Extraits

Un pas en avant, le souffle encore court mais apaisé par son charme fou, je retire mes bandes pour mieux déposer les armes et attache mon regard au sien, cherchant à deviner ce qu’elle ressent. D’une voix chargée de regrets, je romps le silence d’un murmure. — J’aurais voulu que ça se passe autrement. Je peux encore te libérer, loin de cette affaire et arrêter les frais. — Je suis déjà libre. Libre de rester. — Si tu restes, tu seras forcément entraînée dans les ténèbres. Bien droite, tenue à cet échafaud sur lequel je sue habituellement sang et eau, elle incline la tête, me détaille comme si elle voulait capturer la moindre expression sur ma figure, avant de reprendre un ton plus bas. — Je n’ai pas peur du noir. Plus depuis que tu es là. Encore un pas. La chambre froide grande ouverte. — Je ne veux pas que ça devienne ton combat. — Pourtant, c’est mon choix.

Et quand on parle du loup, Joris se manifeste justement par texto.

"J'ai réservé une table à l'Hermion, 20h ce soir. J'espère que ça te fait plaisir. Pardon".

Il a ce pouvoir très particulier, celui de me faire trembler en soufflant le chaud et le froid. Un peu comme mon géniteur d'ailleurs. Mais je ne suis plus une gamine effrayée par les pleurs de sa mère, je ne connais que trop bien cette petite musique, la mélodie d'une lune de miel par palier. Un retour tout doux, avec fleurs et champagne, des excuses et des promesses de changement. Ca ne dure qu'un temps, une journée ou deux, avant que ses remarques ne redeviennent agressives, humiliantes. Vient ensuite la valse des insultes, puis une partition jouée à grands coups de claques et de poings. Le cycle ne s'arrête jamais, et ma bouche peut en témoigner.