéneux.

Ah ça! Pour me parler des palmiers, on m'en avait parlé. Ouais, on m'avait bien saoulée avec les palmiers. Mais personne ne m'avait dit le moindre mot au sujet de ces fichues plantes empoisonnées.

-Tu comprends, Susannah...

Le père Dom s'adressait à moi. J'essayais de faire attention à ce qu'il me disait, mais laissez moi vous dire quelque chose: le sumac vénéneux, ça gratte.

À mon avis, un "don", ça implique un côté positif. Comme avoir une force surhumaine, être capable de lire dans les pensées des autres, ou un truc du genre. Mais moi je n'ai rien d'aussi chouette. Je suis une juste une fille ordinaire - enfin d'accord, plutôt mieux que la moyenne, si on me demande mon avis - qui peut discuter avec les morts.

-On se disait bonne nuit, ai-je sifflé dans sa direction.

-Je suis peut-être mort depuis cent cinquante ans, Susannah, pour autant je n'ai pas oublié comment les gens se disent bonne nuit. Généralement chacun garde sa langue dans sa bouche.

-Oh! mon Dieu.

Je me suis détournée pour me diriger à nouveau vers la maison, en marmonnant:

-Oh! mon Dieu. Il ne vient pas de dire ça.

-Si, je viens de le dire. Je sais ce que j'ai vu, Susannah.

-Tu sais à quoi tu me fais penser? lui ai-je dit en faisant à nouveau volte-face au pied des marches. A un amoureux jaloux.

-Nombre de Dios. Je ne suis certainement pas jaloux, a-t-il lancé en riant. Pas jaloux de ce ...

Il m'a exprimé son intérêt en approfondissant notre baiser, qui est passé du petit bisous de bonne nuit au patin. Ouais, bon, je le reconnais. J'avais les yeux ouverts. Eh! c'était mon premier baiser, je ne voulais rien rater d'accord? Donc, quand je me suis rendu compte que quelqu'un était assis sur la banquette arrière de le Porsche, j'ai reculé la tête et poussé un petit cri de surprise.

Tad m'a considérée avec étonnement.

-Quelque chose ne va pas? m'a-t-il demandé.

-Oh! je t'en prie, a lancé d'un air léger le passager. Ne t'inquiète pas pour moi.

La première fois que je l’ai vue, c’était environ une heure après être rentrée de la soirée piscine. Il devait être près de trois heures du matin. Elle s’est postée près de mon lit et s’est mise à hurler.

À hurler. Très fort. Fort à en réveiller un mort. J’étais en train de rêver de Bryce Martinson. On remontait Seventeen Mile Drive dans une décapotable rouge. Je ne sais pas à qui elle appartenait. À lui, sans doute, puisque je n’ai même pas mon permis de conduire. Ses cheveux blond vénitien volaient au vent et le soleil plongeait dans la mer, embrasant le ciel de rouge, d’orange et de pourpre. On enchaînait les virages, sur ces falaises qui surplombent le Pacifique, et je n’avais même pas mal au cœur. Un rêve sacrément chouette.

Et puis cette femme s’est mise à beugler, quasiment dans mon oreille.

Je vous le demande : qui mérite ça ?

Il a haussé le ton au mot exorcisme, alors qu’il savait parfaitement que je n’y avais eu recours qu’en dernier ressort. Ce n’est quand même pas ma faute si la moitié du lycée s’est effondrée à cause de ça. C’est celle de l’esprit. Enfin, techniquement.

Personne ne m’avait parlé du sumac vénéneux1.

Ah ça ! Pour me parler des palmiers, on m’en avait parlé. Ouais, on m’avait bien saoulée avec les palmiers. Mais personne ne m’avait dit le moindre mot au sujet de ces fichues plantes empoisonnées.

— Tu comprends, Susannah…

Le père Dom s’adressait à moi. J’essayais de faire attention à ce qu’il me disait, mais laissez-moi vous dire quelque chose : le sumac vénéneux, ça gratte.

— En tant que mediators – ce que nous sommes, toi et moi, Susannah –, nous avons des responsabilités. Nous nous devons d’apporter assistance et réconfort aux âmes infortunées qui errent douloureusement entre le monde des vivants et celui des morts.

Un hurlement à vous glacer les sangs.

Je me suis assise dans mon lit, les yeux grands ouverts.

Elle était de retour.

Elle était encore plus excitée que la nuit précédente. J'ai du poireauter un bon bout de temps avant qu'elle ait recouvert son calme pour pouvoir me parler.

-Pourquoi ?m'a-t-elle demandé, une fois qu'elle eut cessé ses mugissements. Pourquoi ne lui as-tu pas dit ?