Extraits

Naples était plutôt chaud.

Ce que je veux dire par là, c'est qu'il y faisait étouffant à vous donner des ampoules et vous griller les fesses. On aurait pu faire cuire des œufs sur le trottoir, sans parler des dingues et des Anglais qui passaient par là.

Comme, par exemple, bibi et son nouveau mari.

Je ne vis sur aucun des bâtiments alentour un de ces thermomètres pratiques lorsque nous sortîmes de l'aéroport en faisant rouler nos valises, mais la température avoisinait sûrement les quarante degrés Celsius, ce qui faisait probablement près d'une centaine de degrés

Fahrenheit. J'essuyai la sueur de mon front et me retournai vers Phil.

C'était rageant, parce qu'il avait l'air frais, propre et délectable... Bon, OK, l'agacement s'était peut-être transformé en désir en cours de route.

Je lui adressai un sourire appréciatif qui, je l'espérais, n'était pas trop niais.

- Quand les gens disent qu'il faut voir Naples avant de mourir, ils voulaient parler d'une insolation, c'est ça ?

— C’est si gentil de ta part, murmura Siri en serrant mon bras, puis elle se concentra sur sa marche pendant quelques pas. Wayne riait parfois de ma bêtise, mais gentiment, tu sais ?

— Euh, oui, mentis-je.

— J’ai toujours su qu’il était plus intelligent que moi. Et c’est bien, d’avoir quelqu’un qui peut t’apprendre des trucs, non ? Comme Phil et toi.

Je clignai des yeux.

— Euh…

— Je ne dis pas que tu es bête, se corrigea-t-elle rapidement en remarquant peut-être mon expression. Mais il sait tout un tas de choses, tu ne crois pas ?

— Ouais. Il a une application. 

— Oh, et voici… commençai-je en regardant par-dessus mon épaule, m’apercevant alors que Phil avait déambulé et regardait le tableau d’affichage. Phil. Nous sommes ici en lune de miel.

Ses oreilles se dressèrent lorsqu’il entendit son nom et il rappliqua.

— Tous les deux ?

Madame Higginbottom… – Jane ? Nous appelions-nous désormais par notre prénom ? – afficha un sourire pour la première fois depuis notre rencontre.

— Oh, comme c’est charmant, poursuivit-elle. J’apprécie un bon mariage. Et c’est bien que vous ayez fait les choses correctement. Il y a tant de jeunes couples qui ne le font pas de nos jours.

Elle parcourut la pièce du regard et son front parsemé de taches de rousseur se fronça légèrement.

— Les femmes sont en train de se repoudrer le nez, c’est ça ?

— Les femmes ?

— Ne brise pas de cœurs pendant notre lune de miel.

— Qui, moi ? demandai-je, puis je pris une gorgée de citron glacé et gémis. Mon Dieu, c’est délicieux. C’est exactement ce qu’il fallait par cette chaleur.

Phil s’était interrompu, son gobelet devant ses lèvres, et avait l’air d’avoir un peu plus chaud que quelques minutes auparavant. Je cachai mon sourire en coin, pris une autre gorgée et gémis de nouveau, le faisant exprès, cette fois.

Sa réaction fut de lever les yeux au ciel.

— Arrête avec ta mauvaise bande-son de porno. Ou est-ce qu’il faut que je te balance mon verre sur l’entrejambe ?

— Non pas que ça me tente, mais j’ai en tête des manières plus agréables d’être tout collants, répondis-je en le regardant de manière à m’assurer qu’il comprenait mon sous-entendu qui était de toute évidence délibéré.

Il se mit à rire.

— Du calme, Casanova. On a tout le temps pour ça.

Nous nous promenâmes sur le port et prîmes en photo différents horaires de bateau à proximité de guichets sur nos téléphones. Tant que le mien était sorti, je tentai de jeter un œil à mes notifications, mais le réseau n’atteignait pas plus d’une demi-barre. C’était probablement une bonne chose, parce que c’est vrai, quoi, j’étais en lune de miel, bon sang. Les e-mails et les réseaux sociaux pouvaient attendre.

