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La langue française, j'espère l'avoir montré, n'est pas sexiste. Elle est même remarquablement outillée pour respecter l'égalité des sexes - sans doute en raison de la longue période durant laquelle elle s'est formée, quand le rapport de force entre eux était plus équilibré qu'il ne l'est devenu par la suite. En revanche, elle est genrée. Et elle ne connaît que deux genres. Cette limite intrinsèque l'empêche de répondre aux désirs de celles et ceux qui voudraient ne pas être identifié.es comme femme ou homme, ou qui souhaiteraient de la "fluidité" entre les genres. Elle contrarie aussi les rêves des partisan.es de "l'indifférence des sexes", dont je suis.

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Un site qui se croit bienveillant, sans doute, prescrit ainsi :

« Si tentant qu'il soit d'accorder excepté avec le nom qui suit et auquel il se rapporte par le sens, n'écrivez pas "J'ai vu toute cette série, exceptés les deux derniers épisodes". »

Et pourquoi donc ? Pourquoi faudrait-il ne pas se laisser tenter... d'appliquer ce qu'on a appris ? Et pourquoi faut-il au contraire céder à la tentation quand la phrase devient « J'ai vu toute cette série, les deux derniers épisodes exceptés » ? Le plus drôle (si l'on choisit d'en rire) est que la page de ce site s'appelle « excepte-les-garcons-ou-exceptes-les-garcons » (que viennent-ils faire dans cette galère ?). De même, l'une des trois personnes responsables de cette page se désigne comme « auteur-adaptateur, correctrice professionnelle » (belle démonstration des logiques de la langue !). Et le site lui-même s'appelle Projet Voltaire. Pauvre Voltaire ! Que ne lui fait-on porter, lui qui aurait dit : « Clément Marot a ramené deux choses d'Italie, la vérole et l'accord du participe passé. Je pense que c'est le deuxième qui a fait le plus de ravages ! » Revenir sur ces absurdités priverait sans doute de subsides les auteurs des très nombreux livres consacrés aux « difficultés de la langue française ». Mais cela libérerait aussi beaucoup de temps, à l'école, pour des enseignements autrement plus nécessaires. Et cela libérerait aussi les francophones du sentiment « d'insécurité linguistique » si dommageable, pour leur créativité autant que pour la littérature française !

Quant à la formule « Le masculin l'emporte sur le féminin », il est impératif de la mettre au plus tôt au ban de l'école. Inutile linguistiquement, cette règle est désastreuse socialement. Incrustée dans les têtes des enfants, non par de parents illettrés mais par l'école, lieu d'émancipation par le savoir, elle vient en quelque sorte justifier que les hommes dominent les femmes. Dans tous les domaines.

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L'expression sage-femme peut quant à elle s'appliquer aux femmes comme aux hommes, vu qu'elle signifie « personne compétente pour accompagner une femme en couches ». Nul besoin, donc, du mot maïeuticien, que les académiciens des années 1980 ont proposé, pour les seuls hommes (!), quand la profession s'est ouverte à eux.

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À l'heure où les femmes commençaient à entrer dans la cour des grands avec leurs écrits, quoiqu'empêchées d'étudier et de parvenir aux métiers supérieurs, ceux qui voulaient conserver cette manne pour eux ont estimé qu'il fallait batailler aussi sur le terrain du langage. Aujourd'hui que le plupart des empêchements légaux garantissant la suprématie masculine sont tombés, c'est sûr ce terrain qu'ils continuent de ferrailler, comme si la domination du masculin sur le féminin en grammaire (prétendument sans rapport avec celle des hommes sur les femmes dans la société) constituait le dernier rempart derrière lequel ils pouvaient se protéger de l'égalité.

Il nous revient donc de démanteler cette entreprise — à l'égale des autres.

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On a vu que Maupas expliquait comment « les noms en eur [...] font leur féminin ». Quelques lignes plus haut, il avait commencé son propos en affirmant que « plusieurs substantifs masculins en font sortir d'eux autres féminins ». L'idée se radicalise ensuite, pour aboutir à des chapitres entiers dédiés à la « formation des féminins », toujours donnés comme issus de mots masculins.

