Je suis pas sûr d’arriver à continuer sans toi. Parce que pour exister, l’humain a besoin d’oxygène, le cœur de sang, et moi de toi.

Oui, avoir des amis et plus, c’est prendre le risque de souffrir, être déçu et avoir des problèmes. Mais la solitude n’entraîne pas moins de douleur. Quand tu es seule, tu te prives de tellement d’émotions, de bons souvenirs et de joie. C’est comme te tirer une balle dans le cœur ou vendre ton âme contre l’immortalité. Parce que : « Refuser d’aimer par peur de souffrir, c’est comme refuser de vivre par peur de mourir ». Et être seul, tenir les gens à distance, ça ne rend pas plus fort. Au contraire, c’est avoir peur de prendre des risques, c’est avoir peur de vivre. Parce que le risque, c’est la vie. Et une vie sans risques, ce n’est que de la survie.

Dix-huit brûlures et quarante-quatre cicatrices. Mais seulement neuf mots et vingt-neuf lettres. Finalement, ce sont ses paroles qui ont achevé de briser mon âme. C’est une simple phrase qui a fait éclater en morceaux mon cœur déjà mutilé. Et ce sont des mots et non des coups qui m’ont abattue. En quelques secondes, il m’a tuée de l’intérieur.

— Disons que nous sommes amis et plus si affinités…
Je vois son sourire vaciller et son regard se ternir, mais il se reprend rapidement, une lueur malicieuse dansant dans ses yeux.
— Oh… alors je peux faire ça ?
Je n’ai pas le temps de réagir qu’il me tire brusquement vers lui et nous fait rouler sur le tapis jusqu’à ce qu’il soit au-dessus de moi. Ses lèvres s’écrasent contre les miennes et ses mains se font plus ardentes, plus pressantes aussi. L’une passe sous l’ourlet de mon T-shirt et je frémis de la tête aux pieds. La deuxième parcourt mon corps, frôlant ma poitrine, puis ma nuque, avant de venir s’emmêler dans ma chevelure, me tirant sans ménagement vers lui. Je laisse échapper un gémissement quand sa langue s’insinue dans ma bouche, nous lançant dans une valse endiablée. Ses lèvres se font plus insistantes, plus gourmandes et fougueuses, sans aucune retenue, et cela m’exalte. Contrairement aux trois premiers baisers, celui-ci n’a rien de doux, il est passionné et violent, presque vengeur, comme si Jasper voulait me punir de quelque chose. Mais j’aime ça, il réveille en moi un incendie qui me consume tout entière.

— Moi, j’aime les histoires qui finissent bien. Ce ne sont pas des fins heureuses, il n’y a pas de happy ends suivis d’un point final. Ce sont juste des passages de notre vie, des chapitres, des époques avec des problèmes et des souffrances. Mais en fin de compte, lorsqu’elles s’achèvent, que ce soit en bien ou en mal, on en garde de bons souvenirs, on en tire des leçons, on en sort changé et meilleur. Puis on continue notre chemin. Ce sont toutes ces petites choses qui font qu’une histoire se termine bien.

Il ouvre grand la bouche, outré.
— Comment ça, moi ? T’as décidé de vendre ton âme au diable, t’as fait une connerie et maintenant t’en paye le prix, Megara.
Je pouffe de rire.
— Attends, tu viens vraiment de me comparer à Megara du film Disney ? Subitement ? T’es qui toi, alors ? Hadès ou le petit satyre poilu ?
Il esquisse un sourire en coin.
— Hercule, bien sûr.
Je me mords la lèvre et le fixe dans les yeux, le souffle court.
— Tu me sauves et je te sauve, comme eux ? ajoute-t-il, une lueur dans le regard.

Les cendres glissent sur ma peau, laissant une énième cicatrice dans leur sillage. Une nouvelle trace de ma honte. Une nouvelle marque d’un châtiment à jamais trop faible. Le tatouage de mon repentir à jamais inachevé. Non, jamais je n’aurai fini d’en payer le prix, parce que moi, je suis toujours en vie.

C'est parfois plus facile de faire semblant de détester ce qu'on ne peut pas avoir, au lieu de reconnaitre à quel point on le désir.