Je remis mon téléphone dans ma poche.

— Dis, on va à Capri, non ? Et l’endroit en « iss », ne serait-ce que pour apprendre comment ça se prononce.

— Où tu veux.

— Eh, c’est ta lune de miel aussi.

— Et je veux la passer à te rendre heureux.

Bon sang, le soleil était intense à scintiller sur les vagues de la sorte.

Ça me donnait les larmes aux yeux.

La ferme.

— Dis, on va à Capri, non ? Et l’endroit en « iss », ne serait-ce que pour apprendre comment ça se prononce.

— Où tu veux.

— Eh, c’est ta lune de miel aussi.

— Et je veux la passer à te rendre heureux.

Bon sang, le soleil était intense à scintiller sur les vagues de la sorte. Ça me donnait les larmes aux yeux.

La ferme.

— Alors, comment ils ont pris la chose ? Que tu sois gay, je veux dire. Pas la non-invitation au mariage.

— Figure-toi que la plupart le savaient déjà, répondit-il avant de marquer une pause. Plusieurs étaient désolés que tu ne sois pas venu.

— Oh, je parie qu’ils étaient vachement sincères, commentai-je en reniflant bruyamment. Comme si j’étais soudainement devenu Monsieur Popularité.

Phil souffla et détourna le regard.

— Ils lisent les journaux comme tout le monde. Ils avaient envie de revoir celui aux pouvoirs psychiques.

Oh. Vous vous prenez les pieds dans quelques cadavres, sauvez quelqu’un d’un bâtiment en feu, et d’un seul coup, tout le monde se bouscule pour être votre ami. Peut-être que si j’avais pensé à faire ça à l’école, ça ne se serait pas si mal passé. Ou était-ce davantage une fascination pour les bêtes de foire ? « Allons tous dévisager le type qui fait des trucs bizarres ».

- Mario, répétai-je en serrant ma couverture de choc autour de moi comme une cape de super-héros.

Spoiler(cliquez pour révéler)Les urgentistes fronçaient les sourcils en m’observant avec une perplexité évidente. Je tentai la langue des signes, en pointant Phil puis moi, et enfin en levant la main gauche avec son alliance.

- Mario.

L’ampoule s’alluma.

- Marito, me corrigea gentiment la blonde. Votre mari ?

Spoiler(cliquez pour révéler)Elle me fit signe de monter à l’arrière de l’ambulance pendant que son collègue levait les yeux au ciel et se dirigeait vers l’avant.

Hum. Apparemment, au lieu de clarifier mon statut de conjoint légalement marié de Phil, j’avais insisté sur le fait que j’étais un plombier de petite taille d’un jeu vidéo des années quatre-vingt. Bon, ça faisait deux bonnes réponses sur trois, ce qui n’était pas si mal.

Une. Je voulais dire une sur trois. Évidemment.

C’était sorti tout seul. Vraiment. Tout le monde savait que ce n’était pas moi qui étais le fleur bleue dans cette relation.

La plupart du temps.

Phil me caressa à nouveau le visage, tendrement.

- Ah là là, qu’est-ce que je ferais sans toi ?

Vous voyez ? C’était lui qui était fleur bleue.

- Et ces arbres, là, tu les vois ? Ceux qui ressemblent à un pin qui a fricoté avec un parasol. Comment ils s’appellent ?

- Des pins parasols.

J’adressai à mon bien-aimé un regard suspect.

- Tu te moques de moi ?

- Croix de bois, croix de fer.

- Si tu mens, tu vas en enfer ? J’espère pour toi que tu ne comptes pas faire de moi un veuf pendant ma lune de miel.

Oups, ce sourire niais était de retour.

Cependant, même Phil affichait l’expression de son sentiment viril.

- Et te laisser seul dans un pays rempli des plus beaux mecs d’Europe ?