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Au matin du troisième jour, en sortant de l’ascenseur, elle découvrit un ciel nouveau, parcouru de remous de lumière bleue. Les tourbillons s’enroulaient doucement au-dessus d’elle, mais ils étaient plus vifs et plus rapides à l’horizon. Elle avait l’impression de contempler La Nuit étoilée de Van Gogh.
Le moment de partir approchait.
Aria ramassa le couteau en bois. La veille, elle avait frappé Roar à deux reprises. Ce n’était pas grand-chose, comparé aux centaines de fois où il l’avait touchée, mais dans un combat, un seul coup pouvait se révéler fatal. Roar le lui avait appris.
Aria ne se berçait pas d’illusions ; elle n’espérait pas devenir championne de la lutte au couteau. Elle n’était pas dans les Domaines, où une simple pensée produisait un résultat. Mais, pour elle, c’était tout de même une chance de plus de s’en sortir. Et c’était déjà beaucoup. Et dans la vie, au moins dans sa nouvelle vie, une occasion de ce genre était comme ses cailloux imparfaits, surprenants, et peut-être plus beaux que ceux auxquels elle se serait attendue. Les hasards, pensa-t-elle, c’était la vie.
À l’horizon, la masse de l’Éther se mit à darder des rayons bleus, des tourbillons. Aria contempla ce spectacle, fascinée, quand elle sentit une chaleur se diffuser dans tous ses membres et lui prodiguer une étrange puissance.
Afficher en entier– On va où, au juste, le Sauvage ? demanda la Sédentaire aux alentours de midi.
Elle avançait à une bonne dizaine de pas derrière lui. Outre le fait d’éviter son odeur, marcher en tête offrait un autre avantage à Perry : il n’était pas forcé de voir la coque sur son œil.
– Je vais continuer à t’appeler comme ça, puisque je ne connais pas ton nom, ajouta-t-elle.
– Je ne te répondrai pas.
– Bon alors… le Chasseur ? On va où ?
Il hocha le menton.
– Par là.
– Ça m’aide beaucoup.
Afficher en entierUn éclair bleu jaillit au loin. L’Éther tomba du ciel en vrille. Il frappa la terre, provoquant une secousse qu’Aria sentit sous elle. Une explosion de lumières envahit l’immensité déserte. Sauf qu’elle n’était plus déserte. Une silhouette humaine courait vers elle.
Aria voulut se redresser, mais elle glissa en arrière sur les mains. La spirale lumineuse regagna le ciel. L’obscurité revint et, simultanément, un poids immense plaqua la jeune fille au sol. Sa nuque heurta le sable, puis elle sentit une main lui agripper la mâchoire.
– J’aurais dû te laisser mourir. J’ai tout perdu à cause de toi.
Un nouvel éclair d’Éther se décrocha du ciel, révélant à Aria un visage effroyable et vaguement familier. Elle avait déjà vu ces cheveux fous, emmêlés, ces mèches blondes et ces yeux brillants d’animal.
– Relève-toi et avance. Et n’essaie pas de courir. Compris ? lui lança le garçon.
Elle saisissait à peine ce qu’il disait. Les mots sortaient de sa bouche de manière saccadée. Il la releva vivement et la poussa sans attendre de réponse. Elle recula en titubant et le perdit de vue dans l’obscurité. Un autre éclair jaillit du ciel. Dans la lumière soudaine, elle vit que le Sauvage ne se trouvait qu’à quelques pas.
– Avance ! Avance ! hurla-t-il.
Afficher en entierPerry examina sa propre blessure. Il n’avait qu’une courte entaille sur la peau, là où le coup avait porté. Mais il devait avoir quelques côtes fêlées. Il avait aussi cinq lacérations sur la poitrine, qu’il devait à la fille. Mais son corps guérirait et il recouvrerait ses forces, contrairement à Talon.
Il mangea, puis resta assis à regarder les flammes. Il se tortura l’esprit en se remémorant ce qui s’était passé. Il avait perdu Talon. Une chose qu’il aurait crue impossible. À présent, il avait besoin que l’impossible se reproduise. Il devait récupérer Talon.
Afficher en entierLa douleur n'était qu'un effet programmé de plus, distillée à petites doses pour augmenter le plaisir. A vrai dire, il ne pouvaient pas se faire mal dans les Domaines. Ici, en revanche, c'était différent. Comme si la douleur n'avait pas de limite. Comme si la douleur pouvait durer à l'infini."
Afficher en entierQu'est ce que je ne sais pas au juste ?
Il leva la tête vers le ciel nocturne et, tout en évitant son regard, pris une profonde inspiration.
- Certains d'entre nous sont des Elus, ils portent des Marques, expliqua-t-il d'une voix posée. Comme les tatouages sur mes bras. Ces Marques nous désignent comme des personnes dotés d'un Sens dominant. Roar est un Audile. Il peu entendre des bruits
Afficher en entier« – Où suis-je censée aller, maman ? Je ne sais pas où aller…
Elle savait ce que Lumina aurait dit.
« C’est à toi de trouver la réponse, Petit-Merle. »
Aria ferma les yeux.
Elle était capable de trouver une réponse. Elle savait mettre un pied devant l’autre, même quand chaque pas était une souffrance. Et elle savait que le chemin était douloureux, mais aussi incroyablement beau. Elle avait compris tout ça en grimpant sur une terrasse, en regardant dans des yeux verts, et grâce aux plus petits et aux plus laids des cailloux. Oui, elle trouverait la réponse.
Aria se pencha sur le visage de sa mère et entonna l’aria de Tosca, d’une voix à peine audible qui se brisait par moments, mais ça n’avait aucune importance. Elle avait promis à Lumina cette aria… leur aria.
La porte s’ouvrit quand elle eut terminé. Trois Gardiens entrèrent à grandes enjambées.
– Attendez, dit-elle.
Elle n’était pas prête à dire adieu à sa mère. Mais le serait-elle jamais ? »
Afficher en entier- Je serais tout ça si j’étais une Olfile ? Reprit-elle.
- Et même bien plus, souffla Perry. Tu saurais exactement ce dont j’ai envie maintenant.
- Comme ?
- Que tu te rapproches de moi.
Afficher en entierPerry secoua la tête sans cesser de scruter les bois. Puis il mit les mains en porte-voix et hurla :
- Roar !
Aria fut si surprise qu'elle crut que son cœur allait s'arrêter.
- Roar, espèce de vieux salopard ! Je sais que tu es là ! Je te sens d'ici !
Afficher en entier– Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle en regardant la couverture du livre déchirée. Son teint déjà pâle était presque blanc.
– Je te fabrique des chaussures. Il n’y en a pas dans les caisses. Tu ne peux pas voyager pieds nus.
Elle lui tendit prudemment le pied. Perry le plaqua contre la reliure.
– Essaie de ne pas bouger.
Il saisit le couteau de Talon et, de la pointe de la lame, traça le contour de son pied en prenant soin de ne pas effleurer sa peau.
– Tu n’as pas de stylo ?
– J’ai perdu le mien il y a environ cent ans.
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