Il n'y a pourtant pas de raison de supputer que le boulanger préexiste davantage à la boulangère que le père et la mère — surtout dans des sociétés où la plupart des activités professionnelles étaient familiales. En revanche, il y a de bonnes raisons de penser qu'on est là en présence d'un vieux rêve : celui d'Ève naissant de la côte d'Adam, traduction du désir masculin d'engendrer (désir qui pourrait bien sous-tendre aussi la volonté de supprimer les noms féminins dénotant les activités créatrices — autrice, compositrice, sculptrice, peintresse...).

Les idées glissées ici sous couvert de description scientifique sont éminemment dispensatrices de messages subliminaux. Elles suggèrent la prééminence absolue du masculin, sa puissance, son indépendance, parallèlement à la dépendance du féminin, à son impuissance, à sa contingence.

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Ils [les académiciens] légifèrent aussi avec succès sur le mot sphinx, au terme d'une discussion surement très amusante :

« La question n'a pas été trouvée sans difficulté ; on a apporté entre autres raisons, pour le faire féminin, qu'il était de ce genre-là dans les langues grecque et latine, et que ce monstre avait un visage de femme. Néanmoins, il a passé à la pluralité des voix qu'il était masculin. »

Les anciens féminins art, comté, duché, évêché, archevêché, honneur, poison, serpent... subiront, avec d'autres, ce même sort.

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« Si l'on ne dit pas une femme autrice, c'est qu'une femme qui fait un livre est une femme extraordinaire ; mais il est dans l'ordre qu'une femme aime les spectacles, la poésie, etc. comme il est dans l'ordre qu'elle soit spectatrice. »

D'ailleurs, poursuit Mercier, « amatrice vient du latin amatrix, et de l'italien amatrice ». C'est tout dire... sauf que c'est aussi le cas d'autrice ! Ajoutons que les ennemis de l'amatrice se gaussent cette fois de la confusion possible avec la matrice.

Que l'affaire soit politique et non linguistique, c'est ce que confirme à la même époque Sylvain Maréchal. Dans son Projet d'une loi portant défense d'apprendre à lire aux femmes (1801), ce militant politique et poète dépasse d'une bonne coudée ses contemporains :

« Pas plus que la langue française, la raison ne veut qu'une femme soit auteur. Ce titre, sous toutes ses acceptions, est le propre de l'homme seul. »

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Quant à l'alternance des deux types de rimes, peu à peu théorisée comme nécessaire dans la belle poésie, elle constitue une autre déclinaison de cet anthropomorphisme : en l'occurrence, elle traduit l'idéal hétérosexuel des rapports humains. Un idéal qui peut toutefois n'avoir rien de rigide. Ainsi Ronsard préconise-t-il de varier les longueurs de vers.

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Les théoriciens mettent au point les notions de « rimes féminines » et de « rimes masculines », qui n'ont rien à voir avec le genre des mots placés en fin de vers, mais avec les connotations que leur sonorité induit dans des esprits façonnés par le genre : les premières reposent sur des mots terminés par un e non accentué (visage, histoire, leste, évoque...), les secondes sur tous les autres mots (main, pied, chantant, prions...). Le français ayant développé beaucoup de termes ou de formes verbales relevant du premier lot, et une grande partie des substantifs concernés relevant du genre féminin (parce que généralement issus de la première déclinaison latine, rosa, rosam), ces terminaisons sont ressenties comme plus « douces » que les autres, et assimilées aux femmes ; tandis que les sons « durs » sont assimilés aux hommes, le tout par métonymie avec les qualités que les intellectuels veulent voir attachées aux unes et aux autres. Du coup, on a nommé e féminin le e non accentué, et e masculin le e correspondant au son é — qu'on se met parallèlement à doter d'un accent (tant il est vrai, sans doute, que l'homme se caractérise par un petit quelque chose en plus, qui monte quand il est dur).

Ces équivalences imaginaires s'accompagnent de réflexions sur la valeur respective de ces sons, réflexions où la misogynie transparaît fréquemment. Ainsi a-t-on vite opposé le « demi-son » du e féminin au « son plein » du e masculin, mais aussi la « mollesse » de l'un à la « force » de l'autre. Et l'on n'a pas toujours évité de pester contre ce e féminin — « aussi fâcheux à gouverner qu'une femme », écrit Thomas Sébillet en 1548 (68) — en raison des difficultés qu'il induisait dans le décompte des syllabes.

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Féminiser la langue ? Non, mettre un terme à sa masculinisation.

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